Je hais l'hiver. Le froid, la neige, les journées qui semblent ne durer que quelques heures. Je hais tout ça. Cette saison représente tous les malheurs qui me sont arrivée dans la vie. C'est un soir d'hiver où la neige n'a cessé de tomber que mes parents sont morts. C'est aussi lors de l'hiver le plus froid que ma très chère tante, celle qui m'a recueillie à la mort de mes parents, a décidé de me tuer en m'abandonnant dans la forêt. Et ce que je hais le plus en hiver, c'est le réveil de cette maudite malédiction. Elle ne se réveille qu'en hiver pour une raison que j'ignore.
La malédiction. C'est comme ça que j'appelle cette chose qui prend possession de mon corps et qui me meurtrit un peu plus à chaque fois. Elle est là depuis très longtemps. Je ne saurais vous dire si cela remonte à ma naissance ou bien après. Tout ce que je sais, c'est qu'elle est en train de me tuer à petit feu.
Malgré ce temps orageux, je dois me présenter en cours. Autant vous dire que le lycée ne participe pas à ma joie de vivre. Au contraire. Je fais partie de ceux qu'on ne remarque pas jusqu'au jour où Betty, la reine du lycée, a décidé de vous donner votre quart d'heure de gloire. Et cette semaine, c'est moi qui est sous la lumière des projecteurs et croyez-moi je pouvais m'en passer.
J'essaie d'atteindre le plus vite et le plus discrètement possible ma salle de classe. Par chance, Betty n'est pas dans les parages. J'entre dans la salle de classe et m'installe dans le fond, là où on ne me voit pas. Je crois que je vais pouvoir survivre à ma première heure. J'enfile mes écouteurs et commence à gribouiller dans mon carnet.
Quand je crois être sauve, je sens qu'on me donne un coup de pied. Je ne réagis pas. Soudain on me pousse ce qui m'oblige à porter mon attention sur mon harceleur. Mes yeux se posent sur une tignasse de lionne rousse qui cache un visage de porcelaine. Betty. Toujours accompagnée de ses acolytes blondes. Mon quart d'heure de gloire est arrivé.
- Eh bien Morticia. On ne dit pas bonjour ?
- Salut, chuchoté-je.
- Qu'est-ce que tu nous dessines là, demande Betty en prenant mon carnet.
- Rends-le moi, Betty.
- Encore tes trucs sataniques ?
- Rends-le moi, dis-je avec un peu d'assurance.
- Et tu vas faire quoi ? Me jeter un sort, se moque t-elle.
Autour de nous, ces chiots rigolent à sa remarque comme des hyènes.
Soudain, je sens la chair de poule monter au niveau de ma nuque qui devient raide et mes muscles se contractent. Je masse ma nuque dans un geste maladroit.
- S'il te plaît, Betty...
- Tu me supplies, maintenant ?
Encore des rires qui retentissent. Mon sang commence à me monter aux tympans. Mon rythme cardiaque ne fait qu'accélérer. Je commence à avoir des sueurs froides. Tout doucement, je sens une forme d'assurance prendre possession de chaque cellule de mon corps. Elle est là. Il faut que je sorte d'ici et vite.
Je me lève en manquant de reverser ma chaise et me dirige vers la porte.
Énervée, Betty me tire sur l'épaule pour que je lui fasse face.
-Où tu crois partir comme ça ?
Sans aucun contrôle, je me retourne à grande vitesse et lui saisis le visage. Je l'attire au plus près du moins dans un geste autoritaire pour lui chuchoter quelques mots.

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Fourre-tout
Historia CortaCeci est un recueil de différentes scènes qui me passent par la tête. Elles sont toute indépendantes (de ma volonté).