1•La voleuse

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-N'oublie pas le lave vaisselle.

-Oui maman.

Ma mère se retourna pour me faire un sourire avant de disparaître derrière la porte qu'elle venait de refermer. Je fixais la porte encore un peu, comme un chiot abandonné par son maître puis finalement je me décidais à ranger la vaisselle comme je devais le faire.
A peine la dernière assiette était elle rangée dans le placard que je partais m'enfermer dans ma chambre. J'y passais la soirée, jusqu'à de nouveau entendre le bruit de la porte grinçante. Alors seulement, je sortais de ma tanière et j'accueillais avec sourire mon père, puis moins d'une heure après, ma mère. Ils rentraient tout les deux du travail.
Je m'installais dans le canapé pendant que mon père choisissait le programme télé. Il était tard et d'habitude ma mère allait se couchait. Cependant, cette fois, je l'entendis approcher derrière moi. Étrangement, sa voix douce prononça mon nom entier

- Ankaa Écho Underwood.

Ankaa: l'étoile de la constellation du phœnix. Echo: le prénom choisie par ma grand mère. Je répondis par un « Mhh ? ». Ma mère répéta alors une seconde fois mon nom.

-Ankaa Écho Underwood.

Sa voix avait changé, elle était plus aigu, légèrement nasillarde...
Sa main se posa sur mon épaule, et je découvrais avec horreur des doigts dont la couleur de la peau était mat, et sur le bout des doigts étrangement bleutés. Ce n'était pas la main de ma mère, ma mère n'était pas métisse, n'avait pas le bout des doigts bleus et surtout comparé à la main de cette inconnue, ses mains étaient marquées par l'âge et les années de travail. Je sortais alors une dague de sous un oreiller du canapé.

Je cligna des yeux.

La pièce changea. Ce n'étais plus le salon, je n'étais plus sur ce vieux canapé que j'aimais tant. J'étais dans une chambre, dans un lit. Les rideaux étaient tirés, tous étaient dans la pénombre.

Je cligne des yeux.

Je m'apprête à frapper, à transpercer la chose qui a usurpé l'identité de ma mère.

Elle hurle et tombe en arrière tandis que ma dague s'apprêtait à lui trancher la gorge.

-Non mais t'es totalement malade !

Tout n'était qu'un rêve. Ma mère, mon père, ma maison, le canapé, ce cher canapé: tout n'était que rêverie. La personne que j'avais failli tuer n'était autre qu'Alajéa. Cette dernière me regardait avec des grands yeux et ne cesser de me définir comme « folle ». Finalement elle se releva non sans lâcher un drôle de juron que je ne connaissais pas. D'un geste presque vulgaire elle replaça son haut qui contenait sa forte poitrine puis elle s'adressa de nouveau à moi:

-Range donc cette dague ! D'ailleurs, tu dors avec cette chose sous ta tête ? C'est hyper dangereux, non ?

Elle marqua une pause, et elle prit une mine qui se voulait sérieuse. Mais de la part d'Alajéa, cela ressemblait à une grimace d'enfant. Elle n'attendit pas ma réponse à sa question et poursuivi:

-Je viens de la part de Miiko. Elle est hors d'elle ! Apparemment, tu aurais encore piquer des provisions au garde manger hier soir... Enfin, que cela reste entre nous mais moi je te comprends. Et dire qu'on doit se restreindre de manger... C'est totalement absurde.

Tandis qu'elle se lançait dans un discours grotesque sur le système de stockage de la nourriture, j'observais la jeune femme comme si je la voyais pour la première fois, regroupant les informations que je savais sur elle. C'était une sirène, avec comme chaque personne ici un passé difficile. Elle utilisait une potion pour pouvoir obtenir une forme humaine qui lui permettait de se déplacer convenablement sur la terre ferme. Cheveux bleus très clair qui tendaient vers du turquoise sur les pointes, grands yeux roses si naïfs, des formes voluptueuse autrement dit: des sacrés seins et une bonnes paires de fesses ! Sa tenue montrait clairement plus de peau qu'il n'en fallait. Elle aurait pu être belle, seulement voilà c'était le genre de fille que chez moi, sur Terre, on aurait qualifié de « bonne ».
Je ne la détestais pas, je ne l'aimais pas forcément non plus.
Je savais aussi que comme beaucoup elle craquait pour le brun ténébreux du quartier général. Alajea était un cliché sur pattes.

[Nevra] Souvenirs, le reste des Mémoires.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant