the letter and j.

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Une soirée d'été. Et une chambre plongée dans la couleur dorée. Douce. D'un couché de soleil.

Un bout de papier coincé entre deux cahiers dans un bordel sans nom. Oublié ici. Beaucoup trop bien plié, se détachant du décor. Une curiosité sans égale, si naturelle pourtant. Des cheveux chatoyants d'une couleur surnaturelle et deux mains baladeuses qui s'agrippèrent à la feuille interdite.

Dieu est-ce toi qui met toutes les idées des Hommes dans leurs cervelles? Est-ce toi l'inspiration ou est-ce grâce à toi qu'on la trouve? Dieu est-ce toi qui a murmuré à l'oreille de l'humanité qu'Adam et Eve ne devaient pas porter les mêmes vêtements? L'évolution a peut-être fait germer cette idée seule si cela ne vient pas de toi. Alors si c'est le cas ce n'est donc pas mauvais ou contre ton jugement de porter ce dont nous avons envie. Peut-être est-ce une chose si futile pour toi. Des remises en question me secouent l'esprit. Sans arrêt j'entends cette petite voix dans ma tête qui me rappelle un discours familier qui revient comme un refrain: «Dieu nous a créé d'une certaine façon, c'est contre nature de changer ça»  Est-ce que je veux changer qui je suis? Je ne pense pas, vous m'avez créé homme, je suis homme et je me sens comme tel. J'ai juste la certitude que tu m'as créé pour porter des habits féminins. Est-ce un péché d'avoir les goûts vestimentaires que j'ai? Est-ce anormal? Blasphématoire? Je sais et je sens que je me mens à moi-même et au monde quand je porte les vêtements qu'on m'incite à enfiler depuis ma naissance. Ce qui me fait rire c'est qu'avec du recul je parais ridiculement ridicule.

Les yeux du teinté parcourait la page encore et encore. Le soleil traversait celle-ci d'un blanc éclatant. Et il y avait ces deux yeux battant des cils comme les clignotants d'une voiture. Courbes manuscrites. Penchées. Comme flottantes. Maladroites dans l'espace. En lisant ces mots tracés impossible de dire s'il s'agissait de ceux d'un enfant, une femme, un homme, un vieillard. Mais cette écriture elle appartenait pourtant à un seul et même être. Elle lui était propre et le lecteur bouche bée savait pertinemment de qui ces mots provenaient. Oh celle-ci il la reconnaîtrait entre mille.

Je ne sais comment poser des mots sur tout cela, est-ce qu'un jour quelqu'un comprendra? Faut-il que quelqu'un me comprenne? En ai-je besoin? J'ai l'impression d'avoir à nouveau 15 ans. Je suis plein. Remplis de peur que je sens si intenses et si paradoxales, faibles, un peu puériles. Rempli d'envie d'exister en étant moi. Rempli de cet part d'égoïsme qui me chuchote que c'est la seul façon pour que je sois comblé. J'ai 23 piges, pas si proche des 15 en réalité. Et ouais putain je sais que c'est trop tard pour... comment donner un nom à ça?  Peut-être me considérez vous vous-même comme un pécheur. Cette simple pensée me terrifie. Je ne vais pas vous suppliez et demander votre pardon. C'est inutile. Je. Je suis juste perdu. Le monde ne le sait pas encore et ne le saura peut-être jamais. Tu es le seul à savoir. À me voir, dans le silence de ma chambre, passer ces jupes vintages jaunes, rouges, vertes, en jean et ces jeans si bien taillés, ces haut oversized, cette... Pardon ce n'était pas vraiment de ça dont je voulais te parler. Je ne fais que de m'enfoncer. Je sentais juste le besoin soudain. Cette lettre est clairement à retravailler, au moins j'aurai essayé. Un jour j'aurai les mots juste Dieu, même si je sais que tu comprends, j'en ai besoin moi aussi. J'ai tant d'autres choses à te dire (l'être humain a toujours tant de choses à te dire) mais bon là c'est déjà pas mal et je ne suis pas prêt. Soit clément avec moi, je fais au mieux. Je suis chez mon ami Joshua. Il est sorti un moment, il risque de ne pas tarder. D'ailleurs je

Tyler Robert Joseph.

«D'ailleurs je...». Une phrase inachevée raturée transpirant la précipitation. Une lettre sans date. Sans repère. Josh le savait, jamais il n'aurait du poser ses yeux sur cette lettre. Ce secret dévoilé à cause de sa stupide curiosité. Ce qui l'énervait c'est qu'il savait que Tyler allait lui dire. Ou non. Peut-être voulait-il lui cacher toute sa vie. Il s'en contre fichait. Il aurait voulu, il voulait que ça sorte de sa bouche à lui ou rien du tout. Ty méritait de garder ou de décider d'offrir ce secret. Merde. Un échange. Il fallait qu'il donne un secret en échange à son meilleur ami ou lui et sa culpabilité ne fermeraient plus jamais l'œil de la nuit.

Bip bip bip

Josh avait composé si vite le numéro.

«Josh?»

Cette voix.

«Tyler je t'aime putain»


joshler ça rime avec 𝕤𝕦𝕞𝕞𝕖𝕣Où les histoires vivent. Découvrez maintenant