4. Juste un sourire

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Nouvelle spéciale Noël.

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Les flocons tombaient déjà depuis plusieurs semaines dans le petit village illuminé au moment où le jour se leva, annonçant l'arrivée du 25 décembre.

Des cris de joie retentirent et la plupart des enfants s'étaient précipités dehors pour pouvoir jouer dans la neige fraîche et épaisse. Les parents, eux, en étaient encore à petit-déjeuner, leurs yeux fixés sur la vitre, un sourire aux lèvres devant les étincelles de bonheur qui dansaient dans les pupilles de leurs enfants.

Les guirlandes lumineuses parcouraient les balcons, les toits, et de nombreux lampadaires avaient été décorés, faisant planer une ambiance chaleureuse et conviviale, comme si la musique de Noël flottait dans l'air. Les routes déneigées se retrouvaient maintenant recouvertes d'un drap blanc tandis que la plupart des arbres, nus, étaient violemment secoués par le vent.

— Ernest ! Peux-tu descendre, chéri ?

La mère de famille retourna la dernière crêpe après avoir jeté un regard étonné à la grande horloge qui prenait presque toute la place sur le mur.

— C'est bizarre... Il ne dort pas aussi longtemps d'habitude, marmonna-t-elle.

Des pas se firent alors entendre dans les escaliers et un petit garçon apparut, les cheveux roux ébouriffés et le visage constellé de taches de rousseur. Son pyjama bleu foncé représentait Mickey déguisé en Père Noël, un Merry Christmas ! noté dans la bulle placée à côté du personnage.

L'enfant s'installa à la table sans même embrasser sa mère et commença à tartiner une crêpe de chocolat fondu.

— Tu ne me dis même pas bonjour ?

Sa génitrice plaça ses mains sur ses hanches, déçue du comportement de son fils.

— B'jour, lança-t-il simplement en dévorant son petit-déjeuner.

Merry Christmas, boy ! s'exclama une voix grave et joyeuse.

M. Trevor arriva dans la pièce en sifflant un air gai, puis embrassa sa femme, sa main passant dans ses cheveux emmêlés par le sommeil, aussi roux que ceux d'Ernest.

And Merry Christmas, love.

La rousse pouffa et reprit un air sérieux en montrant discrètement de la tête le visage presque décomposé de leur fils. Que lui arrivait-il ? Le père décida de réagir et s'approcha du garçon en imitant le Père Noël.

— Oh, oh, oh ! Ernest, mon vieil ami. Que dirais-tu d'aller faire de la luge dans le jardin ? Ce sera très amusant, ajouta-t-il, ne voyant aucune réaction et perdant petit à petit la voix plutôt comique du célèbre héros rouge et blanc.

— Super, papa. Bon, j'vais mettre mes habits...

Ernest se leva lentement, courbé, comme si un lourd fardeau reposait sur ses frêles épaules. Il grimpa les marches en bois pesamment, les yeux dans le vague.

— Chéri... ?

La femme faillit fondre en larmes. Elle détestait voir des personnes souffrir, alors quand cette personne était son fils, elle avait toujours l'impression que c'était de sa faute.

— Rodolphe, qu'est-ce qu'on a fait de mal ? sanglota-t-elle.

Le dénommé Rodolphe enlaça son épouse avec tendresse, secouant la tête en signe de dénégation.

— Je ne sais pas, Sophia, je ne sais pas.

Dehors, la musique semblait s'être arrêtée, remplacée par le silence lourd et pesant qui avait pris place dans le cœur des deux parents.

Dans ma tête | RECUEILOù les histoires vivent. Découvrez maintenant