Une odeur de café vient me chatouiller les narines. J'aime cette fragrance qui a bercé mon enfance au rythme des matins d'école, des petits déjeuners ingérés a toute vitesse pendant que papa finissait de préparer mon cartable.
La lumière matinale arrivait à transperser mes paupières et le sombre de la nuit laissa place à un voile blanc me forçant à ouvrir les yeux.
Un sentiment étrange s'insinue en moi lorsque mes yeux firent la mise au point sur les éléments du décor qui m'entouraient. Des peluches, des jouets, ce papier peint rose avec une frise à mi-hauteur représentant des montgolfières parcourant les nuages... Je ne rêve pas ? Je suis dans ma chambre d'enfant, celle qui m'a vu grandir,jouer et râler... Enfin si, je rêve,je m'en rend compte mais je suis incapable de me réveiller malgré un malaise intérieur évident.
J'entends que quelqu'un s'active en bas, discrètement, avec ferveur. Je me souviens de tout, je sais que c'est papa qui, à chaque nouvelle journée, se donne du mal pour me préparer un petit déjeuner digne de se nom.
Tout me paraît normal mais tout semble étrange. J'ai peur de me réveiller mais je craint tout autant de vivre, encore une fois, des sensations qui me laisseront un goût d'abandon au réveil.
Je descend les escaliers et débarque dans la cuisine avec l'énergie d'une petite fille qui attaque une journée pleine d'aventures, ce qui deccrocha un grand sourire sur le visage de papa.
Il ne me montrait jamais la fatigue accumulée au travail pourtant éreintant. Il savait rester patient et positif à mon contact pour me donner le meilleur qu'il pouvait sans que je ne m'en rende compte. Adulte, je réalise l'effort accompli.Je fini de lasser mes chaussures et j'entends déjà que le moteur de la 2cv roronne devant la maison. En ouvrant la porte d'entrée, l'odeur de la vieille mécanique envahi l'espace et je comprend que déjà, à l'époque, ce dégagement malsain d'échappement, d'huile et de chaud me semblait rassurant et sécurisant.
Je m'engoufre à l'arrière et me laisse bercer par cette cacophonie branlante, penchant à chaque virage de manière excessive mais tellement drôle. D'ailleurs, papa prenait souvent ses virages un peu trop vite pour m'amuser. Il se satisfaisait de mes éclats de rire lorsque je passait involontairement d'un côté à l'autre de la banquette arrière.Soudainement, je me retrouve assise au deuxième rang de la salle de classe de Madame Bergeron. Je me souviens bien de cette institutrice qui savait y faire avec les élèves mais elle semblait marqué par les évènements de la vie. C'était sa dernière année avant la retraite et mettait toujours autant de passion au travail. Si bien qu'aujourd'hui, j'en ai un souvenir presque parfait et ses leçons, contrairement à beaucoup d'autres, sont restées.
Alors que le sujet du moment balayait les Incas et leurs coutumes, la sonnerie de la récréation retentit à travers les couloirs encore vides. Une armée de soldats en culottes courtes allait envahir les dédales que constituaient cette école dans le but de rejoindre la cour, libératrice de tout comportement restreint qu'impose les salles de classes.Un mélange de jeux, de leçons et d'impatience à l'approche de l'heure des parents viennent clôturer cette journée de petite fille qui malgré l'évidence d'être rêvé, semble vraie.
Un flou jouant avec les visages et les minutes me ramène dans ma chambre, en fin de journée. Je suis en pyjama et il est presque l'heure d'aller au lit. Je le sais car papa vient de me le dire du bas des escaliers et pendant qu'il finit les tâches ménagères, j'entreprend de me brosser les dents. Dans le miroir de la salle de bain, je me vois avec mon pyjama licorne. Le haut arbore une tête de cheval avec une grosse corne rose. Avec un œil d'adulte, c'est assez grotesque. Mais je dois bien avouer que j'adorais tellement ce pyjama, je voulais le mettre tout le temps à un point que je le cachais pour éviter qu'il disparaisse dans le bac de linge sale.
Je me glissa sous la couette épaisse et enveloppante. Des bruits de pas retentissent jusqu' à mes oreilles et la poignée de la porte tourne pour laisser entrer papa. Il me dépose délicatement un bisou sur le front avant de me souhaiter une bonne nuit. Juste avant de quitter le pièce, il me regarde et me dit : "elle finit et elle vient te faire un bisou ! "... Il sort et ferme la porte.
J'attend que maman arrive avant de me laisser emporter par la fatigue de la journée. Lorsqu'elle entre dans la chambre, elle s'assit sur le bord de mon lit. Je lève les yeux vers elle mais son visage est flou. Impossible de la distinguer... Cela arrivé dans certains rêves, la complexité du cerveaux et de ses interprétations ouvrent l'imaginaire à des scènes aussi insolites que farfelues. Malgré cela, le son de la voix et les mouvements qu'elle effectue ne sont pas ceux de ma mère. Pourtant, j'ai une sensation de bonheur à son contact. Un sentiment très bizarre me transperse, une affection évidente et réciproque sans que je n'arrive à identifier cette femme.
Alors qu'elle borde mon lit correctement, elle se mit a fredonner quelques mots. Bizarrement, ils m'apaisent. Sa présence me semble naturelle mais pourquoi je n'arrive pas à voir son visage ? Je me frotte les yeux mais rien n'y fait, elle reste inexorablement sans face.
"Dors mon ange,
Mon amour, ma vie,
De petits louanges,
Pour accompagner ta nuit..."La mélodie est douce et jolie. Je connais cet air. Je le connais depuis très longtemps. Comment le connait elle ? Personne autour de moi ne connait cette chanson. D'ailleurs, je suis souvent passé pour une huluberlu lorsque je marmonnait ce petit morceau alors que la situation ne me le permettait pas, genre une réunion longue et ennuyeuse au boulot.
J'essaye de lui parler mais son chant m'endors sans que je ne puisse résister. Je perd le contrôle de mon rêve!
Je voudrais lui parler, lui demander qui elle est! Mais mes yeux se ferment et je n'arrive plus à parler. Elle chante encore et toujours et je sombre... Je m'endors dans mon rêve, une mise en abîme plutôt cocasse. Tout s'eteint, sa voix s'éloigne et mes interrogations avec ...
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Grâce a toi
AdventureMélanie, 35 ans, va découvrir au volant de la vieille 2cv de son père disparu, que l'absence de celui-ci, va la conduire sur des routes inconnues... un voyage pour découvrir,se découvrir et comprendre le sens du bonheur.