Premier cri

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11 janvier 2016 :

Tout a débuté un lundi matin pluvieux.

Vous avez remarqué ?
Toutes les histoires d'horreur commencent avec de la pluie.
Oh ! Vous n'aviez pas encore compris que vous lisiez une histoire d'horreur ? Bon. Maintenant, vous êtes au courant. Vous restez quand même ? À vos risques et périls.

Comme toute adolescente de seize ans, j'allais au lycée pour une nouvelle semaine de cours. Et vraiment, ce jour là, j'aurais du être malade. Une gastro, une grippe, tout aurait été parfait en comparaison des cinq jours qui allaient suivre.
Cinq jours, cinq disparitions.
Mais je me précipite un peu.Chaque chose en son temps.

En arrivant devant ma salle de classe, j'aperçus Clément. C'était un garçon très étrange, toujours le regard dans le vide et sans aucune vie sociale. Mais au moins, il faisait pas chier.
Il paraissait tout innocent, à ce moment là, le regard posé sur le mur d'en face, insensible aux passages des autres élèves.
Je ne sais pas comment il faisait. Je n'ai jamais le regard dans le vide. Mon attention est toujours focalisée sur quelque chose, j'emmagasine tout les détails qui m'entourent. C'est ce qui m'a aidé à comprendre. Et peut être vous aussi, si vous êtes assez attentifs.

L'avantage, avec les histoires, c'est que le temps passe comme l'auteur le souhaite. Et vous savez quoi ? C'est moi l'auteure. Alors je vais faire une petite ellipse de la matinée (non, pas une éclipse). Croyez-moi, vous ne gagneriez rien à la description détaillée d'une heure et demie d'arts visuel, suivie d'une heure d'anglais et d'une demi-heure d'EMC.

Passons donc directement au cours d'histoire. Deux heures assis sur des chaises inconfortables avec dans l'estomac des tagliattelles sauce carbonara, qui avaient l'air vivantes dans l'assiette.
Après, si vous voulez un peu d'optimisme... je peux dire que les élèves de la seconde 4 n'ont eu à supporter ce calvaire qu'à peine une quinzaine de minutes.

Avant toutes explications : êtes vous vraiment prêts à lire la suite ? Oui ? Bon... alors j'y vais.

C'est à 13h13 précise que le cycle a commencé.
Une coupure soudaine de courant.
Un silence pesant qui s'installe.

Vous y êtes ?
Non, parce que vous avez oublié le brouhaha qui apparaît à chaque événement lycéen, que se soit pour une coupure de courant ou une alarme incendie.
C'est bon ? Vous avez également l'image du prof totalement dépassé en tête ?
C'est comme ça qu'était M.Fronteau. Totalement dépassé. Ce genre de situation est horrible pour les profs.

Je pense que si une voix n'avait pas surgi du néant, couvrant les chahutages de la classe et le tambourinement de la pluie dehors, ça aurait dégénéré.

Oh, une voie désincarnée dans une histoire d'horreur ! Comme c'est original !
Oui, bah désolée, mais ici, on ne fait pas dans l'original. Et puis, arrêtez de m'interrompre, sinon vous ne connaîtrez jamais la suite.

Avouez : même si on est dans une histoire clichée, vous voulez savoir ce qui va se passer, hein ?

Eh bien, il va se passer que la voix va menacer tout le groupe. Je ne suis même pas sûre que c'était volontaire. Mais c'était flippant.

《Qui veut jouer avec moi ?》 ont été les premiers mots qu'elle nous a adressé, d'un ton enfantin, presque faux.
Comme si un ado ou un adulte se cachait derrière.

Je ne me souviens plus précisément de la suite. Vous savez, le baratin habituel des fantômes...
"Me laissez pas toute seule", "Venez vous amusez avec moi", "Ce sera drôle", "Plus jamais personne ne m'abandonnera"...
Perso, je trouve que cette dernière phrase sort du lot... À vous de juger.

Et aussi soudainement que tout ça était apparu, la lumière revint, la voie s'érailla pour s'éteindre totalement et les élèves reprirent leurs bavardages énergiques, encore plus excités qu'auparavant par cet événement.

Rien de bien extraordinaire, n'est-ce pas ? Même si je précise que lorsque le silence est revenu, on s'est enfin aperçu de la disparition d'un élève ?

MirageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant