Chapitre 8.

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Plusieurs jours passèrent depuis ce soir-là et ils ne s'étaient pas reparlés. Comme si le baiser qu'il lui avait donné avait remis les compteurs à zéro. À vrai dire, chacun espérait que l'autre envoie un message. Mais comme ce n'était pas le cas, ils se remettaient à vivre leur vie d'avant leur rencontre. Sarah était désormais stagiaire et bien que cet emploi était compliqué et ne lui accordait aucune reconnaissance, elle s'y plaisait bien. Pour Oscar, rien n'avait changé, il travaillait toujours en tant que serveur, toujours dans le même café. Le temps n'avait rien fait. Ils se remirent tous les deux à vivre ici-et-là, comme si les semaines qui venaient de s'écouler n'étaient que brume. Et malheureusement la brume était en train de se dissiper.

Il était huit heures du matin. Sarah était déjà au bureau, attendant son maître de stage. Elle mettait un point d'ordre à arriver chaque jour en avance et arrivait parfois une heure avant son maître de stage. Cette dernière arriva enfin et donna la liste des choses à effectuer durant la matinée. Le liste semblait interminable et aucune des corvées, car il était certain que ces tâches étaient des corvées poids qu'autre chose, n'avait de traitre rapport avec le métier qu'elle souhaitait exercer. Photocopies, traitement de texte, triage des documents sans grands intérêts, on aurait plus dit qu'elle cherchait à occuper Sarah plutôt que de lui enseigner le métier.

Oscar, comme à son habitude, servait des commandes et le temps lui semblait inlassablement long. Depuis ce soir là, tout semblait être retombé. Il n'osait pas en parler, il avait peur que ça ne lui ait pas plus, qu'elle regrettait ce baiser ou je ne sais quoi. Il était constamment déconcentré, son esprit était habité par son visage. Et il ne pouvait passer plus de temps sans la voir ou du moins sans lui parler. Il attendit sa pause et envoya un simple message demandant si ils pouvaient discuter. Il ne voulait pas forcément reparler de cette soirée juste lui parler. Il ne s'attendait pas forcément à une réponse immédiate ou à une réponse positive mais qui ne tente rien n'à rien après tout ?

Sarah s'assit un instant. La journée n'était même pas à sa moitié qu'elle n'en pouvait déjà plus. Tout ceci était très éprouvant pour elle, elle n'arrêtait pas de courir partout. Elle souffla et attrapa son téléphone, qui était posé sur son bureau. Elle alluma ce dernier et regarda ses récentes notifications. Un nom apparu alors, celui d'Oscar. Elle sourit alors, depuis cet étrange soir, il n'avait pas reparlé et elle était heureuse de voir qu'il avait pris les devants. Elle ouvrit son message et commença à taper une réponse. Elle avait hésité avant de lui répondre. Peut-être que tout ceci allait trop vite, c'est vrai, cela faisait seulement un petit mois qu'ils se connaissaient et pourtant, on avait l'impression qu'ils se fréquentaient depuis des années. Mais peu importe, au grand diable sa mère, les principes et tout le reste. Pour une fois, elle se laisserait porter. Peu importe là où ça la mènerait, peu importe la nature de leur relation, elle l'aimait bien. Alors elle répondit à l'affirmative au message du jeune artiste et proposa de se revoir le soir même, chez elle. C'est vrai que ça peut paraître insistant d'inviter quelqu'un chez soi, surtout dans leur cas mais comme je l'ai dit précédemment, au grand diable les principes.

C'est au moment où il reprit son service qu'il reçut un message. Ce même message lui proposait de se voir chez elle, en début de soirée. Tout ceci était extrêmement tentant. Il ne savait pas si ils allaient être tous les deux et comme précédemment, avec ses amis. Il se mit alors à penser que si ils continuaient de se voir comme ils le faisaient, il la présenterait à ses amis à lui. Pas nécessairement en tant que copine "officielle", bien qu'il détestait ces appellations, mais au moins en tant qu'amie. Après tout, il avait rencontré les siens et était présenté en tant qu'ami. Et il ignorait même si la nature de leur relation serait amenée à évoluer mais peu importe, je doute que les fondements des pensées de nos protagonistes vous intéresses.

L'après-midi s'acheva. Oscar avait terminé son service et était à son appartement. Il se changea pour être un peu plus décontracté et se mit à lire pour passer le temps. Il était convenu qu'ils se voient vers dix-huit heures chez elle, ce qui lui laissait encore un peu moins d'une heure avant de s'y rendre.

Sarah venait de rentrer. Elle s'assit sur son canapé et posa sa nuque sur le dossier. Elle ferma les yeux et, contre son gré, s'endormit.

Elle se réveilla en sursaut lorsque la sonnerie retentit. Elle regarda l'heure et se résigna. Elle s'était endormie beaucoup trop longtemps, et c'était sans aucun doute Oscar qui venait d'arriver. Elle passa un instant à la salle de bain et se regarda dans le miroir. Elle arrangea rapidement ses cheveux et se rendit à la porte d'entrée. Elle regarda à travers le judas et constata qu'il s'agissait bien en effet d'Oscar, un bouquet de lys à la main. Elle se mordit la lèvre inférieure et sourit. Sarah reprit contenance et ouvrit la porte. Elle se décala pour le laisser entrer et referma la porte tout doucement.

« Salut... commença-t-elle
- Salut. Tiens, elles sont pour toi, j'espère que tu aimes les lys... J'ai pris ce que je trouvais de plus beau alors j'espère qu'elles te plaisent
- Tu es fou, tu n'aurais pas dû, elles sont magnifiques, s'émerveilla Sarah tout en prenant un vase qui était rangé dans un des placards. Elle remplit alors ce dernier d'eau et y déposa le bouquet à l'intérieur
- Ah tant mieux, je suis heureux qu'elles te plaisent, dit-il en souriant, et merci d'avoir accepté ma proposition, j'avais envie de te revoir après... tout ça.
- Oui... d'ailleurs je voulais...
- Oh tu sais, on n'est pas obligé d'en reparler, c'était un peu idiot de ma part, je sais pas ce qu'il m'a pris, ça me ressemble tellement pas et... bredouilla-t-il, cherchant en vain des excuses
- Non, ne t'excuses pas, c'est vrai que j'ai été prise au dépourvu si tu me permets cette expression. Mais je, vraiment, j'ai apprécié, et, ça faisait un petit moment que j'avais tout ça en tête... Alors d'une certaine manière, merci. »

Elle regarda Oscar avec gentillesse.  Elle était assez perdue mais elle voulait tenter. Après tout, on ne peux pas dire que l'on n'aime pas quelque chose si on y a pas goûté non ? Oscar quant à lui était tout aussi perdu que Sarah. Il l'appréciait vraiment, et soyons franc, c'était complètement son genre de femme mais tout était si précipité... Et il ne voulait pas faire partie de ces couples qui ne durent qu'un temps ; bien que, de vous à moi, cela serait le cas, mais laissons le temps au temps. Un silence de plomb s'installa alors dans l'appartement de la toute nouvelle stagiaire. Ils se fuyaient du regard et redoutaient le moment où l'un des deux allait prendre la parole.

C'est Oscar qui brisa la silence, après un long moment de silence.

« Tu sais Sarah, je t'apprécie. Beaucoup. T'es intrigante comme fille et ça me plaît, et dans le fond, je regrette pas de t'avoir embrassée ce soir-là parce que, au moins, je sais ce que ça fait. Pas d'embrasser une fille, mais de t'embrasser toi. »

Sarah s'avança alors vers lui et tua  secondes après secondes l'espace les séparant. Et, à l'image de la première fois et venant cette fois-ci d'elle-même, elle ferma les yeux et l'embrassa. Oscar ferma ses yeux à l'instant où ses lèvres rencontrèrent celles de notre héroïne parisienne. Il déposa sa main sur le visage de Sarah et caressa sa joue à l'aide de son pouce. Elle passa doucement ses doigts fins dans les cheveux blonds du jeune homme et y abandonna ces derniers. Il déposa son autre main sur sa taille, afin de se stabiliser.

Au bout d'un certain temps, ils se séparèrent et se mirent, presque à l'unisson, à rire nerveusement.

« Ça on peut dire que c'était du baiser haha... trancha Sarah en se grattant la nuque
- Je... oui. Et est-ce que je peux prendre ceci pour une réponse ? demanda-t-il en fuyant son regard
- Oh et bien, je pensais que c'était une évidence. Ça n'est pas dans mes habitude d'embrasser le premier venu... dit-t-elle en souriant doucement
- Et bien que dis-tu de manger un bout pour fêter ça ? Tu as faim au moins ?
- J'en serai ravie ! J'ai toujours faim ! acheva-t-elle en déposant un simple baiser à la commissure des lèvres »

Et ainsi débuta leur idylle, mais comme le précise sa définition l'idylle est une aventure amoureuse naïve et tendre. Et on sait tous qu'une aventure, ça n'est beau qu'un temps.

Le temps d'un été.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant