12 - Un temps pour elle

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Tristan se tournait et se retournait dans son lit, encore et encore. Il soupira, exaspéré et fatigué. Il ne pouvait s'ôter la vision des larmes d'Ornella, et cette affreuse sensation de lui être si peu utile. Chaque nuit, il essayait de trouver un remède à ses insomnies, il réfléchissait à ce qu'il fallait faire pour aider Ornella et, égoïstement, à comment se racheter d'avoir été si peu attentif.


Alors que mon aveuglement passé m'embrase


Il envoyait régulièrement des messages à son amie, tous les matins, et tous les soirs, et à tous les intercours. Elle lui répondait toujours, mais maintenant il voyait une différence dans ses réponses ; une légère retenue, empreinte de fausse joie.

Puis, Tristan trouva enfin une idée. Peut-être n'était-elle pas la meilleure, mais il se devait d'essayer.

Un vendredi soir après les cours où il finissait tôt, il entreprit d'attendre Ornella sur le trajet qui la menait jusqu'à chez elle. Dans un premier temps, il avait pensé l'attendre devant son lycée, mais il avait peur qu'elle puisse en être embarrassée, ou même que les autres élèves la jugent étrangement après cela.

Quand il lui annonça qu'il souhaitait rattraper les rendez-vous qu'ils avaient manqués dernièrement, elle ne s'opposa à son dessein et le suivit sans rien dire, certes un peu sceptique.

Durant le trajet qu'ils firent jusqu'à la bordure du fleuve, Tristan essaya de jouer le rôle qu'Ornella avait endossé dès leurs premières rencontres ; il ne devait plus que recevoir, il devait aussi donner. Une fois sur les berges, il lui proposa d'essayer les différents cafés éparpillés tout au long des rues commerçantes du centre-ville et du marché de Noël. Ainsi, elle pourrait décider lequel préparait le meilleur thé à la vanille.

Son stratagème commençait à fonctionner, car Ornella ne put retenir un petit rire devant cette proposition – qu'elle trouvait quelque peu surprenante. Toutefois, elle ne dit pas non à cette expérience tous frais payés et se faufila joyeusement vers le premier stand de boissons chaudes du marché. Tristan devait faire attention à ne pas la perdre dans la foule qui augmentait au fil de la soirée.

Lorsqu'ils entendirent le clocher l'église sonner vingt heures, ils envisagèrent de trouver une table dans un petit restaurant, près de la grande place. Ils jetèrent leur dévolu sur une enseigne proposant des spécialités italiennes, cuisine qu'ils aimaient bien tous les deux. Ornella prit des pâtes au saumon, tandis que Tristan en profita pour goûter un risotto pepperoni et poivrons. En dessert, ils commandèrent des panettone, accompagnés d'un chocolat chaud à la viennoise.

Après le repas, les deux adolescents restèrent un peu à table pour bavarder, dans un endroit douillet. Dans cette atmosphère chaleureuse, la langue de Tristan se délia enfin et il osa se dévoiler à son amie, bien qu'il restât sur des confidences générales. Il perçut qu'Ornella saisissait la singularité de ces instants, car elle avait un air plus attentif, moins tête en l'air. Cette soirée devait être pour Ornella, et non pour lui. Mais il eut un moment d'égoïsme, car cette marque d'attention de la part de son amie le ravissait.


Ils ne ressortirent du restaurant que deux heures plus tard, alors que le ciel s'était paré de son beau manteau noir constellé d'étoiles. Il y avait moins de visiteurs arpentant le marché de Noël et Ornella et Tristan purent aisément vagabonder dans les allées, tout en admirant certains présentoirs de stands. Après cela, Tristan emmena son amie au bord du fleuve, où ils s'assirent sur un banc. La lumière des lampadaires disposés à intervalles réguliers se reflétait dans le cours d'eau.

Là, silencieux, ils admirèrent la voûte céleste. Le jeune homme ressentait de la sérénité – un début. Il se souvenait aussi de l'instant au festival des étoiles, en août, où il s'était senti éternel. Ce moment n'était pas aussi puissant qu'à cette occasion mais s'en rapprochait.

Dans cette quiétude de la nuit, il commença à pleuvoir. Les gouttes scintillaient.

Ornella se leva – son écharpa tomba, que Tristan rattrapa –, tendit les mains pour recueillir ces gouttes.

C'était les premières neiges de l'année.

Cette précocité annonçait un hiver froid. Mais le spectacle se révélait tellement beau, d'autant plus après cette soirée captivante, que les deux amis ne firent pas attention à cette prédiction.

 Mais le spectacle se révélait tellement beau, d'autant plus après cette soirée captivante, que les deux amis ne firent pas attention à cette prédiction

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(Niveau subtilité on aurait vu mieux.)(Mais en vrai ça serait pas si "froid" que ça.)

(CC2018) Chaque année le printemps revient [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant