Clarke se glissa entre les corps sur la piste de danse sans même un regard en arrière. Déterminée à prouver à ses amis qu'elle était tout autant capable qu'eux de s'amuser, elle se dirigea tel un char d'assaut vers le bar bondé. De là où elle se tenait, elle parvenait à peine à distinguer le barmaid. La foule était dense et presque exclusivement masculine. Elle comprit pourquoi quand son regard capta une cascade de boucles sombres sur des courbes féminines avantageuses. Rien de tel qu'une jeune et jolie demoiselle derrière un comptoir pour affoler les taux de testostérone et augmenter les consommations. C'était malin, très malin.
Une barmaid... Le propriétaire de cet endroit a décidément tout compris.
Elle soupira en se demandant comment elle allait se débrouiller pour passer le barrage d'hommes accoudés au bar et pensa une seconde à appeler Lincoln ou Nyko au secours avant d'immédiatement se raviser.
Pas question de demander de l'aide, je peux me débrouiller seule.
Elle patienta, avançant lentement, trop lentement à son goût. La patience n'avait jamais été son fort et ses chaussures à talons étaient une torture pour ses orteils. Si au moins, elle pouvait s'asseoir. Soudain, elle aperçut un tabouret inoccupé et s'y faufila sans faire attention à l'homme qui louchait sur le même siège. Elle s'y installa une seconde avant ce dernier et ouvrit de grands yeux quand il l'interpella :
— Eh, mais où est-ce que tu te crois ? cria-t-il.
— Pardon ? répondit-elle, choquée.
— C'est mon siège. J'allais m'asseoir. Pousse-toi !
Ses grands gestes, ses pupilles dilatées et sa respiration laborieuse lui indiquèrent rapidement que son interlocuteur était totalement ivre. Les mèches blondes de sa coupe courte étaient collées à son front par la sueur. Il devait être là depuis un bout de temps.
Le caractère combatif de Clarke reprit immédiatement le dessus. Elle n'allait certainement pas se laisser marcher sur les pieds sans réagir. Elle nota le verre plein dans sa main droite et rétorqua :
— Vous êtes déjà servi et il y a pleins d'autres fauteuils dans ce club, pas question que je bouge d'ici.
— Non mais où est-ce que tu te crois, salope ?
Elle ne fléchit pas sous l'insulte. Sa colère gronda et le bleu de ses prunelles s'intensifia encore. Quand elle le vit lever la main, comme pour la pousser lui-même du tabouret, elle s'apprêta à bloquer son attaque en faisant ressurgir de sa mémoires des réflexes de ses vieux cours de self défense.
Bloquer son poignet avec ma main gauche. Paume ouverte, doigts serrés. Le tranchant de la main en plein sur sa trachée. Ou un coup de genoux bien senti entre ses jambes, vu que son appareil génital se trouvait juste à la bonne hauteur.
Finalement, elle ne put laisser cours à sa violence. Une autre main surgit de nulle part par-dessus le comptoir et attrapa le poignet de son agresseur avec fermeté. Les yeux de l'homme et de Clarke se tournèrent vers la personne qui avait interrompu leur échange juste à temps.
Au bout de cette main puissante, un bras musclé. Une peau tannée et sombre sous les lumières tamisées du club. Des épaules solides et un torse athlétique. Sous le t-shirt noir, Clarke pouvait presque distinguer les formes charpentées de son torse. Elle leva les yeux vers un visage anguleux qui n'exprimait que dureté et froideur. Même la fossette de son menton et les taches de rousseur sur ses joues et son nez ne suffisaient pas à adoucir la sévérité de ses traits. Il darda ses prunelles sombres dans celle de l'assaillant de la jeune femme et celui-ci recula immédiatement sous la menace avant de balbutier quelques mots que Clarke ne comprit pas. En revanche, elle saisit très nettement le "dégage" que son "sauveur" déclara d'une voix presque aussi sèche que son expression.
L'homme disparut aussitôt et Clarke observa l'inattendu barmaid interpeller un des agents de sécurité par son prénom - Wick - puis désigner l'homme ivre d'un geste de la main. Wick, un grand blond au visage rieur, parut saisir sa demande et raccompagna rudement son agresseur vers la sortie.
Étrangement, la colère n'avait pas quitté la jeune femme. Aussi, quand l'inconnu tourna vers elle un grand sourire satisfait, sa paume la démangea à nouveau et les flammes de sa rage continuèrent leur incendie au creux de son ventre.
Non mais pour qui il se prend, celui-là ?
— J'aurai très bien pu me débrouiller toute seule ! s'exclama-t-elle.
Il ouvrit de grands yeux surpris et perdit immédiatement son air suffisant avant de froncer les sourcils.
— Ah oui ? Et comment ça ? En lui envoyant tes cheveux en plein visage ? Voilà qui l'aurait sûrement calmé ! cracha-t-il presque.
— Je suis capable de prendre soin de moi sans aide, rétorqua Clarke. Je n'ai pas besoin d'un chevalier servant. Je ne suis pas une demoiselle en détresse !
Les iris marrons du jeune homme brûlèrent d'une colère à peine contenue.
— Et je ne suis pas du genre à laisser une femme se faire malmener sous mes yeux, aussi insupportable soit-elle.
Clarke ne grimaça même pas sous le reproche.
— Sous tes yeux ? demanda-t-elle.
Elle balaya le long bar du regard en se demandant pourquoi elle ne l'avait pas remarqué plus tôt s'il était soi-disant là depuis le début, lorsqu'elle désespérait d'être servie.
— Parce que pour défendre la veuve et l'orphelin, il y a du monde, mais quand il s'agit de faire ton travail, personne ne peut te trouver. Ça fait presque quinze minutes que j'attends d'être servie. Sans cette attente, ce genre de situation ne serait pas arrivé !
Son accusation claqua et flotta dans l'air. La mâchoire du barmaid se contracta sous l'effet de l'agacement et elle en ressentit une intense satisfaction.
— Très bien, murmura-t-il d'une voix tendue. Alors, qu'est-ce que je peux te servir, Princesse ?
Le surnom crépita dans l'air autour d'eux et tout le venin contenu dans le timbre du barmaid contamina l'atmosphère à tel point que Clarke ne parvint presque plus à respirer aisément. Ce n'était plus la colère, ni la rage qui l'étreignait, mais une fureur sans nom, accompagnée d'un besoin fulgurant de fermer cette bouche trop parfaite et le sourire arrogant qui s'y étirait.
En fait, à bien y réfléchir, personne ne l'avait jamais mise dans cette état. En particulier en ne faisant que lui rendre un service. Finalement, elle se contenta de répondre :
— Deux bières, un martini, un whisky sec sans glace et dix shots de téquila, récita-t-elle en annonçant respectivement les commandes de Lincoln et Nyko, de Monty, d'Indra et de Jasper et elle.
Sans répondre, il lui désigna une tablette intégrée au comptoir sous ses yeux et elle y toucha l'emplacement où ils étaient installés avant de sauter du tabouret et de retourner auprès de ses amis. Elle n'avait pas fait deux pas quand la voix grave du jeune homme résonna derrière elle :
— Drôle de manière de dire merci, Princesse !
Sa remarque déclencha un frisson de hargne qui la parcourut des pieds à la tête. Elle crispa ses mains en deux poings qu'elle garda le long de son corps et s'arrêta brusquement. Finalement, elle expira doucement et reprit son chemin sans se retourner et en ignorant le rire puissant du barmaid dans son dos.
***
Et voilà, Clarke et Bellamy se sont enfin rencontrés !
Est-ce ce à quoi vous vous attendiez ?
Qu'avez-vous pensé de toute cette tension ?
Vous voulez en lire plus ? Ça fait quelques jours que je rencontre des difficultés à écrire la suite, alors je compte sur vos encouragements !
Des Bizouzou
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Bellarke Anatomy
Fanfiction*EN HIATUS A DUREE INDETERMINEE* **Cette fiction n'est pas terminée, lisez à vos risques et périls** ***oui, je la terminerai un jour*** Pour sa dernière année de résidence au Griffin Grey Sloan Memorial Hospital, Clarke a un projet : soigner 100 je...