Chapitre 7 : Une troisième chance ?

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J'ai l'impression que mon cœur cherche à définitivement sortir de ma poitrine. J'ouvre les yeux, et l'obscurité m'étreint aussitôt. J'entends, au-dehors, le rugissement de la pluie sur la vitre. Persuadée d'être piégée dans un nouveau cauchemar, je referme vivement les paupières et me roule en boule sous ma couverture de fourrure, sans pouvoir réprimer un petit cri suraiguë.

Une couverture de fourrure ?

J'ai beau fouiller dans ma mémoire, voilà neuf ans que je n'ai pas senti le poids d'une couette sur mon corps frêle. Suis-je donc de retour à Vendeaume ? Je vous en supplie, que ce cauchemar s'arrête vite...

Mais je suis incapable de fuir cette réalité. En m'en rendant compte, j'ouvre les yeux doucement et, une fois accoutumée à l'obscurité ambiante, je peux observer un peu ce qui m'entoure. Aucun jouet en vue, ni richesse, les murs ne sont pas tapissés de bleu et de blanc, ne sont simplement pas tapissés. Ce n'est pas le Palais des Rois. Ce n'est pas ma chambre d'enfant. Juste une chaumière qui embaume la soupe et le bois trempé. Je me redresse doucement, puis quitte le lit où je me trouve. Un autre lit, lit double et vide, occupe l'espace de l'étage, ainsi qu'un coffre. Mes souvenirs se mêlant à mes cauchemar, il est impossible pour moi de me rappeler comment je suis arrivée ici. Ça me semble irréel. Mais je dois bien m'y faire. Les leçons des bandits me reviennent en mémoire, ainsi que leurs valeurs. Je m'approche du coffre en prenant garde à ne faire grincer aucune des planches du sol, puis après avoir surveillé mes arrières, j'ouvre ce dernier.

De l'or. Des minerais. Des armes. Il n'y a que ses septims de précieux, je m'en empare, ainsi que d'une dague impériale. J'apprends au passage que je me trouve chez un de ces envahisseurs de Bordeciel, et que je devrai me montrer prudente. Calant mon butin à ma ceinture de corde, je m'approche de l'escalier et me fait attentive. Aux sons qui me viennent d'en bas, je devine qu'il n'y est qu'une femme seule. L'amadouer sera aisé. Alors je descends les marches avec la minutie et le silence qui s'impose. La lumière vacillante du foyer s'impose peu à peu à moi. À mesure de ma descente, je peux voir la salle du rez-de-chaussée. Une grande table la traversait, pleine de plats odorants. Alors, la faim s'empare de moi comme un bandit d'une bourse : Sans pitié. Déconcentrée, je rate une marche, et mes jambes se dérobèrent sous moi. Alors, c'est avec un grand fracas que j'atterris en bas des escaliers, assise sur le derrière, mon butin répartit autour de moi avec un vacarme de tintements métalliques. Une nordique qui chantonnait devant une marmite se tourne vers moi, puis elle se précipite vivement à mon chevet pour s'assurer que j'allais bien. Une douleur s'insinue alors dans ma cuisse, je baisse les yeux et y pose ma main. Je sens un liquide poisseux courir le long de mes doigts, ma nouvelle dague a causé une entaille sévère. C'est morte de honte et de panique que je suis forcée d'oublier mes plans de pillage et de laisser Sigrid s'occuper de ma plaie.

Une heure passe. Je suis attablée en face d'un forgeron impérial, de sa femme aimante, et de leur neveu Hadvar. Hadvar m'est familier. C'est lui qui m'a sorti d'Helgen. Il est un nordique, mais il porte les couleurs de l'Empire. Il a abandonné Bordeciel. Mais les idéaux politiques m'importent peu à cet instant. Sigrid cuisine le meilleur potage qui m'ait été donné de goûter, et il est hors de question pour moi de gâcher ce troisième bol sous prétexte que mon estomac en a eu assez. De plus, l'entaille que j'ai à la cuisse a beau avoir arrêté de saigner, je ne sais pas si elle me permettra de seulement me tenir sur mes jambes.

Tandis que je m'alimente, j'entends distraitement leur conversation d'adultes. Alvor est empreint de tout le sang-froid du monde :

"- ... il faut prévenir le Jarl de Blancherive, disait le forgeron. Si ce que tu as vu est vrai, Rivebois n'est plus en sécurité."

Blancherive, la seule cité encore neutre dans la guerre civile. Je me rapppelle de cette ville forte, quand y étions nous donc passés ? Hier ? Avant-hier ? Nous y avions fait halte. Il y avait Haron dent-d'Elswer, et Barhed le Cruel... Ma famille... Ma réflexion m'amenant au souvenir de leur perte, je repousse doucement mon assiette sous la douleur.

"- ... un dragon, entendai-je Hadvar souffler, dépassé."

Je me souviens de lui, Alduin. Il est le dragon de mes cauchemars. S'il est bien un coupable à la disparition des miens, c'est le Dévoreur de Mondes. Je serre les poings sous la table. Hadvar reprend :

"- Tout Helgen a périt sous les flammes, je ne sais pas s'il est un seul survivant de plus qu'elle et moi ! Même Ulfric Sombrage est porté disparu. Les tunnels se sont effondrés derrière nous, il n'y avait nulle autre issue ! Je-"

Tous se tournent vers moi. Je m'étais levée si fort que ma chaise avait claquée au sol. Dans le même temps, mon poing a frappé la table avec un bruit sourd, et l'avait faite trembler. Aussitôt, je regrette mon geste. Ma jambe blessée se met à trembler. Quant à ma main, elle est rendue rouge et douloureuse. Ma tête est basse, mes dents serrées. Je suis résolue. Absolument certaine de ce que je veux faire.

"- J'irais à Blancherive."

Mon destin s'y trouve. Mon ultime chance de l'accomplir. C'est ce que me crient toutes les cellules de mon corps.

"- Je préviendrai le Jarl. Et j'affronterai le dragon. Avec. Ou sans. Son soutien."

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 01, 2021 ⏰

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