Chapitre 2

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Je me repris et m'avançai vers elle, lui tendant la main.

- Bonjour, Madame Wilcraft. Je suis désolée de venir si tard, le...

- Le drone vous a donné votre lettre il y a à peine quelques minutes, je sais. C'est toujours pareil, ils nous font le coup à chaque fois ! Enfin, le plus important, c'est que vous êtes là, maintenant. J'aurais été extrêmement peinée si vous n'aviez pas pu nous rejoindre.

Je ne savais pas si je devais être flattée du compliment ou vexée par une quelconque ironie de sa part, car son visage restait totalement stoïque. Je pris donc le parti de faire de même et de me contenter d'un léger sourire passe-partout.

Ma technique semblait être la bonne, car elle indiqua la porte.

- Si vous voulez bien me suivre, votre nouveau bureau est prêt à vous recevoir.

Je hochai la tête et entrai dans l'ascenseur à la suite de ma nouvelle patronne. La même voix que celle des SpeedCabs nous demanda où nous voulions nous rendre.

- Le département biologie. Couloir 4B, répondit la directrice.

Aussitôt, le cube de verre s'ébranla et descendit vers le hall d'accueil. Cette partie du bâtiment se visitait car elle débouchait, entre autres, sur des salles d'exposition destinées à présenter à la population de la station les nouvelles inventions et découvertes de l'Institut. Je savais, pour avoir effectué des centaines de recherches sur le sujet, que le département biologie se situait dans l'aile gauche, alors que la plateforme d'atterrissage surplombait l'aile droite. Cette dernière abritait notamment les départements de mathématiques et de physique, ainsi que celui d'astronomie. Lorsque le tunnel où nous nous déplacions s'ouvrit et laissa apparaître le hall, je m'approchai de la vitre pour contempler l'endroit. Une immense salle ronde entourée de colonnes de pierres et de sculptures, au sol de marbre vert d'eau. Des portes s'ouvraient dans les murs sur tout le pourtour de la pièce, dont les linteaux indiquaient le nom des expositions.

Je connaissais par cœur l'emplacement de chacune des statues représentant les directeurs successifs de l'Institut, et je les nommai à voix basse sans m'en rendre compte, avec leurs dates d'arrivée et de départ, ce qui signifiait souvent leur mort.

Mais Johanna Wilcraft avait l'ouïe fine.

- Je constate que vous portez un intérêt tout particulier à l'histoire de notre Institut. Vous m'en voyez ravie.

- Eh bien, pour tout vous dire, travailler ici, c'est un peu un rêve d'enfant qui se réalise, si vous voyez ce que je veux dire. Je suis venue un nombre incalculable de fois !

- Vous voulez dire que vous avez toujours souhaité être biologiste ?

- Quand mes amies jouaient aux magnétobilles, je disséquais des larves d'ognaton volant. Alors, oui, on peut dire ça.

Et elle se mit à rire. Moi qui avais toujours cru ces rumeurs disant qu'elle était incapable de la moindre émotion...

- Ne me regardez pas comme ça, Mademoiselle Jones ! Je suis une scientifique, pas un robot !

- Excusez-moi. C'est que... Je n'ai pas vraiment l'habitude de vous voir rire. Je veux dire, vous n'êtes pas très extravertie.

- Au poste que j'occupe, il faut être sérieux pour ne pas se faire marcher sur les pieds. Mais je ne vais pas vous croquer, Mademoiselle.

Je souris pour faire bonne figure tandis que l'ascenseur s'engageait dans un nouveau tunnel. Bientôt, les portes s'ouvrirent sur un couloir silencieux.

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