~H A D E A~

Chapitre 3

•Cassius•

    Lyn m'a donné rendez-vous près du parc Dosska. Je n'ai pas trop envie d'y aller, c'est pas un démon, ce ne sont que des problèmes. Shon m'a parlé de ces activités nocturnes à propos desquelles il se disputait avec Maman. Il est dans l'armée révolutionnaire (AR). Ils sont basés en dehors de notre ville mais ont deux grands régiments en plein cœur de celle-ci. Ils veulent récupérer les droits des démons par la force étant donné que tout les autres domaines nous sont fermés. Je me demande si finalement, la solution par l'éducation que je prône depuis toujours ne serai pas moins fructueuse que celle de l'AR. La violence n'est jamais bonne mais peut-être que c'est un sacrifice à faire pour avoir le minimum des droits humains, pour qu'on refuse plus tout travail parce qu'on lit "démon" sur le CV.
    Je ne vais pas aller au rendez-vous.

•Rena•

    J'ai trop mal aux cuisses. Arsène abuse sur l'entraînement, j'en peux plus. Dès qu'il revient de sa petite balade je lui dit que j'arrête pour aujourd'hui. Je le vois arriver.
- C'est bon pour aujourd'hui, vas te reposer un peu. Par contre je te veux à 19 heure pile dans mon bureau, j'ai quelque chose d'important pour toi.
    Enfin ! Je vais aller nager un peu, d'après Careen, il y a un petit lac plus au sud de la ville où on s'est arrêté. On a un spectacle prévu pour dans une semaine. Ça va être mon premier spectacle.
- Okay. À 19 heure pile.
    L'eau est froide. J'adore l'eau. J'ai l'impression qu'elle me lave de toute ma vie, toutes mes impuretés, tous mes problèmes... Je me couche sur l'herbe chaude de fin d'après-midi. 17h38. J'ai pile le temps de remonter au cirque.

•Lyn•

    Ça fait une demi heure que je suis là et près de 20 minutes que Cassius est en retard. Il ne viendra pas. Peut-être qu'il a un problème ou peut-être qu'il n'a pas voulu venir. Mais si, bien sûr qu'il aurait voulu venir. Non, je suis une humaine et c'est un démon. Il y a un petit arbre de fleurs blanches à l'entrée du parc.

•Cassius•

    Tous les humains sont des traîtres, tous les humains se pensent supérieurs. Certains jouent la comédie, certains la jouent même très bien mais ce sont tous des traîtres. Pourquoi est-ce que je ferai confiance à une humaine quand des dizaines m'ont trahis? La naïveté et la confiance ne sont que des leurres pour enfants. Dans notre monde c'est chacun pour soi.
    Je vais me promener avec Noca, loin de nos quartiers, je veux qu'elle connaisse les beaux parcs pour humains et pas seulement nos rues délabrées que l'État oublies sans faire exprès.
- Oh, je veux aller là. Dans ce parc ci.
    C'est le parc Dosska.
- Non, j'en connais des meilleurs, Noca.
- Si! Je veux aller là. S'il te plaît Cassius...
    Ça va faire une heure et demie que je suis en retard, elle a dû partir. Et puis Noca n'a pas l'air de vouloir changer d'avis.
- D'accord, on y va.
    Son visage s'illumine d'un immense sourire. Je souris à mon tour. Je tuerai pour que personne ne le lui enlève. Ma petite Noca.

•Rena•

    *flashback*
    - Arrête! Papa, arrête! Elle dort c'est bon, elle ne respire plus! Mais qu'est-ce que t'as fait Papa!
Les larmes inondent mon visage, coulent sur mon pull. J'ai terriblement mal à la tête, du sang coule sur mon front et se mêle aux larmes. Mes genoux sont de plus en plus mouillés par la tête de Maman qui repose entre mes bras. Trop de sang coule sur mes genoux, par terre... Elle a l'air heureuse. Elle sourit paisiblement comme si elle avait enfin trouvé la tranquilité. Papa est ressorti, la porte de l'appartement est ouverte. Sa tête réapparaît devant la porte.
- Dépêche toi de te trouver un plan, le proprio va sûrement te virer de cet appart avec une mère morte et un père disparu.
    Quel lâche !... Quel enfoiré !

    J'arrive devant le bureau d'Arsène. Je frappe.
- Entre, ma fille.
    Ça sent bon, on dirais un mélange entre du parfum pour homme et de la vanille. Il y a deux grandes bibliothèques.
- J'ai quelques chose pour toi, Rena.
    Il me tend un livre. "Traité sur l'Égalité".
- Je voudrais que tu le lises pour moi et que tu me donnes ensuite ton avis dessus.
- Okay, c'est d'accord.
    J'ouvre le livre. J'ai ouvert la petite fenêtre, il n'y a que moi dans la caravane. Il y a une carte du monde entier à la première page.

•Cassius•

    Merde, c'est elle. Elle restée deux heures dans ce parc pour un démon ! Elle joue très bien ! Noca est dans le bac à sable, elle est dans un monde de château dans le désert qu'elle a créé. Lyn m'a vu. Je vais aller vers elle pour que Noca ne la vois pas.
- Cassius! Qu'est-ce-qui t'es arrivé ? Je savais que tu ne me laisserai pas!
- Je croyais que tu étais déjà partie, j'ai juste accompagné ma petite sœur au parc.
- Heu... Quoi?... Pourquoi tu ne voulais pas venir?
- Je vous vois venir, vous les humains. Je veux bien être poli mais on ne sera jamais amis. Enfin pas avant l'égalité entre nos ethnies et le châtiment de vos dirigeants xénophobes.
- Tu te crois si différent d'eux ? Oui, je ne pourrai jamais renier les crimes qu'ils font contre vous, les crimes que la société qu'ils ont bâti font contre vous... Mais est-ce que me juger selon mon origine comme tu le fais n'est pas précisément ce qu'ils font avec vous?
- C'est incomparable. Je ne discrimine pas des peuples entiers moi. Tu ne pourras jamais me parler d'égalité ou de paix. Ce ne sont que des mensonges. Tu sais ce que c'est d'être tout heureux d'apprendre à lire à l'école pour lire que sur l'étiquette que tu dois porter chaque jour à l'école est écrit le mot "démon"? Non, tu ne sais pas et tu ne sauras jamais.
- Oui ! Je ne saurais jamais. Mais est-ce que parce-que je suis née de parents hadéites je ne peux prétendre être ton amie? Si pour toi c'est tout à fait normal de juger quelqu'un à son origine alors dit moi ce qui te différencie d'eux ?
    Elle a raison. Je suis tout aussi stupide que ces hadéites que j'ai toujours détesté. Je me retourne, Noca est en train de sortir du bac à sable.
- Viens, Noca ! On y va !
Je m'en vais en marchant très vite, trop vite pour ma petite Noca.

•Lyn•

    Il a compris. Et je le comprends mieux d'ailleurs. Il y aussi des hadéites qui veulent changer ce monde pourri. Je sort du parc.
    Toujours personne à la maison. Je m'arrête un moment devant mon  lit. Quelle journée. Je m'endors directement, dés que ma tête touche mon oreiller.

•Cassius•

    Shon fait les cents pas dans l'appartement et Maman est assise sur son matelas. Elle tiens deux feuilles et une enveloppe vide, les doigts qui tremblent. Quelque chose ne va pas.
- Qu'est-ce-qui se passe ? Shon ? Maman ?
    Maman lève la tête, les yeux dans le vide. Les yeux vides. Shon me regarde. Ces nerfs emplissent la pièce.
- On a reçu une lettre, ils veulent qu'on quitte l'appartement. C'est les mêmes qui ont tués Papa.