Chapitre 4 : Retrouvailles

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Cette nuit, pas de cauchemar. Juste un long et doux sommeil réparateur. Lorsque, doucement, je reprends conscience du monde qui m’entoure, je me sens bercée, et retenue fermement. Je découvre en ouvrant les yeux que j’ai beaucoup dormi. Mon orc préféré m’a laissé me reposer, me portant le matin venu. Je souris et souffle

“Bonjour toi”

Il rit légèrement et me pose entre le chef de gang et lui, puis il me fait signe de me taire. Je chuchote un petit “merci” et me mets en marche sous le soleil.

Après une heure seulement, je suis épuisée. Je vois boule de poil lever la tête alors je fait pareil. À l’horizon se défile une grande ville,érigée en hauteur. Blancherive, m’explique Haron. On s’en approche encore, suivant la route. Soudain, j’entends un impérial crier à l’avant.

“HALTE”

On obéit tous, faisant passer le mot derrière. Les chuchotements commencent à se faire entendre, alors, estimant que l’on pouvait parler, je demande.

“À votre avis, qu’est ce qu’il se passe ?

-Blancherive n’est pas une ville impériale, ils vont vérifier le convoi avant de nous laisser passer me réponds Haron”

Après des heures d’attentes on reprend la route. Une route bien trop longue qui épuise tout le monde. Même un orsimer. Malgré ça, il me soulève, contre mon gré, dès mes premiers signes de fatigue. Un coup à faire mourir de rire le gros matou.

La nuit s’annonce lorsque nous nous arrêtons dans un village perdu au milieu des bois. Un village renforcé, entouré de murs et grouillant d’impériaux. Brahed me dépose un peu avant notre arrivée. À son souffle, je devine que j’ai été lourde, même si il n’avait pas voulu me lâcher. Il sais qu’on mourra tous, il veut me protéger… On a toujours pas eu de nouvelles de Lilchor mais je sais qu’il n’est pas loin. Je le sens. C'est comme si on était liés. Je ressens sa peur et sa détermination. Les soldats nous poussent au milieu du village. Les habitants nous huent. Nous rejoignons un autre groupe de prisonniers, des nordiques à l’armure de mailles et de bleu. Des sombrages. Je reste cachée derrière mon gros tas de muscles rouges. Haron a disparu de mon champ de vision. J’entends une voix forte et je lève la tête vers les remparts du village. Un vieux militaire bréton en armure impériale.

“... Enfermez les bandits et les rebels dans les geôles d’Helgen. Ils seront exécutés demain à midi pour leurs crimes !”

Alors on est de nouveau ballotés. Dans la vague de criminels, je me retrouve séparée de ma famille de cœur. Certains luttent contre les soldats, d’autres se contentent de suivre. Nous somme une trentaine de têtes je crois, peut-être plus. D’un coup, une flèche est tirée dans le tas. Tout le monde se fige. C'est le général.

“Bien. Soyez coopératif, ou nous vous abattons sur le champ d’une nuée de flèche”

Ainsi, tout le monde descend dans le donjon. On est envoyés au hasard, quatre ou cinq prisonniers par cellule. Coup du sort, je me retrouve au milieu de sombrages. Sans un regard aux autres je me dirige vers la porte de barreaux. Aussitôt, j’aperçois mes amis, mais je ne souris pas. C'est le chef des bandits qui a reçu le trait d’acier. Son pelage est ensanglanté. Son avant-bras saigne abondamment. Un garrot en tissu encombre son épaule, mais ça n’a pas l’air de stopper l’afflux. N'en pouvant plus de cette image, je lui tourne le dos et me laisse glisser le long de la porte, tête basse. Soudain, j’entends une voix grave qui, malgré le temps passé, ne m’est pas inconnue. Je me lève, surprise.

“Ulfric ?!”

Je ne l’avais pas vu au début, ce jarl aux longs cheveux blonds, avec son grand manteau bleu foncé et sa fourrure d’ours. Il sursaute et se tourne vers moi, arquant un sourcil interrogateur. Je vois rouge.

“Ulfric Sombrage, Jarl de Vendeaume, chef de la Rébellion Sombrage, tu ne reconnais même pas le fruit de ta chair. Je devrais t’appeler Père, mais je doute que tu appellerait ta bâtarde Ma fille, surtout après l’avoir laissé entre les griffes du plus puissant khajiit du nord de Bordeciel !”

Il semble à la fois honteux, mécontent et un peu perdu. Ses trois soldats nous regardent, lui et moi, attendant peut-être que leur chef nie les faits, mais il ne dit rien. Il m’énerve déjà. Il semble en pleine réflexion. Finalement, je me retourne et secoue les barreaux pour attirer l’attention de mes anciens camarades. Brahed s’approche de sa porte. Il est juste en face, à à peine 5 mètres de moi…

“Comment va notre Khajiit ? demandais-je inquiète

-C'est pas la première fois qu’on lui tire dessus, tu le sais, il va s’en remettre

-Super… Il faut vraiment qu’on parte !

-Sans blague Mélodie, si tu as une idée tu sais quoi moi je t’écoute !”

Sur ce, j’abandonne. Je n’aime pas quand il est sarcastique. Je baisse la tête. Derrière moi, j’entends mon père, en grande discussion avec un sombrage. Je sens leur regard sur moi. Je fais volte-face, et enfin le jarl m’adresse la parole

“Mélodie, je n’avais pas eu d’autre choix ! Mon bras-droit m’a défendu de négocier avec tes kidnappers, il n’avait pas tort…

-Ulfric tais toi tu vas me rendre dingue ! J’ai encore ta lettre. Tu les a autorisé à me tuer !

-C'est faux ! Se défendit-il, Et regarde toi, tu es en vie, en santé, tu es aussi belle que ta mère…

-Que ton amante tu veux dire ?!

-Tu as son caractère obstiné et…

-Ta langue de vipère ? Ton cœur de cobra ? Ton… Attendez…”

J’ai sentis quelque chose peser sur moi. Une étrange impression que l’air s’apaisait. Je me retourne d’un coup. Un petit écureuil fantomatique est assis dans l’allée. Il me fixe de ses yeux rouges et doux. M’incitant à rester silencieuse, il pose ses pattes supérieures sur son museau. Je m’assois. Je l’ai aussitôt reconnu.

“Lilchor… Si tu m’entends… Je sais que tu ne m’as pas abandonné… Le chef des impériaux va nous exécuter demain à midi… Tu peux nous libérer avant ? Tu es notre seul chance mon sorcier…”

Il hoche la tête et repart. Aussitôt, je me sens plus légère. Je me lève et me dirige vers l’une des couchettes en paille sans prêter attention aux mots ou aux regards qui me sont adressés. Finalement, je m’allonge et leur tourne le dos après avoir répliqué

“De toute manière Ulfric tu n’as pas besoin de faire semblant de regretter. Ta bâtarde est morte. J’ai ma propre famille, un père, un ami sur qui je peux compter. Si ils ne sont pas des “vrais fils de Bordeciel”, au moins ils m’aiment. Tu sais quoi ? Oublie même que tu as eu une fille un jour. Ça ne doit pas être dur, tu l’as déjà fait.”

M’étant défoulé, je peux m’endormir en paix.

Skyrim - La fille du Sang de SerpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant