Chapitre 1

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J'ouvre les yeux doucement en papillonnant quelques secondes le temps de m'habituer à la luminosité ambiante. J'ai du oublier de tirer les rideaux hier soir. Je me lève lentement, certes me lever tôt ne me dérange pas mais ce n'est pas pour autant que je suis efficace pour me lever. On entend déjà le bourdonnement ambiant de l'île. J'enfile mes chaussons ainsi qu'une robe de chambre et descend. L'escalier grince sous mes pas, je m'étonne même de ne jamais être passé à travers.
L'appartement que mon père a eu pour son boulot est certes spacieux, mais il manque quelque peu de technologie. On a l'électricité que de jour et on doit aller chercher l'eau à l'immense château d'eau.
En parlant de mon père, je me demande s'il est déjà parti travailler. En arrivant en bas, j'ai ma réponse. Oui, il y est déjà, il n'y a personne. Donc la garde de nuit est sûrement passée, il doit être plus de huit heures.

Le silence de l'appartement me rappelle que j'ai déjà imaginé tant de fois avoir une mère... Oui ce serait bien, elle serait là pour moi quand père doit aller travailler, m'aiderais à la maison, me ferais à manger. Finalement je n'aurais pas eu à arrêter l'école pour m'occuper d'une maison vide, je n'aurais pas eu à mûrir si vite. Dix-sept ans et déjà femme au foyer... Bientôt mon père m'enverra sûrement sur le continent pour me marier. Pas que j'en ai envie hein. Mais c'est une réalité qu'il faut que j'accepte si je ne veux pas perdre mon père aussi.

Bref trêve de pensée déconcentrante ! Tout d'abord mon déjeuner, je verrai ensuite pour des activités plus utiles pour la société. J'ai un léger rire devant ces paroles qui pourraient provenir directement de la bouche de mon père.
Après mon petit déjeuner, bien mérité soit dit en passant vu le temps que j'ai mis à ne pas faire brûler mon bacon, je me dirige vers le panier de linges sales. Super mon père a du proposer à toute la colonie que je m'occupe du linge vu la quantité présente dans le bac.
Le bac sous le bras, me voilà partie pour le moment le plus aventurier de ma journée, traverser l'île... Je peux comprendre que certaine femme est peur de passer sous le bâtiment des détenus pour aller au point d'eau, mais je reste persuadée que soit elles sont d'une paresse agaçante soit elles se sont toutes liguées contre moi. Option nettement moins crédible vu que je n'ai rien de plus qu'elles, vu que mon père n'a que le rôle le plus bas dans la colonie. De plus on est plutôt unis, il faut dire qu'une armée de prisonniers qui peuvent s'échapper à tout moment ça crée des liens.
Je passe par la roseraie, une simple envie de ma part, ce n'est pas tellement sur le chemin enfin bon, cela me rafraichie de mes idées macabres à propos des prisonniers. Je passe quelques heures à frotter des vêtements dans l'eau gelé avant d'entendre des cris. Délaissant mes affaires, je courre vers les lieux des cris. Si je courre à perdre haleine pour un cri c'est parce qu'il ne vient pas du bâtiment carcéral, mon imagination a déjà crée la mort d'un pauvre garde suite à l'assaut de prisonniers cherchant à s'échapper.
On peut dire que je suis bien à la ramasse quand j'arrive devant une dizaine de gardes emportant un prisonnier qui hurle à la mort, sûrement à cause des multiples blessures que l'on peut apercevoir à travers ses vêtements troués. J'ai un léger rougissement, même si j'ai vécu dans un milieu particulièrement bourré de testostérones, peu d'hommes portaient des vêtements si inappropriés pour les mœurs.

"Lynn qu'est-ce que tu fiches ici bon sang ? grogne un homme marqué par les années, recouvert de cheveux blancs très courts.
- Oh père, vous êtes là, euh surprise ? je lance dans l'espoir d'atténuer ses envies de meurtres à mon égard.
- Je t'ai déjà dit plus de dix fois cette semaine que lorsque tu entends un cri tu te sauves ! Tu ne rappliques pas pour tenter de sauver quelqu'un alors que tu es une femme !"

Outch celle-là fait mal, certes je suis une femme mais ce n'est pas pour autant que je laisserai mourir quelqu'un pour quelques sornettes qu'on me raconte depuis mon enfance. Certe je suis une femme et je l'assume complètement mais ce n'est pas pour autant que je suis nulle au combat au contraire, depuis toute petite j'ai l'avantage sur les hommes de mon âge. Enfin ça c'est ce que j'aimerai lui hurler à la figure, au lieu de ça je baisse les yeux pour qu'il ne remarque pas mon regard venimeux.

"C'est bien, je préfère cette attitude, maintenant file on a du boulot !
- Oui père, je marmonne entre mes dents."

Le prisonnier me regarde étrangement, je lui fais un signe de la tête comme pour l'encourager dans l'horreur de la suite de sa vie. Puis file en courant mes sabots à la main, pas pratique de courir avec. J'entends un dernier juron de mon père me disant qu'un femme ne doit pas courir. Fichu cliché, je fais ce que je veux ! Je lui fais comprendre en me retournant pour lui tirer la langue tout en continuant à courir. Mauvaise idée, je m'étale par terre sous les yeux hargneux de mon père, les sourires en coin des gardes et le rire du prisonnier. Mon père lui donne un coup de fouet pour l'empêcher de rire puis lance, toujours méchamment, à ses collègues qu'il faut qu'ils y aillent.

Le Condamné D'AlcatrazOù les histoires vivent. Découvrez maintenant