Virus, tome 1: Mortel

Chapitre 4

Jack

J'imagine d'ici son cœur qui bat à tout rompre.

« Je suis ici à cause de la trahison d'une amie. »

Malgré le fait qu'elle ne m'ait donné aucune précision, elle laisse place au doute dans mon esprit. Mais la compassion et l'empathie prennent soudain le dessus. Sa voix s'est presque brisée lorsqu'elle a avoué la perfidie dont elle a été victime.

Je ne sais pas quoi répliquer à l'intruse. Le protocole de la Communauté exige que lorsque nous subissons une infraction du domicile, il soit impératif de prendre contact avec la garde dans la seconde. Mais j'ai le cœur trop lourd devant cette jeune fille qui a l'air perdue et regarde autour d'elle comme si elle tentait de se remémorer des souvenirs. Un voile de chagrin couvre ses yeux.

Mais la compassion ne va pas m'éclairer sur son atterrissage mystérieux dans ma chambre. Elle-même est énigmatique et semble si irréelle avec ses yeux translucides, tellement pâles, qui me scrutent, implorant mon aide.

—S'il te plait... N'appelle pas la garde. Je n'ai rien fait de mal et je ne compte pas le faire. Jamais je n'ai voulu me retrouver ici, supplie-t-elle d'une petite voix.

Je jette un œil à ma montre qui affiche 21 :56.

Il est tard et, si la garde vient maintenant, je devrai répondre à toutes leurs questions en détail et je ne serai pas près de ressortir de leurs bureaux avant au moins deux bonnes heures, voire plus. Et avec ma première journée de travail qui débute demain, je n'ai pas d'autre choix que de faire le plein d'énergie durant une longue nuit de sommeil. Il me faut également être fin prêt à retourner à l'hôpital, même si on m'en éjecte une nouvelle fois.

—Donne-moi ton nom.

Elle fait mine de peser le pour et le contre. Comme si elle était en position de négocier.

—Heather, soupire-t-elle, vaincue, ayant pris conscience du fait qu'elle n'a pas le choix.

—Ton nom complet, je rectifie.

Ses sourcils s'abaissent de quelques millimètres.

—Heather, c'est tout.

Je roule des paupières.

—Et ton nom de famille ?

—Je n'en ai pas.

Je pousse un soupir exaspéré. Je la conduirai à la garde demain.

—Tant pis, ça fera l'affaire.

Décidé, j'active une application de ma montre digitale et lui attrape la main pour la contraindre à avancer. Je ne compte pas la remettre à la garde dans cet état.

L'image de ma sœur, seule dans ce grand hôpital, m'écœure. Et si cette fille était exilée ? Peut-être est-elle victime d'une maladie la privant de sa mémoire ? Sinon comment expliquer qu'elle ne sache même pas ce qu'est la monnaie mondiale ? Elle a sûrement une famille qui espère la revoir, comme j'espère voir reparaître mon père.

Mais si elle se dévoile être dangereuse, je n'ai pas d'autre choix, il me faut garder dans la base de données de ma montre la trace de son existence. Si jamais elle m'attaquait, le contenu de ma montre et toutes les applications personnelles seraient envoyés aux Privilégiés qui pourraient l'accuser via cette preuve irréfutable. Je risque tout de même gros si jamais elle se révélait être une exilée... Mais certainement pas l'exil à mon tour.

Mon regard s'attarde encore un instant sur elle. Je ne cours de toute évidence aucun risque de sa part. Elle est si menue et chétive.

—Pose ton doigt.