Je n'ai plus goût à rien. Je n'ai plus d'inspiration. Je ne mange plus. Je m'écroule de sommeil sur mon boulot. Je me sens mal chaque fois que Bob me parle.
Et je vais devoir passer un week-end entier avec lui.
Mahyar, Bob, Krayn, Fred et Seb ne m...
J'étais perdu dans mes rêveries quand je remarquai que tout le monde me regardait fixement. - Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je en sentant la chaleur nauséeuse revenir à l'assaut sous le regard pétillant de Bob. - On se disait que c'était une soirée parfaite pour faire un petit jeu de rôle improvisé, me répondit Krayn. Ça te dit d'être le MJ ? Sa demande me prit de court. Je réfléchis quelques minutes sans trouver la moindre idée de sénario. - Je suis désolé, mais je suis fatigué. Le trajet a été long. Je pus voir la lueur de déception dans leurs yeux. Je m'en voulais de leur mentir mais je n'arrivais pas à leur dire quoi que ce soit.
Fred se leva et déclara que Sorina les attendaient pour souper. Krayn et lui partirent donc rapidement et Seb prépara un gâteau au fromage pour le repas du soir.
Nous nous installâmes à table. Je tentai de manger un morceau. Mais la chaleur nauséeuse me tordait tellement l'estomac que je ne pus manger qu'un morceau avant d'avoir une très forte envie de vomir. En face de moi, Bob mangeait sa part avec entrain. Je jouai un peu avec la fourchette mais en ne tentant plus de manger quoi que ce soit. Les deux autres remarquèrent mon petit manège. - Tu n'aimes pas ? me demanda Seb. - Non, m'empressai-je de répondre. C'est juste que... j'ai pas... faim. Je baissai les yeux sur mon assiette. Je les vis échanger un regard inquiet. - Tout va bien ? me questionna Bob. - Oui... Le silence pesa un moment. Seb le rompit : - J'ai qu'une chambre d'ami. Avec un lit double. Je m'empressai de dire : - Je peux dormir sur le canapé. - Non ! Tu vas te faire mal au dos ! On peut dormir ensemble ! s'exclama Bob. Seb acquiesça. J'étais pris au piège. Je ne pouvais pas refuser. J'inspirai profondément pour tenter de calmer mes débuts de tremblements. Je chuchotai un petit ok avant de sortir rapidement de table.
Je me dirigeai dans la chambre. Au fur et à mesure des pas, la chaleur nauséeuse augmentait. Les tremblements reprirent de plus belle. J'entrai dans la chambre, fermai la porte et me changeai. Je me couchai sur le lit en tournant le dos à la porte et en étant le plus au bord possible.
J'attendis un certain temps. J'essayais de m'endormir mais j'abandonnai cette idée rapidement. J'étais beaucoup trop mal pour pouvoir dormir. Je me concentrai alors sur ma respiration pour tenter de rester plus ou moins calme. Je n'arrêtais pas de triturer l'oreille de mon nounours que j'avais emporté.
J'entendis la porte s'ouvrir et se fermer. Le lit s'affaissa sous le poids de quelqu'un. Il s'affaira un moment avec la couverture puis j'entendis Bob chuchoter : - Bonne nuit Mahyar. Mon cœur se mit à cogner dans ma poitrine et la chaleur nauséeuse revint me tenailler. Je serrai mon ours en peluche le plus fort possible. Il fallait que je me calme. Je restai dans cet état un long moment avant d'entendre la respiration calme et régulière de Bob. Il dormait enfin.
Je saisis mon couteau sur ma table de nuit. Je l'appuyai sur mon poignet et le fis glisser. Mais j'étais dans un tel état que la lame m'entailla plus profondément que je l'aurais souhaiter. La douleur subséquente fit couler une petite larme sur ma joue. Je ne pouvais pas rester comme ça, le sang coulait trop fortement.
Je me levai discrètement. Je pris mon couteau, ma couverture et mon ours en peluche. Je sortis de la chambre sur la pointe des pieds. J'allai à la salle de bain. Je posai ma couverture et mon ours dans un coin et je me tins au dessus du lavabo. La dernière entaille que j'avais faite était pleine de sang. Je la rinçai à l'eau froide. Puis je déchirai un morceau de mon pyjama pour me faire un bandage, car j'avais trop peur de déranger Seb. Ça tiendra.
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Durant cette opération, j'évitai de regarder le miroir. Mais mon regard ne put s'empêcher de regarder la glace. Ma peau était pâle. Elle contrastait avec le noir terne de mes dreads. Mes yeux couleur charbon étaient cernés. Mon visage s'était amaigri depuis la dernière fois que je m'étais regardé dans un miroir.
Une fois cela fait, je m'assis sur le canapé au salon. Je n'avais pas l'intention de dormir mais la fatigue me rattrapa. Je m'écroulai sur le sofa en serrant mon nounours.
