{11} Stupide

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Qu'Andrew DeLuca et son incapacité à s'envoyer en l'air le temps d'une soirée aille au Diable. 

Clarke fulminait. Elle fulminait, mais cela ne l'empêchait pas de traverser la piste de danse, droit vers son objectif : le bar. Ou plus exactement : le barman. Il n'était pas l'heure de tergiverser. Tourner et retourner le problème mille fois dans sa tête ne servirait à rien : elle avait perdu. Et elle avait eu beau négocier, râler, bouder, rien n'y avait fait. Aucun de ses amis n'en avait démordu. Et plus elle insistait, plus ils s'accrochaient à leur stupide défi.

Stupide, stupide, stupide défi. C'était clair qu'Andrew allait l'entendre. 

Son regard capta le profil de l'ennemi et elle laissa ses yeux parcourir ses traits et sa silhouette le temps de franchir les derniers pas qui les séparaient.

D'accord, elle aurait menti si elle n'avait pas admis qu'il était tout simplement et incroyablement sexy. Et peut-être que l'alcool qu'elle avait ingurgité y était pour quelque chose, car son style d'hommes habituel était très différent (plus petit, les cheveux plus clairs et l'air plus innocent...),  mais une vague de chaleur l'envahit lorsqu'elle laissa son regard caresser ses épaules massives, ses bras musclés et son torse parfaitement sculpté. Même ses mains étaient séduisantes. Il ne la regardait pas, concentré sur une pile de papiers. Elle s'arrêta devant lui, de l'autre côté du bar, et attendit. 

Sa peau tannée, la fossette de son menton, ses lèvres fines et même le pli de ses sourcils sous l'effet de la concentration, tout en lui était ridiculement sexy. Ce qui ne le rendait que plus agaçant, si c'était seulement possible.

Elle se racla bruyamment la gorge et il tourna la tête dans sa direction. Ses lèvres, dont elle ne pouvait décidément pas détourner le regard, s'étirèrent en un sourire satisfait et elle se retint pour ne pas tendre la main par dessus le comptoir et le frapper. Dieu, qu'il aurait mérité de ravaler ce maudit sourire, dieu qu'elle aimerait lui faire ravaler ce maudit sourire, dieu qu'elle allait lui faire ravaler ce maudit sourire, et très certainement laisser ses dents entailler ces maudites, petites, parfaites lèvres au passage...

Quoi ? 

Elle interrompit le fil de ses pensées en se donnant une claque intérieure.

— Princesse ? 

Dire qu'il était surpris de la voir aurait été un euphémisme. Il ne lui fallait pas très longtemps pour cerner la personnalité des gens (il était barman après tout), et il aurait juré que la jeune femme n'était pas du genre à se laisser avoir par une ruse aussi futile qu'un simple verre offert. 

— J'ai besoin que tu m'embrasses.

Les mots étaient sortis tout seul, Clarke ignorait comment et Bellamy ignorait pourquoi. Il ouvrit de grands yeux, partagés entre le rire et la surprise et s'accouda au bar.

— Et pourquoi je ferais ça ? demanda-t-il, joueur. 

— Eh bien pour la simple et bonne raison que tu en as envie. Tu ne m'aurais pas offert ce verre, sinon. 

Eh bien, en voilà une qui n'allait pas par quatre chemins et Bellamy aurait menti s'il avait dit que ça ne lui plaisait pas. 

— De quel verre tu parles ? 

Clarke s'assit sur un tabouret haut, le même pour lequel elle s'était battu quelques heures plus tôt, et répondit :

— Je sais très bien que c'était toi. Ne joue pas les innocents, cela ne te va pas du tout. 

Clarke se maudit intérieurement pour le ton séducteur qu'avait pris sa voix malgré elle. Était-elle vraiment prête à tout pour gagner ? Ce n'était qu'un défi, rien de plus... Mais soudain, le jeune homme s'approcha un peu plus près et elle ne fut plus aussi sûre qu'il ne s'agissait que d'un pari absurde. La chaleur irradiait de lui et la frappa. Sa peau frissonna et le duvet de ses bras se hérissa sous l'électricité qui circulait dans l'espace infime qui les séparait. 

Bellarke AnatomyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant