Le quotidien d'Ornella et Tristan se remplissait à nouveau d'échanges animés, de confidences et de rires. Ils essayaient de se voir le plus possible pour rattraper les trois mois perdus, mais aussi pour profiter de leurs retrouvailles – et des beaux jours de printemps qui revenaient. Le parc du château, qui se révélait être aussi le parc municipal, accueillait leurs rendez-vous, parfois quotidiens selon les semaines.
Lors de ces promenades, l'adolescente repensait au jeune homme qui était venu la retrouver lors du festival des étoiles, tout intimidé et angoissé face à la foule. Dix mois plus tard, il marchait à ses côtés dans les allées du parc, au milieu de familles ou de groupes divers, visiblement heureux du moment – à moins que le sourire qu'il affichait lui soit destiné, exclusivement pour elle.
Un jeudi après-midi, au début du mois de mai, Ornella et Tristan n'ayant pas cours, ils décidèrent de se rendre au parc. Comme ils comptaient y prendre aussi une collation, ils préparèrent donc un petit sac avec quelques boissons et gâteaux. Habitués, ils empruntèrent les mêmes allées, tout en redécouvrant néanmoins à chaque visite un élément du paysage qui les émerveillait.
Aux abords du château, les deux amis remarquèrent une classe de primaire, dont les élèves s'étaient séparés en groupe. Ils n'y firent pas plus attention que cela et continuèrent leur promenade. Toutefois, alors qu'ils repartaient pour s'éloigner du château, un élève bouscula Tristan, et fit tomber en même temps son goûter. L'enfant s'excusa en marmonnant, plus préoccupé par son quatre-heures perdu.
Avant qu'Ornella n'ait le temps de réagir, son ami sortit immédiatement deux ou trois gâteaux du sac qu'ils avaient emporté et le donna à l'enfant. Ce dernier ne comprit pas tout de suite le geste de l'adolescent, puis un large sourire apparut sur son visage. Il remercia Tristan et repartit en courant vers ses amis, sans prêter plus d'attention aux autres promeneurs.
« Oh, c'est gentil ce que t'as fait. T'es généreux. » s'exclama Ornella.
Qui aperçut immédiatement Tristan se raidir et perdre son sourire.
« Arrête de dire des bêtises, murmura-t-il entre les dents.
— Quoi ?
— Je mérite pas ce que t'as dit. »
Ah, non ! Il recommençait !
Ce n'était pas la première fois qu'Ornella le complimentait, et à chaque fois il faisait la même comédie.
« Mais pourquoi tu réagis toujours comme ça, quand on te fait un compliment ? » gronda Ornella.
Tristan ouvrit la bouche pour répondre.
Mais, restent les ultimes hésitations,
Il ne trouva aucune explication à fournir.
Car il ne se connaissait pas. Il ne connaissait pas ses qualités, les passions qui pouvaient le définir – seulement ses défauts, et encore, il devait en exagérer ou en inventer certains. Non, il avait été trop occupé à se morfondre sur son sort pour se consacrer à ce qu'il aimait vraiment ; si on lui avait demandé, là, tout de suite, de se présenter, il n'aurait su quoi répondre. Alors, oui, pourquoi rejetait-il immédiatement les compliments faits à son égard, alors que cela pouvait justement l'aider dans sa reconstruction ?
En fait, si, il connaissait l'explication mais n'osait l'énoncer à haute voix : sa sœur. C'était à cause de sa sœur, sa sœur qui l'avait toujours rabaissé. À force d'entendre toutes ses remarques, il avait fini par y croire. Et en contrepartie, avait-il reçu des félicitations ? De ses parents, bien sûr, mais Tristan ne pouvait s'empêcher – à tort – de penser qu'ils le faisaient plus par devoir que par sincérité. Trop effacé en cours, aucun professeur ne le remarquait, ne venait se pencher au-dessus de lui pour vérifier son travail, ne lui accordait une parole – toutes les appréciations sur ses bulletins se résumaient en « Bon travail, faites un effort à l'oral ».
Tristan se laissa choir sur le banc qui se trouvait à proximité, ses épaules s'affaissèrent, accablées par le poids des mensonges que sa sœur avait distillés, savamment, vicieusement, tout au long de son enfance et de son adolescence. Il ferma les yeux, sur le point une nouvelle fois de craquer, comme la migraine qui lui vrillait la tête depuis quelques instants. Pourtant, il ne pleura pas, pas cette fois. Car il sentait la présence de son amie à côté, avec son aura chaleureuse et apaisante.
Ornella ne disait rien, sachant par expérience que c'était mieux ainsi. Elle se pencha seulement vers lui et lui déposa un rapide baiser sur la joue, avant de s'asseoir à ses côtés, de lui prendre la main et de poser sa tête sur son épaule. Elle désirait juste lui faire comprendre qu'il n'était plus seul pour affronter ses peines.
Merci, merci d'être là, merci pour tout. Et désolé de ne pas avoir été là, moi, quand tu en avais le plus besoin – mais à présent et pour toujours je le serai.
Les mots ne franchirent pas les lèvres de Tristan. Il ne leur était pas nécessaire de parler pour deviner ces pensées, chose que leur dispute et leur longue séparation leur avaient appris.
Partant en vacances ce matin, je ne suis pas sûre de pouvoir poster les 3 derniers chapitres aussi "tôt" que d'habitude, ni même d'être très présente pour répondre à tous les commentaires. De même, jeudi et vendredi ont été deux journées assez longues et éprouvantes pour moi, je m'excuse de ne pas avoir (encore) répondu à vos messages T_T Je me repose et je me rattrape ❤️ (vos commentaires vont tellement me manquer après le CC 😭 ❤️)
(Mon amie m'a offert un fabuleux cadeau lié à ce CC, j'en reste encore sans voix, et voilà, je voulais juste vous partager mon émotion ❤️❤️❤️❤️)
VOUS LISEZ
(CC2018) Chaque année le printemps revient [TERMINÉE]
Romansa- Où le héros est triste et rencontre une fille Tristan est seul, peut-être triste, peut-être rêveur. Peut-être suffirait-il d'une rencontre. D'une rencontre avec Ornella. Photo credit: - Silver Charm ; Baris ; Trajan Pro - TOMOKO...