Chapitre 12.

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Depuis ce soir-là, les choses semblaient s'être apaisées.  Comme si une bonne fée était passée par là, Sarah réussissait à finir ses journées de travail plus tôt qu'auparavant et pouvait ainsi passer plus de temps à Oscar. Mais elle n'arrivait pas à se sentir pleinement comblée. Elle ressentait au quotidien un vide que même ses baisers et ses caresses ne pouvaient combler. Elle l'aimait, vraiment, mais elle avait l'impression que cet amour n'était pas celui que l'on est censé ressentir. Il lui paraissait si parfait, sa galanterie, ses petites attentions, l'élégance qui semblait émaner de lui au quotidien. On aurait dit qu'il était tout droit sorti d'un roman à l'eau de rose que les jeunes femmes lisent allongées sur la plage. Elle se doutait que ses sentiments étaient profonds et espérait qu'un jour, elle pourrait ressentir toutes ses émotions. Pas forcément envers lui, mais envers quelqu'un. Et ça l'effrayait plus que tout. A vrai dire, l'impression était la même pour Oscar, enfin presque. Pour Oscar, Sarah était parfaite et il avait constamment la peur que quelqu'un ou quelque chose ne lui vole. Il l'aimait d'un amour profond et là était le problème ; dans une relation, il y a toujours quelqu'un qui aime plus que l'autre, et malheureusement, c'est tombé sur lui. Mauvaise pioche.

Ce jour-là, nous étions un mardi. Il faisait beau, les touristes étaient de sorties et photographiaient tout ce qui leur tombait sous la main. Certains étaient même émerveillés en regardant un simple panneau indiquant le nom d'une rue quelconque. C'était le genre de journée parfaite pour Oscar. Même si il aurait préféré se prélasser dans son lit, voir Sarah ou passer la journée à regarder des films, la quantité de touriste l'obligeait à travailler. Plus de touriste disait plus de clients et tout cela risquait d'amener à plus de pourboire. Et pour quelqu'un pour qui l'argent ne sort pas à foison, le moindre euro est apprécié. Mais je ne crois pas que vous êtes ici pour savoir tout cela. A vrai dire, je doute que ce passage soit des plus passionnants mais soit, après tout, c'est moi l'auteur et je dicte toute l'histoire. Non, je ne dicte pas en fait, imaginez juste que je suis comme une souris qui suit toute l'histoire et qui vous transmet juste ce que je vois, je ne peux en aucun cas modifier la suite de l'histoire, aussi triste soit-elle. Mais ne divaguons pas.

Sarah avait convenu de visiter sa famille en fin de semaine et elle tardait à proposer à Oscar de l'accompagner. Elle ne voulait pas tant le présenter comme "compagnon officiel" temps qu'elle ne savait pas où se diriger avec lui. Mais elle avait pourtant cette envie qu'il vienne. Tout était flou, et elle ne savait définitivement pas mettre un mot sur tout cela. Ses parents habitaient dans le midi et elle avait déjà acheté son billet, toujours sans l'avertir. Elle savait que ce n'était pas courtois de le faire mais tout ceci s'était planifié tout juste après l'aveu du jeune homme et elle n'imaginait pas l'ampleur que cela allait prendre. Encore une fois, elle mentait, mais elle se disait que tout cela était pour la bonne cause. Sarah était toujours sur le même satané bureau, à remplir un autre satané formulaire sans quelconque importance. Son maître de stage était parti interviewer une personnalité politique corrompue par un de ces comptes à l'étranger et elle n'avait apparemment pas trouvé intéressant pour Sarah de l'accompagner. Elle voulait lui faire comprendre que le métier de journaliste n'était pas toujours des plus passionnant et il était certain qu'elle avait parfaitement assimilé tout cela. Elle profita de sa minable pause pour envoyer un message à un ami à elle de sa promotion, afin qu'elle ne revienne pas à la fin de l'été comme une étrangère. Sa réponse ne tarda pas et il lui proposa de boire un café dès qu'elle aurait un moment à lui accorder. Elle accepta volontiers, fixa un rendez-vous au lendemain après-midi, jour où exceptionnellement, elle ne travaillait pas. Elle reçu dans la foulée un message d'Oscar, lui proposant d'aller voir un film au cinéma. Elle répondit à l'affirmative en souriant. Sarah avait déjà vu ce film mais qu'importe, elle lui devait bien ça, et peut-être qu'entre temps, elle aura le courage de lui expliquer la situation. Peut-être.

Il n'avait pas eu le temps de repasser à son appartement et arriva devant le cinéma avec cinq minutes de retard. Il rejoignit Sarah, s'excusa du retard en l'embrassant furtivement et partit acheter les places. Il revint quelques instants plus tard, deux petits bouts de papier dans la main. Il attrapa doucement sa main et la serra en marchant au travers du couloir. Ils rentrèrent dans la salle, s'installèrent et attendirent le début de film. Au début du film, il posa avec une certaine hésitation sa main sur sa cuisse et elle se raidit suite à ce mouvement inhabituel. Etant donné qu'elle avait déjà vu le film, elle semblait plus ailleurs. Elle passait une bonne partie du film à regarder Oscar ou à avoir les yeux dans le vide. De temps à autre, il tournait la tête et croisait son regard avec le sien et il lui sourit.

« Le film ne te plaît pas ? demanda-t-il en caressant sa main du pouce
- Si si... Ne t'inquiète pas, répondit Sarah en fuyant le regard vers l'écran »

Elle se mit alors à faire semblant à être plongée dans le film, en vain. Elle avait pourtant apprécié le film, mais elle semblait ailleurs. Elle savait ce que sa famille dirait quand il le rencontrerait. Que ce n'est pas une homme de bonne famille, qu'il n'est pas assez digne, si toutefois eux le sont, pour leur fille et j'en passe. Mais elle savait qu'Oscar allait être vexé ou pire, déçu, si il apprenait qu'elle n'était pas pleinement épanouie dans leur relation et qu'elle ne souhaitait pas qu'il l'accompagne. Le film s'acheva, et ils ressortirent du cinéma accompagné de la froideur de la nuit. Ils marchèrent tout en discutant d'un sujet sans grande importance. Sarah ne cessait de reporter le moment ou arriverait. Ils descendirent dans une bouche de métro et attendirent le prochain. Les minutes passèrent et un silence de plomb s'était installé. C'est Oscar qui brisa finalement ce silence.

« Tu es sûre que tout va bien, tu as l'air ailleurs depuis le début du film... Il y a quelque chose qui ne va pas ?
- Non. J'ai juste une proposition à te faire, c'est sûrement idiot mais je suis censée voir mes parents ce week-end dans le midi et je me disais que nous pourrions y aller ensemble. Après, ça n'est qu'une proposition. dit-elle assez sèchement.
- Alors c'est ça qui te tracassais l'esprit... Je ne veux pas être de trop tu sais, c'est peut-être tôt ou je ne sais pas... Sache que dans tous les cas, je serai ravi. acheva-t-il alors que le métro arriva »

Il lui attrapa le visage, l'embrassa sur le front, prit sa main dans la sienne et ils montèrent dans le wagon. Peut-être était-ce le début de la fin, mais soyons franc, c'était un beau début.

Le temps d'un été.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant