Deuxième cri

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12 janvier 2016 :

En arrivant le matin suivant, mon regard se posa immédiatement sur la chaise vide de Clément. Une immense tristesse m'envahit...

Non, je blague ! Je m'en fichais qu'il soit en retard. Et j'avais raison de ne pas y prêter attention car à peine cinq minutes après la sonnerie, il rentrait en classe, marmonnant un "'Scusez du retard" endormi.

Quand les cours ont commencé, rien n'était pareil.
Ce lundi avait tout chamboulé.
Lorsque les poufiasses poussaient des petits couinements effrayés à chaque coup de tonnerre, les bad boys ne réagissaient pas.
Lorsqu'un élève balançait une boulette de papier au tableau, les profs ne s'énervaient plus.
Ils nous en voulaient. Tout le lycée en voulait à la seconde 4.

Vous vous demandez pourquoi, hein ? Ne le niez pas, ce comportement vous intrigue.
Les profs auraient du être aux petits oignons avec nous, après ce traumatisme (ouh, j'en tremble encore, pauvre petite chose que je suis). Les élèves devraient s'épauler.
Et là, non, pas du tout.

Pourquoi ?
C'est simple. Parce que l'administration croyait à une mauvaise blague. Qu'ils nous ont tous interrogé dans l'après-midi. Et tous collés. Ce qui a fait que tout le monde regardait son voisin avec suspicion, l'imaginant facilement complice de Paul.

Comment ça, "qui est Paul" ? Le mec qui a disparu voyons ! Vous ne suivez pas vraiment, c'est pas bien ! Soyez attentifs si vous voulez comprendre, je vous l'ai déjà dit.

Paul faisait parti de ces gens qu'on trouvais sympa tant qu'il ne faisait pas de nous leur punching-ball. Traduisez par "je le supportais sans trop de mal parce que je ne faisais pas partie de ses victimes".

Les profs l'imaginaient donc facilement faire une mauvaise blague à base de fantôme et de disparition... Si ils savaient à quel point ils se gourraient à ce moment. Encore maintenant, ils sont loin, très loin de la réalité...

Enfin bref !
Concentrons nous sur la deuxième disparition.
(Arrêtez de râler ! Si vous vous rappelez bien, je vous ai déjà spoilé cette partie de l'histoire ! )
Devinez plutôt à quelle heure cela se passa... À 13h13, dites-vous ? Félicitations ! Vous voyez quand vous voulez !

Je vous passe les détails de la matinée. C'est après une heure passée au CDI dans la section contes et légendes, que je me rendai en cours de maths.
Je ne vais pas vous mentir (de toute façon, vous ne le sauriez jamais, si je vous racontais des cracks), mais j'étais en flippe totale. Je me doutais que les événements de la veille n'étaient pas normaux et je craignais une répétition du schéma.
Parfois, je déteste avoir raison. (M'enfin, c'est assez rare...)

La deuxième disparition se passa exactement comme la première. Extinction des lumières, voix sortie du néant... Panique à l'arrivée garantie ! Le fantôme savait y faire, dans le genre théâtrale.

Mais, si à chaque chapitre tout se passe comme dans le précédent, où est l'intérêt de cette histoire ?
Excellente question !
Je pourrais résumer la chose : un jour, dans un lycée, un fantôme cliché kidnappa cinq élèves et on ne les a jamais revus. Fin.
Ça y est, vous êtes contents ? Vous me laissez poursuivre ?

Parce qu'ici, c'est l'après qui est important.
L'après, quand je suis partie roder de manière tout à fait innocente autour des panneaux électriques.
L'après, quand j'y ai vu Clément, qui avait l'air tout à fait aussi innocent que moi.

On aurait cru à une scène de film. Ou de livre. Parce que rien de tout ça n'est réellement arrivé, hein...

Je me suis figée à sa vue.
Il ne m'a pas remarquée.
Alors je me suis raclée la gorge.
Il a sursauté avant de pivoter lentement vers moi.
On s'est regardés pendant au moins dix bonnes minutes dans le blanc des yeux. Bon, d'accord... à peine trente secondes.
Et il a soupiré, expulsant tout l'air de ses poumons, tandis que ses épaules s'affaisaient. Soulagé que je ne sois pas un prof, sûrement. Ce qui est compréhensible. À sa place, j'aurais pris mes jambes à mon cou sans me retourner.
Et arrêtez de vous marrez : vous auriez fait pareil. Avec moins de classe, en plus.
À quelques minutes près, les rôles auraient été inversés, l'issue de cet histoire chamboulée.
Heureusement donc que je n'étais pas à sa place (comprenez celle du mec chelou qui n'a rien a foutre là !).

Profitant de ma supériorité temporaire, je lui ai donc lancé un agressif :
— Qu'est ce que tu fous là ?

MirageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant