CHAPITRE V : TON GRAND SECRET

118 6 1
                                    

Evan se tut et demeura immobile, les yeux fixés vers le ciel. Louise attendait une réponse, progressivement plus curieuse de seconde en seconde, des milliers de possibilités plus rocambolesques les unes que les autres se présentaient à son esprit.

- Et qu'est-ce que c'est ? chuchota-t-elle.

- Evan ! (Les deux jeunes gens se redressèrent de concert. De l'autre côté du jardin, Nelly leur adressait de grands signes de la main.) Evan, viens par là ! Il y a un jeune homme à la porte qui te demande !

Evan eut la sensation qu'une pierre lui tombait dans la poitrine et, en même temps, fut frappé d'un sursaut d'excitation. C'était Kadvael, il en était sûr ! Et si Nelly l'avait vu alors il pouvait au moins être certain de ne pas être assez fou pour l'avoir imaginé. Il se leva et Louise le suivit, toute étonnée elle se demandait qui pouvait bien demander Evan parce que, à sa connaissance, elle et Victor étaient ses seuls amis. En débarquant dans le couloir de l'entrée, elle crut sentir sa mâchoire inférieure se décrocher. Tout au bout, sur le seuil de la porte, un jeune homme parfaitement magnifique les observait venir. Elle n'avait jamais vu une telle beauté sur aucun visage, une telle prestance dans aucune tournure, un tel charme se dégager d'un homme. L'inconnu lui adressa un sourire ravageur et son cœur fondit dans sa cage thoracique comme un coulant au chocolat dans un micro-onde.

- Et lui, tu le vois ? lui chuchota Evan.

- Oh oui. Putain. Je le vois.

Evan haussa un sourcil. Louise était visiblement subjuguée, elle avançait, les yeux fixés sur Kadvael.

- Bonjour, réussit-elle à lâcher une fois qu'elle fut à sa hauteur. Euh, je m'appelle Louise.

- C'est un plaisir, Louise. (Le son de sa voix, grave et profonde, avait suffi à faire monter le rouge jusqu'aux oreilles de la jeune femme.) Eh bien Evan, tu ne me présentes pas ?

Le jeune homme en question secoua la tête avec un air blasé.

- C'est Kadvael, un ami.

- Un « ami » ? répéta le démon avec des faux airs d'homme blessé.

Louise jeta un œil à Evan, puis à Kadvael, les yeux ronds et pleins d'incompréhension. Elle avait momentanément oublié cette histoire de folie et de tatouage.

- Ouais t'as raison, reprit Evan sur un ton cynique, on est pas du tout ami. En fait je dirais même que-

Il fut brutalement interrompu par deux lèvres chaudes plaquées contre les siennes. Un frisson qu'il commençait à connaître lui courut de la bouche jusque dans le ventre, lorsqu'il comprit que Kadvael l'embrassait... Devant Louise ! Il aurait voulu reculer, mais le démon le plaquait contre lui, un bras dans le dos et une main dans les cheveux. Finalement, il le libéra doucement, son souffle lui passa sur les lèvres et ses paupières s'ouvrirent sur deux yeux luisants et rouges, qui reprirent une teinte brune la seconde suivante. Louise demeurait pantoise, la bouche entre-ouverte.

- Alors vous...(Elle réalisa.) Evan tu m'as caché ça ! Espèce de petit con ! explosa-t-elle, tout sourire. Pourquoi tu nous as rien dit ?

- Euh, j'ai, je...

- Excuse-moi Kadvael, continua-t-elle, mais je peux pas le laisser s'en tirer comme ça. Je te l'emprunte juste une minute ! (Elle entraîna Evan dans la cuisine, referma la porte et se tourna vers lui.) Alors c'était ça ton grand secret ? Tu croyais quand même pas qu'on allait genre, te « renier » parce que t'es gay ? Tu es gay !

- Quoi ? Mais non ! Non je suis pas gay, c'est Kadvael, il...

Les mots lui échappèrent, il n'osait pas le dire. Au final, peut-être était-il préférable que Louise le pense gay, plutôt qu'elle le pense fou. La demoiselle en question lui adressa un regard qu'elle ne lui avait encore jamais adressé auparavant, un regard tout attendris et plein d'une compréhension bien trop compatissante à son goût.

Be my slave and I'll be your loverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant