I. la visite

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11 novembre.

          Un rapide coup d’œil par la fenêtre me confirme le temps du jour. Le bulletin météo à la radio annonçait un temps dégagé laissant libre court au froid glacial apparemment de rigueur cet hiver.
          La bouilloire couvre les nouvelles du journaliste. Tant mieux. En ce moment, rien de bien positif à se mettre sous le dent. Peut être la saison. L hiver et son manque de luminosité excelle dans son rôle.

         J’infuse mon thé . Vert et léger comme j'aime. Je ne suis pas adepte des matins vifs et agressifs. Il me faut quelques heures avant de me lancer dans la course de la journée. J essaye de m'organiser pour ne pas oublier quelque chose dans le programme serré du jour. Pas que je sois tête en l'air mais à 35 ans, je suis de celles qui pensent a coup de post it. Après le bureau, je dois passer faire quelques courses, et surtout je dois aller voir papa. Je n’ y suis pas passé depuis quelques semaines.
          Je jette un œil a mon appartement. J en suis contente. Il n’est pas très grand. Un qui convient bien aux adultes célibataires sans enfants mais qui ne perdent pas espoir. Un rez de chaussée de 70m2 ancien mais rafraichit. Les murs sont pales, presque blancs, ce qui le rend lumineux. J’ai même le luxe d avoir une pièce en plus, un petit coin dans lequel je m'enferme pour écrire les quelques nouvelles que je rend de temps en temps à mon éditeur. Je ne suis pas la Rowling du sentiment ,mais je reçois quelques lettres de lecteurs à qui ça plaît.

          Je m apprête quelque peu pour être présentable. Pas que les apparences soit indispensables dans ma fonction mais j'essaye d être socialement intégrable dans une société où l'image est d'une importance capitale.

          Je suis généralement du genre "baroudeuse" mais aujourd’hui, ce sera un pantalon droit blanc cassé, avec un pull à col roulé bleu nuage. J'attrape mon blouson et ce qu’il faut pour survivre à l’ extérieur en ce joli mois de novembre. La rue est calme. Les gens profitent du jour férié. J aurais aimé en faire autant. Pas de chance, les boulots à permanence ne souffre jamais de jour off.

          La voiture tousse et rechigne a démarrer. Plutôt habituel pour une carcasse de plus de 50 ans. Elle est jolie mais quelque peu susceptible lorsque les conditions météorologiques se durcissent. On pardonne tout a une 2cv. De toute façon, il est hors de question de la changer. Papa l'adorait. Elle décide finalement de me trimbaler jusqu’au travail. Le chemin habituel,je le fais sans même y reflechir, ce qui me permet de laisser mon imagination vagabonder. Ne vous demander pas d’où viennent les sujets de mes écrits. Certains écrivains voyagent, d autres abusent de substances, moi je conduis pour aller au boulot. J’abandonne mon ancienne  dans le parking entre de jeunes mécaniques rutilantes à qui elle pourra conter ses aventures. Putain je suis grave de m’imaginer tels trucs. Steph est déjà arrivée.

          Les longs couloirs de la société desservent les différents bureaux et mènent à la salle de repos où les employés ont l habitude de se retrouver le matin. J’y retrouve Stéphanie et Benoît. Ils sont non seulement les collègues qui partagent mon bureau mais ils sont devenus des amis . La proximité crée des liens entre les humains. À ma vue, Ils m accueillent avec un sourire sans retenu que je leurs rend avec plaisir.

          « Sans sucre, comme d’hab » me dit ben en me tendant un gobelet en plastique marron tout droit sorti du distributeur. Café qui a de quoi rendre un estomac douloureux mais qui ne se refusent jamais. C est un moment social important et moultes décisions se prennent ici.

Je vous épargnerai ma  journée de boulot sans grand intérêt, hormis mon regard qui s’est éternisé sur l’horloge au dessus de la porte. Vous savez ? Ces secondes qui se rallongent … lorsque vous vous empêchez de regarder le plus longtemps possible et que vous estimez le temps passé. Et a chaque fois, vous vous rendez compte que votre déception est aussi grande que votre estimation. Mes pensées du jour sont surtout fixé sur ma visite de ce soir. Je ne sais pas trop ce que je vais lui dire. Je vais lui parler du travail ,des amis, de ses amis, de sa maison… le train train quotidien.

          J embrasse mes compagnons de labeur et je file en direction du parking. Elle est toujours là . En même temps ,ce n' est pas la voiture la plus facile à voler. Rien que d'imaginer un mec essayer de comprendre la manière de la démarrer me fait esquisser un petit sourire en coin. Je m installe derrière le volant et l'odeur d'huile et de plastique sans âge m enivre. A la manière d'une Madeleine de Proust, je me retrouve a sur la banquette arrière, j ai 7 ans et la silhouette de mon père, grande et rassurante, est devant moi. Un sentiment de sécurité et de bienveillance m envahi. J'ouvre les yeux et le moteur ronronne déjà . Je file sur les routes de la ville, et rejoint ma destination plus tôt que prévu....

          Il y a du monde. Beaucoup de personnes âgées qui viennent chercher un peu de compagnie et qui s'accroche au souvenir d'une vie remplie de joies et de bonheur. L absence les rend impatient et seul. Je traverse les allées bordées de fleurs en pots, de messages d'amour, et de promesses de souvenirs. Je m’arrête devant une jolie pierre sculptée ornée de bouquets et de couleurs pastels. Cela fait longtemps, désolé… bonjour papa…

Grâce a toi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant