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Je me retourne, car il me semble que l'on s'adresse à moi. Une fille élancée à la chevelure blonde est postée à quelques mètres. Je me sens éblouie par sa prestance ; elle est telle un rayon de soleil qui vient brûler le fond de ma rétine. Je ne suis pas sûre de la couleur de ses yeux – bleue, ou vert émeraude, peut-être – qui semble découler d'un mélange. Elle se rapproche, le sourire aux lèvres, réduisant la distance entre nos deux corps. Je ressens dans mon dos sa chaleur lorsqu'elle se penche par-dessus mon épaule pour jeter un coup d'œil furtif à mon emploi du temps. Je reste en apnée, n'osant plus émettre le moindre souffle.

– Tu es en première année ?

– Oui.

– Ça se voit ! Ne le prends pas mal, surtout. A193, c'est ça que tu cherches ?

– Oui...

– T'inquiètes pas, c'est pas loin du tout. Tu te souviens par où tu es venue, l'entrée du bâtiment ? Eh bien, tu descends, tu sors, et à droite tu as un autre bâtiment ; c'est là. Tu verras, il est petit et ne comporte que peu de salles, tu vas trouver directement.

Je pousse un soupir de soulagement. Soudain, elle pose sa main sur mon épaule et la presse légèrement.

– Détends-toi, ici personne n'est là pour te réprimander si par hasard tu loupes un cours. C'est plus le lycée, pas de vie scolaire pour traquer tes absences et réagir en conséquence, me rassure-t-elle avec un petit sourire.

– Merci beaucoup...

Je dévale les escaliers pour rejoindre la sortie, prends le chemin qu'elle m'a indiquée et esquive de peu le retard. J'éprouve de l'intérêt pour le cours durant toute la matinée. Arrive l'heure du déjeuner. Je n'ai pas le temps de retrouver Apolline, et me dirige donc seule vers le resto U le plus proche. Je commande un sandwich et pars m'asseoir à une table libre. L'endroit n'est pas le moins bruyant qui soit ; déjà, les chaises se bousculent, les estomacs en quête d'un repas se précipitent dans la queue face au comptoir, les bandes d'amis s'égosillent comme si ces derniers ne s'étaient pas vus depuis des lustres.

– Si, si, nos conocimos en un bar, estaba ebrio !

– ¿ En serio ? No lo sabía.

Je suis entourée d'étudiants aux styles divers et variés ; l'origine du groupe situé à ma droite est indubitablement espagnole. Je saute sur l'occasion pour améliorer mes compétences dans la langue ; mes neurones se connectent et entrent en ébullition pour saisir quelques bribes de leur conversation.

– Por supuesto... el profesor... mantequilla...

Parlent-ils de beurre ou d'un professeur ? Je ne saurais le dire. Je rigole silencieusement à leurs échanges, malgré mon piteux niveau de compréhension orale, lorsqu'une ombre apparaît au milieu de ma table. Je lève la tête et l'aperçois, avec son visage aux traits si délicats.

A193Où les histoires vivent. Découvrez maintenant