14 janvier 2016 :
《Mazette ! 》
C'est ce que Clément a lâché quand je lui ai fait remarquer que c'était bizarre qu'ils n'avaient pas annulé les cours, avec tout ça. Avant d'ajouter:《C'est pas faux...》.
Quand je vous dis que ce mec était étrange.Nous étions jeudi. Jour de notre avant-dernière chance.
On était assis sur la pelouse-plus-très-verte du lycée, en train d'observer à la dérobée Emmanuelle et ses groupies.
Bon, OK, peut-être pas autant à la dérobée que ça... Vous savez quand vous dites à quelqu'un de regarder discrètement et que la personne rive son regard à l'objet d'attention plus qu'autre chose ? Eh bien, Clément et moi étions comme ça. Intensément concentrés sur le sandwich de la prochaine disparue.
Et aussi sur ma montre.
13h04.On n'aurait pas du être là. Normalement, on avait littérature. Ma grande passion dans la vie ! (Notez l'ironie de la phrase...)
Mais la prof était absente. À mon avis, elle avait séché les cours (les profs aussi le font, apparemment... À croire que torturer de pauvres élèves n'est pas si prenant que ça ! ), à cause des disparitions dans la classe.
Ce qui arrangeait tout à fait mon comparse arriéré et moi-même.Bah oui ! Réfléchissez une minute. Ou plutôt non. Ça risquerait de vous faire mal au crâne. Laissez-moi vous expliquer.
Habituellement, la disparition se passait dans le noir, en plein milieu d'un groupe de personne.
Mais là... on était en plein jour. Il n'y avait aucun public, à part quelques égarés. Aucune lumière à éteindre.
Je ne pense pas qu'Emmanuelle se doutait être la prochaine disparue mais une chose est sûre : se trouver ici était une bonne manière de compliquer la tâche à Mirage.Mirage, Mirage... Qui est Mirage ?
Bonne question, cher lecteur.
Toi, ami(e) sadique qui lis ces lignes, qui voudrais-tu quelle soit ?
Une psychopate ? Une meurtrière ? Une internée d'asile ?
Non.Pour te mettre sur la piste : te rappelle-tu des premiers mots qu'elle a prononcé ?
Je te l'ai dit, sois attentif !
"Plus jamais personne ne m'abandonnera".
Tu ne vois toujours pas ?Souviens-toi, de ce garçon zarbi qui soit disant ne se lavait jamais, de cette pauvre fille qui portait toujours des manches longues pour cacher les traits rouges sur ses avant-bras, de cette grosse qui traînait tout le temps au CDI, ou encore de ce boutonneux qui n'avait jamais d'équipe en sport...
Ça y est, tu commences à piger ?
Mirage était comme eux : exclue.Enfin... c'est ce que raconte sa légende, apparue en 1908.
Qui pourrait attester de sa véracité ? C'est comme cette histoire. Fictive...Bon, revenons maintenant à l'instant présent. Passé. Présent dans le passé. Vous avez compris, quoi !
Revenons à cette attente sur la pelouse-plus-très-verte du lycée.
Mon ventre grognait et ma vessie menaçait d'exploser. Mais je ne devais pas partir. Il fallait tenir. Emmanuelle était la prochaine victime, c'était obligé.Mirage allait devoir abandonner. Ou se montrer.
Et c'est ce qu'elle fit. Elle se montra.À 13h11, le ciel s'assombrit. Des nuages noirs comme la suie s'ajoutèrent aux traînées blanches et tourmentées déjà présentes.
C'était comme si la nuit avait tué le soleil.
À 13h12, je me tournais vers Clément, effrayée par ce déchaînement tout sauf naturel de puissance. Je ne rencontrais que du vide.
À 13h13, un coup de tonnerre retentit, un éclair zébra le ciel et Emmanuelle poussa un cri. Comme les trois personnes avant elle.
À 13h14, tout était fini. Je m'étais pissée dessus et mes yeux refusaient de se fermer. L'image de Mirage y était encore imprimée. Juste une forme humaine, rapide, floue et intangible, éclairée par la foudre du ciel. Elle a englouti Emmanuelle avant de disparaître.Disparaître.
Comme notre avant-dernière chance. Comme notre espoir que tout s'arrête.
Mon espoir.
Parce que Clément n'était plus là.
Parti. Disparu.
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Mirage
ParanormalMirage, c'est cette étrange jeune fille. Mirage, c'est cette ombre qu'on ne remarque pas. Mirage, c'est ce rêve éveillé. Mirage, c'est ce cauchemar qui hante vos nuits. Mirage, c'est cette peur qui oppresse votre poitrine. Mirage, c'est votre dernie...