Je vais mieux de jour en jour et l'attachement que je ressens pour elle augmente à chaque seconde.  Mes journées ne tournent qu'autour d'elle, de ses visites et de ses soins. Elle m'explique qu'elle doit me laisser dans l'obscurité et que si ça ne dépendait que d'elle, elle doublerait ma ration pour que les  forces me reviennent plus vite, malheureusement, si nous voulons éviter une "correction" nous devons nous plier à ses exigences, nous devons nous serrer les coudes et être une équipe. Je n'ai jamais vu son visage et je m'en fout complètement, moi qui ai toujours apporter une importance au physique, aujourd'hui ça ne compte pas. Je suis irrémédiablement amoureux d'elle, qu'importe qu'elle soit blonde, brune ou rousse, grande, petite, grosse ou mince...je l'aime, j'aime son cœur, son âme, sa douceur, le son de sa voix, je l'aime elle, toute entière. Je ferais tout ce qu'elle me dira, si je ne dois être qu'un chien, je serais le meilleur des chiens, docile, obéissant, fidèle et protecteur et ma première mission sera de la protéger de lui, je dois juste trouver comment. 

La tête posée sur sa main, je somnole. Quand des pas lourds se font entendre dans les escaliers. Je me relève vivement ce qui lui provoque un sursaut, elle s'était assoupie. Elle retire vivement sa main d'entre les barreaux:

"- Rappel toi, si tu fais ce qu'il te dis il ne te frappera plus. Je trouverais une solution pour t'aider à t'échapper mais en attendant sois un bon chien ok?"

M'aider à m'échapper??? Vraiment??? Elle se lève et s'éloigne de la cage. C'est lui que je distingue dans la pénombre. Il ouvre la porte et s'éloigne en me sifflant pour que je sorte:

"- Viens un peu que je vois dans quel état tu es."

Je reste obstinément au fond de ma prison:

"- Allez sors!!!"

L'impatience vrille dans sa voix. Mais je resterais plus têtu que lui:

"- Qu'est ce que tu lui as fait merde!!!"

Ce n'est plus à moi qu'il s'adresse:

"- Non...attend..."

Ce cri....Son cri me vrille les tripes et d'un bond je sors de ma cage, les babines retroussées, dans une colère telle que je n'en ai jamais eu. Il la tient par les cheveux, je grogne, je sens la bave couler le long de mon museau, j'ai envie de le tuer. Il penche la tête sur le côté et m'observe en souriant:

"- Mais dis moi, on dirait que tu t'es fait un allier."

Il la serre plus fort contre lui:

"- Ordonne lui de s'arrêter et de retourner dans sa cage.

- Quoi??? Mais il ne m'écoutera pas...

- Fais ce que je te dis bordel...on verra si je me trompe."

Je continu de m'avancer, je rampe presque, tous les muscles tendus prêt à bondir:

"- Retourne dans ta cage, me souffle t'elle."

Sa voix est presque inaudible mais elle me résonne pourtant dans la tête, je n'aurais pas mieux entendu si elle avait criée. Je suspend mon pas...:

"- Je t'en pris, retournes-y, il ne me fera pas de mal."

C'est faux, je sais de quoi il est capable mais une force, bien plus forte que moi, m'oblige à lui obéir.  Je fais donc demi tour et m'affale dans ma cage en soupirant de frustration:

"- Incroyable, souffle t'il. Il est prêt." 


Les jours suivants je ne le revois plus. Il n'a pas été violent envers elle après l'épisode de la dernière fois, elle me l'aurais dis et puis je l'aurais ressenti au plus profond de moi. Je la connais par cœur, le ton et les vibrations de sa voix m'indiquent immédiatement son humeur.  Et puis un jour, elle s'accroupi près ma cage:

"- Je suis vraiment désolée, souffle t'elle, il faut que tu me crois. J'aurais voulu tenir la promesse que je t'ai faite malheureusement il ne m'en a pas laisser le temps."

De quoi est-elle désolée? Que ce passe t'il?  Les types qui ont emporter ma cage la dernière fois sont là...derrière elle. Pas besoin de longs discours pour comprendre ou je vais. Je me cale au fond de ma prison et j'attends. La camionnette, les bruits de la ville, j'ai comme un sentiment de déjà vu, sauf qu'aujourd'hui pas de plans d'évasion, pas d'esbroufe, je sais que je vais à l'abattoir, je n'avais qu'une chance et je l'ai laisser passer. Et puis, j'en ai assez de vivre comme ça, enfermé, sans voir la lumière du jour, tenaillé par la faim et la peur, autant que ça s'arrête.

Tous ces chiens qui aboient quand nous entrons dans la salle "aux cages" m'agressent les tympans. J'aimerais ne plus les entendre, surtout que j'ai l'impression maintenant de les "comprendre", je deviens de plus en plus chien, Eric, lui, disparaît, pas assez vite à mon goût malheureusement, j'aurais aimer ne plus être "moi" avant de me faire dévorer. Ce même ballet lugubre de parieurs sans âme, qui nous observent et font leurs pronostics. 

C'est mon tour. Plus que quelques minutes et mon calvaire sera terminer. Mon seul regret est de ne pas l'avoir vraiment vu, de ne pas avoir vu son visage et de ne pas avoir pu lui dire au revoir.  Quand les barreaux s'ouvrent, ce n'est pas lui qui m'ordonne de sortir...c'est elle. Je n'arrive pas à en croire mes oreilles. Je sors précipitamment. Elle est là, sur le bord de la piste. Mon maître se tient près d'elle, une main fermement fermée sur sa nuque:

"- Si tu refuse le combat, ou que tu essayes de foutre le camp comme la dernière fois, je la tue tu entends? "

Je le fixe intensément dans les yeux, mes babines commencent à se retrousser doucement:

"- Oui, souffle t'il un sourire victorieux sur les lèvres, je sais que tu me comprends."

Mon regard le quitte pour trouver le "sien" c'est l'occasion que j'attendais pour la "découvrir" en pleine lumière mais une lampe vient au même instant l'éblouir et elle se protège de son bras. Un bruit de porte métallique attire mon attention, c'est la cage de mon adversaire qui s'ouvre. Quand je vois qui en sors, je comprends immédiatement que même avec toute la meilleure volonté du monde j'ai perdu. Il m'observe calmement, sa tête penchée sur le côté, un grognement sourd sortant de sa poitrine...Hulk me regarde et dans ses yeux je peux lire:

"- Tiens tiens...comme on se retrouve!"

Lui, il sait qui je suis.

Mon corps tout entier tremble comme une feuille. Si il ne menaçait de lui faire du mal je prendrais mes jambes à mon cou. Je n'ai pas le choix, je vais devoir faire un simulacre de combat, essayer de tenir un peu face à ce tueur. Peut-être alors, qu'elle ne payera pas pour ma nullité. Je respire à fond et m'élance dans sa direction. Je saute mais il m'évite en se décalant nonchalamment sur le côté. Il me regarde m'étaler dans la poussière. Je me relève et lui fait face de nouveau. Je grogne, j'aboie, lui reste de marbre. Il attend. Je jette un œil vers mon maître qui de la main me fait signe d'attaquer. Je fonce de nouveau sur Hulk, je prend un coup de patte dans le museau et roule sur le côté. Quand je veux me relever, je sens un poids sur ma poitrine, Hulk y à poser les pattes avant. Je suis à sa merci, c'est fini. Mon ridicule gabarit à côté de lui en est comique. Il doit se demander pourquoi on lui a donné un adversaire aussi mauvais et aussi petit, son regard est aussi dédaigneux qu'un boxeur a qui on demanderait de battre un danseur de ballet. Je sens ses dents se poser sur mon cou, ma chaire me brûle, un horrible pincement vient confirmer ma crainte, ses dents sont dans ma gorge. Je vais mourir. Je l'entend hurler, elle, je la cherche frénétiquement. Les dents de Hulk entrent plus profondément et je sens qu'il tire, ma tête rebondie mollement sur le sable, ma gueule s'emplie de sang. Je n'arrive pas à voir son visage, toujours cette lumière éblouissante posée sur elle et ma vue qui s'assombrie...mes paupières papillonnes, dans quelques secondes tout sera fini. la dernière image que je perçois c'est une mèche de cheveux blonds...elle est blonde. Je sens la vie me quitter aussi vite que mon sang s'écoule sur la piste de combat. Mes paupières se ferment totalement....C'est fini!!!   



Chiens de combatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant