{14} ...Ma Responsabilité

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Bellamy referma la porte d'entrée de son petit appartement d'un geste las. Ce soir, comme tous les soirs depuis des années maintenant, aucun sourire n'accueillit son retour. Aucune lumière allumée ne lui souhaita la bienvenue. Aucun fumet n'emplissait la cuisine, annonçant un bon repas en famille. Aucun rire ne résonnait dans le salon, promesse d'une agréable soirée.

Épuisé, il se laissa glisser à même le battant et y appuya l'arrière de sa tête en soupirant.

Vide, il se sentait vide. Vide, tout comme cet appartement dans lequel il avait toujours vécu et qui n'avait plus rien du foyer chaleureux dont il se rappelait. Partout où il regardait, les souvenirs l'accablaient, bons comme mauvais.

Il revoyait sa mère, coudre et dessiner sur la table de leur cuisine tandis qu'il courait autour du canapé, sa petite sœur sur le dos, les bras noués autour de son cou. Ce même canapé où, dix-sept ans plus tôt, Octavia avait vu le jour, dans le plus grand secret.

Les cris étouffés de sa mère résonnaient toujours à ses oreilles.

Il n'avait que 9 ans à l'époque et se souvenait de la terreur qui s'était emparée de lui quand Aurora lui avait interdit d'appeler les pompiers, une ambulance ou même leurs voisins. Ce n'était que des années plus tard qu'il avait compris que sa mère ne détenait pas les papiers pour vivre dans ce pays et qu'elle ne pouvait risquer de se rendre à l'hôpital, sous peine d'être renvoyée dans son pays natal.

Son père à lui, lui avait légué la nationalité avec le droit du sang, bien avant qu'ils viennent finalement viennent s'installer ici. Ce père qu'il n'avait connu que bébé et dont il ne se souvenait pas. Ce père, abusif et violent, qui avait fini par les abandonner. 

Celui d'Octavia ne lui avait pas fait le même cadeau et s'était enfuit à la seconde même où Aurora lui avait annoncé sa grossesse.

Il se releva avec peine, secouant la tête, et essaya de chasser les réminiscences que sa mémoire lui infligeait. Il ramena son esprit vers des souvenirs plus récents, vers cette jolie blonde, vers leur étreinte passionnelle et brûlante. Cependant, au lieu de le réconforter, ils ne firent que l'enfoncer plus profondément dans le regret.

Il ne savait depuis combien de temps il ne s'était pas senti aussi bien, aussi apaisé, aussi complet que dans les bras de sa partenaire d'un soir. Finalement, il n'avait réussi qu'à la laisser filer entre ses doigts, et bien que ce soit à moitié voulu, il n'en avait pas été moins déçu.

Il soupira, las de son humeur constamment massacrante, mais c'était plus fort que lui. Voilà pourquoi il détestait rester ici, dans cet appartement. Il y passait le minimum de temps possible, juste histoire de dormir, prendre une douche et avaler un café.

Il se dirigea justement vers la machine à café afin d'en faire couler, puis attendit patiemment que sa boisson se termine. Il aimait son café noir et sans sucre, comme sa mère avait l'habitude de le boire.

Il s'assit sur un tabouret haut et posa ses coudes sur le comptoir où il avait l'habitude de donner cours à Octavia, en rentrant de sa propre école. Il ne se rappelait que trop bien de toutes ces fois où elle avait supplié sa mère de finalement lui donner cette vie normale à laquelle elle aspirait tant.

Des cours ennuyeux. Des amis avec qui rire et pleurer. Des garçons de qui tomber amoureuse. À chaque fois, la réponse d'Aurora claquait, sèche et irrévocable.

Non. Pas encore. Pas maintenant.

Autant dire jamais.

Toutes ces disputes semblaient si fraîches dans son esprit, comme si elles avaient daté d'hier, alors qu'elle s'étaient passées plusieurs années auparavant.

Bellarke AnatomyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant