•Rena•
Quelqu'un me secoue l'épaule droite. Je suis fatiguée... Laisse moi dormir... Une cascade d'eau froide coupe ma respiration, je suffoque et, en sautant presque de mon lit, je découvre Arsène le doigt sur les lèvres. "Chhhht... Sortons", murmure-t-il. J'enfile rapidement mes bottes et ma cape, la nuit est froide par ici. Arsène monte dans la caravane de son bureau. Il s'assied dans son fauteuil et m'indique la chaise en face.
- Pourquoi tu m'a réveillée en plein milieu de mes petites heures de sommeil ?
- J'ai un dilemme important pour toi.
- Ouais, je t'écoute.
- Je suis en train de te mener sur un sentier dangereux, celui de la connaissance. Un mouton qui sait devient un loup. Et les bergers tuent les loups.
- C'est quoi ton dilemme ?
- Est-ce-que tu veux continuer à apprendre ? Si oui, t'en apprendra beaucoup plus mais de vrais dangers te chasseront. Je t'imposerai aussi un entraînement censé t'apprendre à te protéger.
- Si non ?
- Si non, tout continue normalement, tu travaillera simplement dans un cirque.
- J'ai combien de temps pour réfléchir ?
- T'en as pas. Choisis tout de suite.
- Oh. Euh... Hum. Je continue.
- Très bien. Tu sais que ça implique que tu m'obéisses totalement ?
- Euh... Genre totalement totalement ?
- Totalement.
- Oui, okay. Je peux retourner dormir là ?
- Non, l'entraînement commence cette nuit. Tout ceux qui ont fait le même choix que toi se sont entrainés la nuit pour éviter les regards de ceux qui ont choisi de tout arrêter. Personne dans ce cirque, hormis moi, ne sais qui "sait" et qui ne "sait pas".
Je suis complètement morte, j'ai passé la soirée à ranger après le spectacle...
- Oh... C'est quoi ton entraînement ?
- Suis moi.
On sort des rues désertes de la ville, on est dans une vaste prairie bordée d'un côté de la petite ville, de l'autre d'un forêt abyssale. Arsène s'arrête et se retourne. Il retire sa veste de fourrure et sort une mitraillette automatique Mac 11 de la veste de son costume vert foncé.
- Je vais te montrer une fois comment le tenir.
Il le tiens à bout de bras d'une main et la tiens de l'autre en pointant le canon sur moi. Soudain, dans son regard froid, je me demande s'il ne va pas me butter là, dans cette plaine, à l'abri de tout regard.
- Attrape.
Le fusil est plus lourd que ce que je croyais en le voyant le manier aussi facilement.
- Vise moi.
Je tente de tenir l'arme comme lui et la pointe sur sa gorge. Pile sur son nœud papillon. Il se relâche un peu en pliant légèrement les genoux.
- Bien. Tire maintenant.
- Quoi ?!
- Tire.
- Non... Non je ne peux pas...
- Tire tout de suite !
Mes pensées filent à toute vitesse. Peut-être qu'il veut m'utiliser pour se suicider. Peut-être qu'il veut me renvoyer en prison à vie. Ou qu'il veut me condamner à la peine capitale. Il sort alors un poignard fin d'une vingtaine de centimètres.
- Je lance très précisément. Je vais me répéter une dernière fois. Tire où je te tue sur le champs. Je te fais un décompte.
Son regard est glacial. C'est pas du bluff, il veut vraiment que je le tue.
- Trois.
Il lance le fourreaux du poignard à ses pieds. Il le tiens du bout des doigts et le fait danser dans sa main droite.
- Deux.
Il attrape le couteau.
- Un.
Merde. Je tire.•Lyn•
J'ai trouver un dossier du nom de "Yasmina Aruet", une femme de 37 ans assassinée par une organisation terroriste anonyme qui aurait laissé trois enfants : Shon (17 ans), Cassius (16 ans) et Noca (11 ans). Cassius est donc enfermé pour cinq ans dans ce que même les hadéites appellent "l'école du crime" au même titre que les Centres de Détention pour Race Démoniaque. Il sortira de la dans une organisation révolutionnaire ou avec un plan sous illicite. Sa vie est gâchée, il sera sans doute obligé de sacrifier son innocence pour la survie et la dignité minimale de sa sœur et pour les siennes. Le rapport indique aussi que Shon, le plus grand des trois, ce serait enfuit et serait, encore à cette heure-ci, introuvable. Cassius... Est-ce qu'on se reverra ?
•Cassius•
Les lits sont vraiment durs, je dort sur ma couverture malgré le froid pour éviter le matelas rêche. Noca a peur et pleure encore beaucoup, elle n'a pas encore avalé la mort de Maman. C'est pourquoi je la laisse dormir avec moi. On a dû donner tout l'argent que nous à laissé Shon pour que ce surveillant nous laisse dormir dans une cellule ensemble malgré nos sexes différents. Hier, un gars d'au moins vingt ans m'a bousculé dans la cantine et, en me criant une infinité d'insultes, m'a glissé un papier dans la poche de ma veste. J'ai directement compris que c'était une ruse et j'ai attendu d'être dans ma chambre avant d'ouvrir le mot. "Shon t'enverra de l'argent et des lettres sous l'identité de ta tante Mary. Détruit ce mot." Je souris, je n'ai pas de "tante Mary". Je savais qu'il ne nous oublierait pas. Le soir dans le bruit infernal du quart d'heure précédant le couvre-feu, je retrouve Noca qui est affectée à d'autres sections que moi et lui raconte le message de Shon. Elle hoche la tête avant de se replonger dans l'écriture de son "livre" (d'après elle). Notre cellule se trouve près du bout du couloir, j'ai donc accès à un tout petit peu de lumière qui filtre par la fenêtre.
•Rena•
Un petit nuage de poussière s'élève à quelques mètres de nous, la rafale de balles y à atteint le sol. Mais ?! Je suis sûre d'avoir bien visé le torse d'Arsène. Il est maintenant juste à côté de moi et mon fusil est entre ses mains. Qu'est-ce-qui s'est passé entre le moment où j'ai appuyé sur la gâchette et le moment où le feu a cessé ?! Il n'a pas été touché d'une seule balle qui ont toutes finies un peu plus loin sur la route de terre et à réussi à prendre mon arme tout en laissant le poignard dans sa main droite.
- Les balles vont bien plus vite que n'importe quel être humain. Je n'ai pas pû les éviter. Seulement, avec un œil assez entraîné, des gestes assez précis et une bonne vitesse, tu peux prévoir certains gestes et bouger plus vite que le doigt d'un ennemi sur la gâchette. Je vais t'apprendre un art sans arme qui joue principalement sur l'optimisation des capacités de ton corps.
Arsène se replace à quelques mètres de moi et me vise avec le Mac 11.
- Imagine que mon doigt aille au ralenti. Qu'est-ce que tu ferais ?
Je bondis, pousse l'arme vers le sol un peu plus à droite et l'arrache habillement.
- Exactement, à croire que tu m'a vu faire. Seulement, comment atteindre une telle vitesse?
- Par un entraînement intensif de mes muscles ?
- Oui. Mais pas seulement.
- Quoi d'autre ?
- La méditation.
- Qu'est-ce que ça peut apporter à ma vitesse ?
- Presque tout. Tu saura aller à une vitesse très rapide quand tu maîtrisera entièrement ta lenteur.
- La méditation ?!
- Et ce qu'elle apporte.•Lyn•
J'entre à la maison par derrière, comme à chaque fois que je n'ai pas les clés, en passant par le jardin. Papa est dans la piscine sur une bouée. C'est bizarre, il n'entre jamais dans la piscine.
- Papa, je suis rentrée !
Il ne répond pas, il a l'air de dormir. Je remarque tout à coup les boîtes de pillule sur le bord de la piscine. Je jette mon sac dans l'herbe et court plonger. L'eau est chaude mais un frisson me traverse, on est en plein hiver. Je nage le plus rapidement possible et, atteignant la bouée, je trouve mon père le visage légèrement bleuté et le corps vide de toute respiration. Un filet de sang coule de son nez. J'appelle Maman qui est retourné vivre chez son père.
- Oui, chérie ?
- Maman ! Papa est mort, il est dans la piscine sur une bouée et il est mort ! Il est mort, Maman, il est mort !
- Bouge pas de là. J'appelle la police. Ne bouge pas ma chérie !
La légère fausse note dans sa voix sûrement due à un sanglot me surprend. Elle venait de la quitter et puis Maman a toujours été si forte, je ne l'ai jamais vue verser la moindre larme.•Cassius•
Je me suis réveillé en plein milieu de la nuit, ma montre indique 4h41 du matin. Plus de surveillance jusque 6 heures. Noca dort. Je me lève et, à la faible lumière du couloir, je vois des traces de pleurs sur son visage angélique entouré de boucles d'un noir de jais. Soudainement, dans le monde de ses rêves, Noca sourit doucement. Enfin.
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~H A D E A~
AdventureDes humains traités comme des démons. Des évolutions et des conflits psychologiques et philosophiques. Dans un monde que l'on ne connait pas, les aventures de plusieurs personnages se mêlent, se rencontrent et se séparent. Des aventures qui voyagent...