Whoua quel choc! J'ai un mal de crâne phénoménal. J'ai du mal à ouvrir les yeux, la lumière me brûle la rétine. J'essaye de retrouver mes esprits et de me souvenir de ce qui vient d'arriver. Les combats de chiens, les paris et enfin cette voiture. La vache, il ne m'a pas raté l'enfoiré. J'entend encore cet horrible craquement. Je tente de porter la main à l'endroit douloureux qui résonne dans ma tête, je dois avoir une sacrée bosse... mais mon corps ne répond pas... ou du moins pas comme je le voudrais...merde. Je peux bouger donc je ne suis pas paralysé mais il y a quelque chose de bizarre...et puis j'ai l'impression d'être enfermé, je sens des parois sur les côtés et au dessus de moi. La panique m'envahi....est-ce qu'ils m'ont enterré vivant??? Non!!!! Ce n'est pas possible, à notre époque on ne se trompe plus sur ces choses là et pourtant je suis bien dans une boite. Je remue, je me débat, j'ai envie de hurler mais seul un grognement guttural arrive à sortir de ma bouche. Sortez moi de là pitié!!! 

Un coup sourd et violent retenti sur ma prison, je m'immobilise, surpris et paniqué:

"- Ferme ta gueule!!!"

Il y a quelqu'un. Pourquoi est ce qu'il ne m'ouvre pas? Que s'est-il passé après que cette putain de bagnole m'ait percuter?  Est-ce que le chauffeur a eu peur et que dans la panique il m'a emmené? Est-ce que c'est un coup monté? Un kidnapping organisé par un mari jaloux? Oui, évidemment, ça ne peut être que ça, qui pourrait m'en vouloir à ce point à part un homme blessé parce que j'ai culbuter sa femme! Je la saute pour une bagnole, je me fais renverser par une bagnole, forcément tout est lier, ça ne peut pas être autre chose. Il va venir me voir, me coller une bonne droite dans la gueule et me laisser repartir en espérant que ça me serve de leçon. Je voudrais déjà lui dire que j'ai compris, qu'il peut me libéré. Je ne recommencerais pas, je suis même prêt à démissionner s'il veut, tout, pourvu que je sorte de là. J'ai tellement peur que je me pisse dessus, je ne ressens pas la sensation désagréable du liquide chaud me coulant le long des cuisses, ni mon jean poisseux qui devrait me coller à la peau...ce taré m'a déshabillé. Je me tiens à quatre pattes, hors de question de me coucher dans la pisse, je commence à perdre patience. J'ai envie de hurler, de pleurer, de supplier mais aucun sons ne sort de ma bouche, toujours ce grognement bizarre...qu'est ce qui m'arrive??? Est-ce qu'il m'a fait avaler un truc? Mes cordes vocales sont-elles brûlées a l'acide? Les pires scénarios me traversent l'esprit, ça m'apprendra à ne lire que des conneries dans les journaux à scandale...je veux comprendre ce qui se passe. Ma tête frappe dans la boite, que je sens remuer. Je viens cogner contre des barreaux. Un homme s'agenouille devant ma cage, il est furieux. Il ouvre le cadenas, enfin, la plaisanterie a assez durée...mais au lieu de me laisser sortir, il me colle un coup de poing sur le crâne qui me fait perdre immédiatement connaissance. 

Quand je reprends mes esprits, un silence angoissant règne autour de moi. Je suis toujours dans ma boite, étaler de tout mon long dans ma pisse. Je n'arrive pas à me situer dans le temps, la pièce est plongée dans l'obscurité, depuis combien de temps suis-je enfermé? Il m'est impossible de savoir approximativement l'heure qu'il est. Mon patron va bien finir par s'inquiéter si il ne me voit pas au taf, mes amis vont essayer de me joindre, on va bien finir par me chercher. Ils iront voir chez moi, ne m'y voyant pas ils préviendront la police, ils...sauf si ils me croient encore en cavale chez je ne sais quelle fille, comme j'ai souvent l'habitude de le faire. Combien de temps, alors, il leur faudra pour vraiment s'inquiétés?  

Une porte s'ouvre à quelques mètres devant moi, je me tapis au fond de ma cage, seul le halo d'une lampe torche perce l'obscurité. Une odeur me caresses les narines...de la nourriture, putain, je ne m'étais même pas rendu compte à quel point j'avais faim. Je m'approche des barreaux quand j'entends un bruit sourd et régulier taper derrière moi, je sursaute et m'immobilise immédiatement...le bruit cesse instantanément. Je me détends un peu en soupirant et mon attention est de nouveau attirée par cette délicieuse odeur et ce bruit de nouveau, je me retourne vivement. Le halo de lumière pénètre ma prison et l'horreur, ce bruit vient d'une queue qui frappe les cloisons et cette queue...c'est la mienne!!! Une longue queue fine suis le prolongement de mon dos, un dos rond et...poilu. Mais qu'est-ce que c'est que cette connerie??? C'est alors que je vois l'ombre sur la paroi, cette ombre qui devrait être la mienne, est celle d'un animal....un chien!!! Je suis un chien!!!! Mais comment??? Je suis devenu fou!!! C'est un cauchemar...c'est ça, ça DOIT être ça, pitié Seigneur. Je baisse le regard, des pattes, de grosses pattes blanches, mes mains!!! Ou sont mes mains??? Ma tête tourne, je sens mes yeux rouler dans leurs orbites et je m'écroule:

"- Merde, on a du le laisser trop longtemps sans manger, l'odeur et l'excitation l'ont fait tourner de l'œil. Ouvre la cage!"

La voix de l'homme me parvient comme un lointain murmure. Je me sens totalement engourdi. Je sens qu'on m'attrape par la peau du coup et qu'on me glisse hors de ma cage, la fraîcheur du béton me fait du bien, je ne supportais plus d'être coucher sur ce bois imbibé d'urine. Je sens une main me caresser la tête:

"- Arrête de le tripoter et fourre lui cette seringue de vitamine dans la gueule. Ce foutu clébard est capable de nous claquer entre les doigts."

Je sens un tube de plastique glisser sur ma langue et un liquide épais couler dans ma gorge. La main continue de me flatter la tête et les épaules:

"- Allez, chut!!! Avale ça mon grand."

Ce murmure...c'est la voix d'une femme. Je ne sais pas ce qu'il y avait dans cette seringue, mais les effets ne se font pas attendre, les forces me reviennent et une espèce d'adrénaline envahie chaque muscle de mon corps. On me soulève la tête et je sens qu'on me passe une corde autour du cou. Mon instinct me hurle de me relever, de courir, de m'échapper. J'ai un sursaut et d'un bond je me retrouve sur mes pattes. Les yeux exorbités, je regarde autour de moi, je distingue deux personnes, un homme debout devant moi, une longue perche dans les mains et une autre, assise à côté de moi, j'entends sa respiration rapide et sifflante, j'ai du lui faire peur en me relevant...Je ne distingue pas les traits de son visage, je suis éblouie par la lumière mais je suis presque sur que c'est la femme. Une effluve me caresse les narines, un parfum mais aussi quelque chose de plus "chimique", de plus "corporel", j'ai l'impression que je n'oublierais jamais cette odeur, que je serais capable de la reconnaître entre mille, qu'elle est gravée dans ma mémoire. La peur est une odeur puissante mais la peine et de la compassion émanent de cette femme. Elle n'est pas mauvaise...pas comme lui. Lui, il pue, il me hais, son odeur nauséabonde m'enveloppe et me brûle la tête.  Instinctivement je le hais aussi, je sens mes babines se retroussées quand son regard plonge dans le mien. C'est vraiment bizarre parce que je ne contrôle rien. La seule chose que je maîtrise c'est de ne pas me jeter sur lui. Je connais cette perche, pour avoir vu les flics s'en servirent quand ils accrochent un animal, plus je tire plus la cordelette se serre autour de mon cou. Il me tient à distance grâce à al rigidité de cette perche, pendant que la corde mange mes chaires. J'ouvre la gueule à la recherche d'air, je suffoque, la langue pendante et les yeux exorbités. Il me repousse dans ma cage et je n'ai pas d'autres choix que d'obéir:

"- Mets la gamelle, hurle t'il à la femme."

D'une main tremblante, elle pose la gamelle en inox devant moi. Il la laisse prendre le risque d'être mordu à sa place, salopard. Je ne te ferait pas ce plaisir, je ne la toucherais pas. Je m'assoie et en signe de soumission, je baisse la tête. Je ne grogne plus, je ne me débat plus, je reste silencieux et immobile. Je sens la corde se détendre et glisser au dessus de mes oreilles:

"- Bien, tu as compris qui commande."

La femme referme la cage:

"- Je suis désolé, souffle t'elle."

Et je sais qu'elle l'ait réellement.



  



Chiens de combatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant