La psychologue ne cessait de me fixer sans un mot. Sa question était simple « Qu'as tu ressenti en te réveillant de ce mauvais rêve ? » et pourtant je ne savais que lui répondre.
Du haut de mes dix ans, cela faisait pratiquement deux ans que j'allais chez le psy. C'était toujours le même cauchemar qui venait hantait mes nuits depuis tout ce temps. Mais à mon réveil, je ne me souvenais que de quelques images, toujours les mêmes: un morceau de tissu d'un rouge légèrement bordeaux au milieu de la poussière tandis qu il se mettait doucement à pleuvoir, une fumée d'un noir profond, et une flamme violette. Les trois images se succédait dans ma tête, et elle restait dans mon esprit longtemps après mon réveil. Ces trois images, dont le sens m'échappait, elle me glaçait le sang.Et cette sensation à chaque matin: une douleur si vive dans mon cœur, un goût de métal dans la bouche, et mes yeux qui me piquaient horriblement.
J'avais beau chercher un sens, une explication: la raison de ma peur restait inconnu.
Au fond, rien d'effrayant: ce n'était de que la fumée, une flamme, du tissu.Et pourtant tout mon corps me mettait en garde. Mais en garde contre quoi exactement ?
🌸🌸🌸
J'observais mon reflet dans le miroir de la chambre avec un grand sourire. En quittant l'infirmerie la dernière fois, j'avais demandé à Ewelein un conseil pour effectuer une petite folie. J'avais teint mes cheveux en rouge dans un élan de nostalgie. J'avais en face de moi dans le reflet la même Ankaa qu'il y a deux jours: des formes généreuses que j'avais apprit à accepter, des boucles rebelle autour de la tête, deux yeux qui brillait d'un éclat à la fois violacé et bleuté. Mais à la place de ma crinière d'un noir profond, j'avais des boucles rouges qui tiraient sur le cerise. Ce n'étais pas la première fois que je m'autorisais une folie capillaire.
A la fin de mon année de troisième, j'avais fêté ma prochaine rentrée au lycée en commençant une vie nouvelle. J'avais symbolisé ce nouveau départ, cette nouvelle marche de ma vie par un petit changement: mes cheveux.
J'avais commencé avec une coloration au henné roux. Ma mère avait tapé un scandale quand elle avait vu ma tête. Elle avait tapé un double scandale en comprenant que pour effectuer une coloration, il fallait faire une décoloration. Quand ma première couleur au henné roux avait doucement commencer à disparaître et que les racines avaient commencé à être voyantes, j'étais passé par une coloration beaucoup plus flashi, semblable à celle que j'avais actuellement.J'avais l'impression de retrouver mes années lycée, mes dernières années passées sur Terre.
Rien que par ce petit geste, ce petit changement, ce retour au source: je venais de sublimer ma journée. Je me sentais pleine d'énergie, alors qu'il n'était que 4h du matin.
C'était aujourd'hui que je partais pour Yggdra. Le départ se faisait à l'aube et je ne voulais surtout pas être en retard. J'avais déjà tout préparé. J'avais passé une partie de la nuit à aiguiser mes lames, préparer des potions assez basiques et fini ma documentation pour notre voyage. Je voulais être parfaite pour pouvoir remballer une bonne fois pour toute crétin de vampire. Je sortais donc de ma chambre fin prête, même si le départ ne se faisait que dans au moins une heure.En entrant dans le hall, je le découvris vide. C'était une vision étrange, ce hall était tout le temps remplie de monde.
Le silence qu'il y régnait actuellement était à la fois reposant et dérangeant, mais ce n'était pas pour me déplaire.
En arrivant à Eldarya, j'avais très vite compris que la solitude et l'ennui risquaient de devenir rares. Chaque personne représentait une main d'œuvre importante, et la Garde faisait contribué tout le monde quand il en avait l'occasion.Discrète et sans aucun bruit par peur de gâcher ce silence si pur, j'entrais dans la cantine. Vide elle aussi.
Ce n'était pas étonnant, même les lèves tot du QG comme Valkyon - qui tenait à être debout le plus tôt possible pour pouvoir s'entraînait - n'était pas encore réveillé. Karuto n'était même pas là, cependant il y avait sur le comptoir trois petits baluchons dispersés.
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[Nevra] Souvenirs, le reste des Mémoires.
Adventure« Le souvenir, c'est ce qu'il reste de mémoire à l'oubli. » Citation de Henri de Régnier ; Donc (1927) Mais moi, que me reste t-il ? Ma mémoire et mes souvenirs se confondent constamment entre deux vies, deux temporalités, deux identités, deux histo...