Une Soirée

La réception (3)

Les invités étaient tous arrivés. Monsieur Masset annonça que le dîner était servi, et qu'on pouvait dès à présent passer dans la salle à manger. La grande salle dans laquelle tout le monde bavardait se vida peu à peu, et le groupe suivit le mouvement.

Les places, autours des tables étaient attribuées et ils se séparèrent pour trouver chacun la leur. Solange devait manger à une table ronde de six places, entre un cousin d'Élisabeth, Alexandre, et une femme nommée Astrid. Deux personnes étaient déjà arrivées, un homme d'une quarantaine d'années, nommé Charles, et une jeune fille, dont Solange se souvenait comme étant aussi une cousine de son amie, une certaine Claire. Elle les salua et s'installa en face d'eux. La conversation s'engagea facilement et en attendant que les autres arrivent, ils firent connaissance. La dénommée Astrid arriva bientôt, au bras d'un homme, son époux certainement, qui s'installa près d'elle. Ils se joignirent aussi à la conversation.

Solange apprit qu'ils étaient Américains, et qu'ils avaient fait la connaissance de la famille Masset dans le Wyoming l'été dernier. Ils s'étaient découvert des amis communs et avaient liés d'étroits liens d'amitié. Charles venait de l'Ardèche, une région que Solange n'avait jamais eu l'occasion de visiter. Claire, quant à elle était tout simplement la sœur d'Alexandre et précisa qu'il n'était pas là ce soir. Solange comprit qu'elle n'aurait donc pas de voisin, et se demanda s'il fallait avertir ses hôtes de l'absence de l'intéressé. Elle n'arrivait pas à se décider, lorsque monsieur Masset vint la trouver.

- Solange, je suis désolé de vous déranger en si bonne compagnie, mais vous avez certainement dû remarquer l'absence de mon neveu, et comme j'ai un invité imprévu, je voulais savoir si cela vous dérangerait de l'avoir à côté de vous ?

- Non, bien sûr. Qui est-ce ? Demanda-t-elle, même si elle se doutait de la réponse.

- C'est monsieur de Saint-Nacre. Vous le connaissez, je crois...

- Non, pas vraiment.

- Comme vous étiez arrivés ensemble, j'ai pensé que...

- Non, nous ne nous connaissons pas, répondit vivement Solange qui sentit une soudaine rougeur lui monter au visage.

Il fallait croire que cet Hugo la poursuivrait toute la soirée ! Il la mettait terriblement mal à l'aise. Il était hors de question qu'elle flirte ce soir. Et surtout pas avec un inconnu. Et de toute façon, était-il aussi gentleman qu'il en avait l'air ?

- Puis-je vous demander encore une chose ?

- Je vous en prie, s'il y a quoi que ce soit que je puisse faire... offrit-elle.

- Pourriez-vous allez le chercher pour lui indiquer sa place ? Je ne peux malheureusement pas le faire moi-même.

Solange accepta. Elle s'excusa auprès de ses voisins de table, puis partit à la recherche de l'inconnu, en cachant son malaise. Elle ne le trouva pas dans la salle à manger, ce qu'elle trouva étrange puisque monsieur Masset avait annoncé que le dîné était servi.

En se faufilant entre les tables, elle quitta la pièce pour se diriger vers la salle de réception dans laquelle ils avaient été accueillis. La salle était vide, seul un musicien rangeait un violon dans son étui. Solange se demandait où elle pouvait bien chercher encore ; de toute la soirée, on ne voyagerait qu'entre ces deux pièces, et les toilettes éventuellement.

Les toilettes.

Solange fit volte face, retourna dans le vestibule et emprunta le corridor qui s'ouvrait juste sous l'escalier. Elle en profita pour réclamer son sac-à-main au majordome.

Au fond du couloir se trouvaient les toilettes. C'étaient deux salles séparées, d'un côté les hommes, de l'autre les femmes. Solange en était à se demander comment savoir s'il y était, lorsqu'un homme sortit soudain.