On entrait dans sa chambre, Evan émergea hors du sommeil. Une vieille infirmière blasée le salua sans sourire, ouvrit les rideaux et lui servit l'un de ces insipides petits déjeuners d'hôpital. Evan n'y toucha pas. Il se rendit aux toilettes, se lava un peu au lavabo et regagna son lit en claudiquant. Il était pressé de sortir d'ici. Il jeta un œil à sa paume et vit qu'elle arborait toujours le même sigle. Apparemment, Kadvael avait trouvé le moyen de rester lorsqu'il dormait et de disparaître avant même qu'il ait ouvert les yeux. La même infirmière repassa une heure après et récupéra le plateau toujours plein. Quand Kadvael allait-il revenir ? Il lui manquait déjà, c'était ridicule, mais il le sentait.
La porte s'ouvrit d'un coup. Une tête blonde surgit dans la chambre, les yeux grands ouverts.
- Oh Evan ! gémit Louise en s'élançant vers lui.
Le jeune homme l'observa s'approcher, abasourdis. Comment savait-elle ? La demoiselle s'assit sur le lit et prit sa main dans la sienne. Dans son dos, Evan vit apparaître la silhouette massive de Victor.
- Vous... réalisa lentement Evan. Qu'est-ce que vous faites là ?
- Kadvael nous a tout raconté, expliqua la jeune femme.
- Tout ?
- Ouais, répliqua brusquement Victor, pour ton père aussi. T'aurais dû nous en parler.
Une vague de froid passa dans le cœur d'Evan. Les propos de son ami avaient la consonance des reproches et Louise devina son trouble.
- Victor ! le sermonna-t-elle. C'est pas le moment !
- Ouais bah, n'empêche que si on l'avait su avant tu serais peut-être pas passé à côté de la mort.
- Victor, ferme ta-
- Louise, la coupa Evan, il a raison. J'ai jamais osé vous le dire, mais j'aurais dû. J'avais juste... (Il les observa successivement. Devait-il leur dire ?) J'avais peur d'être rejeté.
- Rejeté ? répéta Louise. Pourquoi on t'aurais rejeté ? C'est ton père qu'il faut rejeter !
- Faut lui péter le nez, ajouta Victor.
- C'est plus compliqué que ça... soupira Evan qui sentait des maux de tête le gagner.
- Je vois pas en quoi c'est compliqué, répliqua Victor, il te frappe, je le frappe. Affaire réglée.
- Eh oh, Eh oh ! Calmez vos ardeurs, vous le rendez nerveux. (Tout le monde se tourna de concert vers Kadvael que personne n'avait entendu entrer.) Mon ange va perdre ses plumes.
Le démon s'avança vers eux, l'air noble et doux, Victor se décala instinctivement pour lui libérer le passage. Kadvael se pencha au dessus d'Evan et les joues de celui-ci se colorèrent d'un joli rose lorsqu'il lui baisa le front. Louise avait l'air un peu bête d'une collégienne amoureuse et Victor avait détourné les yeux, mal à l'aise. Il n'avait pas de problème avec l'homosexualité d'Evan, mais le voir avec un autre homme demeurait une source de gêne pour son hétérosexualité affirmée.
- Je suis désolée, fit Louise en se levant pour laisser la place libre à Kadvael.
- Il n'y a pas de mal, répondit-il et son regard fit à la jeune femme l'effet d'une caresse, reste assise je t'en prie.
Louise se rassit lentement, les joues empourprées. Un long silence suivit l'arrivée de Kadvael. Le démon tenait un sac en carton dans la main, dont il sortit une sorte de grand gobelet couvert en papier cartonné.
- Tiens, dit-il en le tendant à Evan, ton petit déjeuner.
Evan le prit d'une main hésitante, une odeur de chocolat chaud émanait du gobelet et son ventre sembla soudain se souvenir qu'il était creux.
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Be my slave and I'll be your lover
Paranormal" Evan le serrait dans ses bras, blotti. Il profitait tant qu'il le pouvait encore de ce contact salvateur, de cette odeur qu'il commençait à connaître et qu'il inspirait à grandes bouffées. Kadvael entendait son cœur battre, il le sentait sous sa p...