Chapitre • V I

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Il n'y avait plus beaucoup de temps. Il le savait bien, car il l'avait déjà expérimenté auparavant, et il connaissait le nombre exact de secondes qui lui restaient, par essais et erreurs, pour s'assurer que ce n'était pas la fin pour la jeune femme. Que ce ne soit pas la chose qui la tuerait, que Maëlys ne soit pas vidée de son sang.

Une entaille dans le bas ventre de la jeune femme tâchait de sa couleur pourpre, le tissu maintenant imbibé. À la base une simple égratignure un peu profonde, mais qui s'aggravait. Elle pensait qu'elle pouvait abattre des nobles de haute vie sans conséquences simplement parce qu'elle était libre de choix et un peu trop sûre d'elle-même pour son bien.

N'ayant que très peu de ces secondes,  il devait les utiliser avec sagesse pour rassembler les bandes de tissus contre son bas ventre et les tenir fermement sur la plaie, la compressant de son mieux à fin d'arrêter l'écoulement. De long en large, la plaie assez imposante et calma ses effluves sanguines. Malgré sa perte conséquente de liquide, un souffle douloureux, elle était toujours là. Cette âme appartenait encore à son corps.

Ce n'était pas son heure, Joz refusa. Un refus catégorique, il pouvait résoudre ce problème. Il allait la recoudre et arranger ça.  

Des larmes. Elle connaissait cette sensation familière, cette chaleur au-delà des mots qui lui brûlait et des mains lourdes qui tenaient sur son ventre des bandages comme si elles ne l'abandonneraient jamais et qu'elle ne pouvait pas simplement  partir.

Comment pourrait-elle? Elle le savait malgré ses yeux clos. Une plaie apparente, du sang et un homme Joz tentant de la sortir de ce guet apens.

D'une respiration calme, elle se laissa bercer et porter par l'harmonie mélodieuse des vagues contre la coque et partit simplement. Ce moment ressemblait drôlement à celui de son adolescence. A ce jour noir qu'elle avait du vivre.

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Les dernières lueurs émanant du soleil entourait Maëlys, au moment où elle regarda ses mains. La pluie avait rendu le sang rose et à l'instant, où elle trébucha et que ses mains atterrirent sur le sol boueux, toutes traces de ses péchés disparurent. Elle pencha la tête laissant ainsi la pluie glaciale calmer l'adrénaline qui parcourait ses veines, se diluer. Elle pensa à sa jeune sœur, Amélys. Il y avait des nuits comme celle-là où elle détestait avoir ces gènes en elle. Celle de son père.

Les assaillants étaient partis. Ils avaient crucifié, laissant derrière eux le corps de leur compagnon qui était tombé. Maëlys était seule. Elle avait été envoyé en mission de surveillance, cela ne nécessitait généralement qu'un seul homme. Cependant, lors de celle-ci, elle avait eu la malchance d'avoir été découverte. Elle était trempé jusqu'aux os, frissonnant et quand elle réalisa qu'elle ne pouvait plus se lever.

Sa cuisse était en train de la tuer. Elle devait certainement être en miettes. Elle était tout simplement trop épuisée.

Jetant un rapide coup d'œil aux alentours, forçant son cerveau à se souvenir où elle était.

Peut-être y avait-il une maison près d'ici. Elle lui serait ainsi possible d'utiliser leur cheminée. Elle ne pouvait certainement pas rester toute la nuit dehors, sous cette pluie. Elle allait attraper la mort.

C'est alors qu'une quête de recherche d'un foyer commença. Malgré tout le mal qu'elle s'était donnée pour se lever, elle finit  par retomber face contre terre. Mais, ne s'avouant pas vaincu, elle continua ce cycle incessant jusqu'à une une falaise où un cerisier fleuri propageait ses pétales roses. Là, elle s'appuya contre son tronc, respirant tant bien que mal et observa malgré la pluie dense le paysage sous ses yeux. Des champs higanbana en pleines éclosion. Sous sa couleur sanguine, elle ferma les yeux et retomba dans son sommeil.

Primal Rage [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant