Chapitre 11.

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Tout semblait aller pour le mieux. On avait l'impression que rien ne pouvait faire chuter le bonheur qui volait comme les vapeurs d'un parfum autour du couple. Depuis cette nuit, toutes les craintes que chacun avait semblaient évaporées dans l'air. C'est vrai que durant la semaine, ils n'avaient que de très rares occasions de passer un moment ensemble, vu leur emploi respectifs. En effet, le maître de stage avait imposé à Sarah de travailler au bureau jusqu'à tard le soir. Vous devez penser que cela est immoral et indécent, et je vous dirai que ça l'est. Mais que voulez-vous, la vie de stagiaire est souvent très compliqué. Mais dès qu'ils avaient un instant, ils en profitaient pour se retrouver. Ils buvaient un verre en parlant musique, dînaient le soir chez l'un ou chez l'autre en débattant cinéma ou marchaient tout simplement dans les quartiers en parlant art. C'est vrai qu'à première vue, tout semblait aller pour le mieux.

Il était dix-neuf heures trente-six, heure parisienne. Il faisait vingt-sept degrés et les rayons du soleil berçaient tendrement la ville. De son bureau, Sarah apercevait les passants profitant de la douce ambiance parisienne. Elle soupira et se remit au travail. Elle avait l'impression qu'elle était sur cette chaise depuis des lustres. Les minutes passèrent mais pas les heures. Rien de tout ce qu'elle effectuait ne ressemblait à ses idéaux. Elle s'imaginait se rendre sur le terrain, aider une journaliste à préparer son interview ou rédiger des articles sur je ne sais quel incident politique. Mais rien de tout cela. A la place de ça, elle s'occupait de faire des photocopies, de taper servilement les articles préalablement écrits à la main et j'en passe. Elle devait rejoindre Oscar vers vingt heures chez lui pour dîner mais il lui était certain que vu le nombres de tâches qui lui restaient à accomplir, elle ne risquait pas d'y être à l'heure. Sarah attrapa son téléphone avant de remarquer que celui-ci était éteint. Et, comme une idiote, elle avait laissé tomber son chargeur dans le métro, lorsqu'elle attrapa un livre. Si ça ce n'était pas avoir de la poisse, Sarah ignorait ce que cela pouvait être. Elle était alors résolue à se dépêcher le plus vite possible de finir son travail, avant de pouvoir passer une soirée un tant soit peu meilleure.

Oscar s'impatientait. Cela faisait une bonne demi-heure qu'il attendait Sarah. Elle qui n'avait pourtant pas l'habitude d'être en retard, se laissait complètement désirer. Il avait beau lui avoir envoyé des messages et essayé de l'appeler, rien n'y faisait. Elle restait désespérément injoignable. Et ça avait le don de l'agacer. Il savait que son travail d'été lui demandait énormément de temps et d'énergie, mais il savait également qu'elle s'était arrangée exceptionnellement auprès de son employeur pour quitter plus tôt, prétextant un anniversaire de dernière minute. Elle l'avait implorée de la laisser partir, en expliquant que le prétendu anniversaire était celui de son arrière grand-mère, et que, comme elle lui avait si bien vendu "Vous savez, j'ai bien peur que ce ne soit son dernier anniversaire. Elle est atteinte d'une pathologie rare et, même si elle dit se porter à merveille, la maladie la ronge à petit feu.". Elle avait toujours été très douée pour l'invention de mensonge alambiqué, dès l'âge de sept ans, elle expliquait à ses parents que c'était une petite vieille qui lui avait payé des bonbons, alors qu'elle les subtilisait à la boulangère.

Une heure passa et Sarah arriva enfin au bout des tâches qui lui étaient imposées. Elle se hâta à ranger ses affaires et fila. Elle descendit les étages et, une fois arrivée dehors, referma les portes du bureau. En effet, elle était la dernière présente sur les lieux et c'était donc à elle de fermer les lieux. Les rayons de soleil avaient tous disparu pour laisser place à un ciel sombre. La chaleur était retombée et même si il faisait encore bon, le vent la faisait frissonner. Elle s'engouffra dans la bouche de métro la plus proche et sauta dans le wagon avant que celui ci ne s'en aille. Après deux correspondances et cinq minutes de marches qui ressemblaient finalement à dix bonnes minutes, elle se retrouva en bas de l'immeuble. Elle composa le code et monta les marches deux à deux et arriva enfin devant la porte grise en bois. Elle toqua timidement en soufflant un bon coup et la porte s'ouvrit.

« Sarah. Je ne t'attendais plus. dit sèchement Oscar, les bras croisés sur sa poitrine.
- Je sais, et je sais aussi que je suis désolée. Mais tu n'imagines même pas la quantité de travail que j'ai et je suis si fatiguée... soupira-t-elle
- Et me prévenir était une option ?
J'aurai compris tu sais, je ne suis pas non plus idiot. Ça ne t'ai pas venu à l'esprit ça aussi ?
- J-J'ai perdu mon chargeur ce matin quand j'ai sorti mon roman dans le métro. Oscar, je suis vraiment désolée. Combien de fois vais-je devoir te le dire ? dit-elle tout en lui caressant doucement la joue
- Oh...bien. Je suppose que je suis peut-être à cran en ce moment. Et pour une fois que je cuisine, j'avais peur que tu me poses un lapin. avoua Oscar, en fuyant le regard de la belle femme.
- Désolée. Si j'avais pu, sois-en certain que je t'aurai prévenu mais ce job et tellement important pour moi... Je me mets continuellement la pression pour être à la hauteur que j'en viens à négliger ma santé mentale. Et je...
- Chut. Pour le moment tu ne travailles pas, tu es avec moi et ce soir, on ne parlera pas de boulot. On dîne et on regarde ce que bon te semble. Une série ou un film, il faut que tu te détendes. conseilla-t-il tout en sortant des couverts du tiroir avant de déposer un simple baiser doux sur ses lèvres . »

Ils n'attendirent pas plus longtemps et s'installèrent sur le canapé, des plateaux sur les jambes. Oscar avait préparé une escalope milanaise avec une crème ainsi que des légumes et malgré le fait que la viande soit légèrement trop cuite, tout semblait délicieux. Tout en dînant, ils mirent en marche un film de Woody Allen et le regardèrent allongés l'un auprès de l'autre. Cependant, malgré le film, Sarah semblait ailleurs et ne pouvait apprécier pleinement ce dernier et ça Oscar l'avait bien remarqué. Il passa plus de temps à observer son regard dans le vide, ce même regard qui était à l'origine de tout. Après un moment à regarder le film, il reporta son attention sur les yeux de la jeune femme aux cheveux de jais et ne vit que ses paupières closes. Il remarqua ensuite que sa respiration se fit plus régulière et arriva à la conclusion qu'elle avait sombré dans les bras de Morphée. Il éteignit alors son ordinateur, se cala dans le canapé-lit encore plié, resserra son étreinte et ferma les yeux. Tout semblait paisible finalement.

Le temps d'un été.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant