Duel sensuel

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Elle sent ses mains d'homme glisser lentement sur son dos, chaudes, fermes, pressantes, et ce contact plus encore que la bouche de Rama l'empêche de penser. Soudain, il accroche ses hanches et la plaque contre lui, nue et ruisselante, et elle sent son corps dur et nerveux peser contre ses seins.

Il joue avec ses lèvres, les mordille et les relâche lentement, avant d'attirer sa langue de la sienne, l'entraînant dans une danse langoureuse faite de caresses qu'elle n'avait jamais imaginées. Il lui laisse à peine le temps de reprendre son souffle, la submergeant sous une vague de sensations que sa cécité amplifie, la laissant en déséquilibre dans un vertige excitant : elle ne sait pas quel sera son prochain mouvement et l'anticipation fait se serrer son ventre de désir. Tout son corps est tendu, pressé contre lui. Elle ressent comme une sorte d'irritation grandissante, un manque, une faim qui s'amplifie à chaque mouvement de ses hanches contre l'envie évidente de son partenaire.

Elle le veut.

Brusquement, un gémissement lui échappe tandis qu'il vient pincer avec tendresse l'un de ses tétons. Son esprit se vide : devant des siècles d'expérience dans la luxure, sa virginité ne peut faire long feu. Il perçoit sa reddition et ne lui laisse pas le temps de changer d'avis. Seuls quelques pas les séparent du lit car, avant même qu'elle n'ait réalisé, elle rebondit sur un épais matelas. Il est sur elle. Le frottement du tissu devient une torture sur sa peau sensible. Elle veut quelque chose qu'elle n'ose nommer. Mais son mouvement de bassin parle pour elle. Il émet alors un rire moqueur.

Et tout bascule.

Soudain l'envahit une colère semblant sortie de nulle part. Il croit qu'elle est à lui ? Il croit pouvoir posséder une Luciferus ? Pour qui se prend-il ? Elle renverse leurs positions d'un mouvement de hanches, le clouant violemment au lit.

Il gémit quand ses ongles soudainement griffes empalent ses mains sur le matelas.

— Je suppose que ce n'est plus Doll aux commandes ?

— Elle a pris quelques vacances, répond froidement la celle qui domine désormais la situation.

— Ce n'est pas grave, Princesse : j'aime toutes tes personnalités.

Pour toute réponse, elle s'empare de son lobe d'oreille avec ses dents et l'arrache d'une torsion rageuse.

— Vraiment ? ricane-t-elle.

Il n'émet pas un cri et prend la parole d'une voix lénifiante, le genre de voix qu'on utilise face à un fou ou un chien enragé.

— Je ne suis pas certain que Doll soit d'accord avec ça...

— Ça repoussera ! Et quand elle reviendra, elle ne se souviendra de rien, comme d'habitude ! Maintenant, tais-toi, ordonne-t-elle avant de se frotter lascivement contre son érection.

Sa langue, après avoir nettoyé ses propres lèvres, vient s'occuper de la blessure.

Elle adore le gout de son sang. Elle pourrait le vider totalement. Se gorger de sa magie jusqu'à ne plus pouvoir la contenir. Qu'elle la remplisse jusqu'à fendiller cette enveloppe fragile qui est la sienne.

Elle ne peut pas. Sa pitoyable part humaine ne le supporterait pas. Et elle a besoin de lui.

— Où se trouve le sale gosse ?

Il grogne.

— Je suis désolé mais on a un accord, il me semble.

Elle a envie de l'étriper. Ses griffes s'enfoncent cruellement dans la peau de ses poignets. Il se tend mais garde le silence. La douleur ne le fera pas parler. Bien : elle a d'autres méthodes.

Elle sent le bout de son sexe qui s'est échappé du tissu de son pantalon. Un petit morceau de peau satinée sur lequel elle se caresse. L'enduisant de ses fluides.

Il lâche un souffle étranglé, essaye de libérer ses mains avec davantage d'énergie : il ne fait pas le poids. Elle se fait un plaisir de le torturer sensuellement. Vengeant des dizaines de femmes qui se sont transformées en poupées dociles dans les bras de ce prédateur.

— Où est Dimitri ? demande telle.

Rama ne s'avoue pas encore vaincu : il parvient à happer l'un de ses seins. Le léchant tranquillement comme un gros matou paresseux. Elle lui saisit les cheveux pour l'écarter, mais il la punit en lui faisant sentir ses dents. Un éclair de douleur et de plaisir mêlés lui fait cambrer le dos. Elle tire sur ses mèches soyeuses tout en amplifiant ses mouvements de bassin contre lui, et il relâche doucement sa poitrine.

— Je veux te sentir complètement, dit-il d'une voix rauque. Enlève-moi ça !

Ses vêtements deviendraient-ils difficiles à supporter ? Pauvre chou.

— Où est Dimitri ? Où est mon frère ?

— C'est pas vraiment le moment de parler de ton frère, là ! Ôte-moi ce fichu pantalon !

— La première arme que j'ai tenue en main, c'était un katzbalger : c'était la seule à ma taille dans toute la collection d'Astaroth. Tu sais ce que signifie le nom de cette arme, gros matou ? Écorcheur de chat.

Elle se penche pour lui susurrer à l'oreille :

—Tu es à ma merci : je pourrais faire ce que je veux de toi.

Elle ponctue ses mots d'un nouveau frottement.

— Arrête de jouer avec moi !

— J'arrêterai quand je l'aurai décidé ! Je peux tenir toute la nuit, s'il le faut.

En effet, elle le peut. Il n'a pas autant d'influence sur elle quand sa part humaine est sur le banc des remplaçants. À cet instant, elle est cent pour cent Athanatos. Elle aime le sexe, mais le sang encore davantage. Quand l'autre ne tue que par nécessité, elle le fait par plaisir.

Il n'est pas son genre. Trop civilisé. Elle n'en ferait qu'une bouchée si elle n'aimait pas autant s'amuser avec la nourriture. Dans ce genre de jeu, elle est aussi féline que lui.

Mais il est plus retors.

—Tu aimes mon sang, chaton ? Tu n'en voudrais pas davantage ? la tente-t-il.

La faim tord aussitôt son ventre. Elle n'en a pas eu assez à son goût. L'humaine ne la laisse jamais se sustenter, la gavant de nourriture comme si cela pouvait lui suffire. Et même cela, elle n'y a pas eu droit depuis longtemps. On sent ses côtes : elle est aussi fragile qu'un oisillon tombé du nid. Ses petits os pourraient se briser pour un rien. Elle n'aime pas cela. Cette douleur, ce manque.

Sa langue s'égare malgré elle sur la gorge du mâle. Il semble apprécier vu le mouvement erratique de ses hanches. Elle savoure le sel de sa sueur. Son odeur épicée est plus forte à cet endroit-là. Sa langue trace des cercles, à la recherche de sa jugulaire puis, sans prévenir, elle le transperce de ses crocs. Il gémit, se tordant sous elle. Elle lape son sang tandis qu'il jouit. Tombé à son propre piège. Il croyait vraiment qu'en cédant à sa faim, elle allait docilement s'ouvrir à lui ?

Elle le prend bien en elle, mais pas de la manière dont il l'espérait.

Le liquide chaud est une douce brûlure dans sa gorge. Une vraie drogue : elle ne peut pas s'arrêter. Elle se laisse remplir de son doux nectar gorgé de pouvoir. La chaleur monte de plus en plus dans la pièce. Leurs fluides s'étalant contre son ventre dans une flagrance musquée. Il tremble contre elle : il la laisserait le dévorer jusqu'à la dernière goutte, si elle le voulait. Totalement soumis aux sensations.

— Il est à Samur, murmure l'Athanatos d'une voix endormie lorsqu'elle le relâche enfin.

Faible.

Elle l'abandonne là et part à la recherche de Shad.

Doll Où les histoires vivent. Découvrez maintenant