Chapitre 20

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Après l'enterrement William tomba dans une dépression noire. Il commença à sécher les cours et quand il les suivait il 'était présent que physiquement. Tout alla de travers quand il commença de fumer des joints avec un petit groupe de motard du quartier. Ils avaient tous cinq ou six ans de plus que lui. William se rendait bien compte qu'il ne faisait pas ce qu'Ariane avait voulu dans son testament et pour oublier il fumait encore plus. Cercle vicieux.

Ainsi ne fut-il pas étonné quand le directeur le convoqua dans son bureau vers la fin de l'année pour lui annoncer qu'il allait redoubler. William était si défoncé d'avoir fumé qu'il ricana et sortit. Quand sa mère l'appela il mentit et dit qu'il passait l'année. Cela ne lui fit pas pour autant reprendre conscience et continua de fréquenter le petit groupe de voyous. Au fil du temps il prit des drogues plus fortes au désespoir de Bruno et Patricia qui faisaient tout pour lui confisquer ces substances. Puis Will devint violent, il réagissait mal à tout.

Un jour, pendant les vacances d'été, alors qu'il s'était caché dans une impasse sale et encombrée de poubelles pour se droguer il entendit un miaulement. Il pensa que c'était l'effet du joint.
Miaou...
Pas possible.
Miaou...
Encore?
Intrigué il se dirigea vers l'endroit d'où provenait le son et vit alors quelque chose qui le toucha, chose qui n'était encore jamais arrivée depuis l'enterrement d'Ariane. Il vit un chat minuscule, tout gris, qui le regardait d'un air apeuré de ses grands yeux noirs. William resta un moment sans bouger ne sachant pas quoi faire entre laisser tomber le joint ou le chat. Il choisit de laisser tomber le joint.

C'est alors que levant les yeux il vit un avis de recherche:
Perdu mon chat. Gris. Tout petit. Collier rouge avec des marguerites.
Svp contacter le +33 4 345 34 56 12.
Ou venir à l'adresse: 45, rue du Vieux Château.
Mathilde Thébault.

La description correspondait effectivement au petit chaton apeuré. « Quelle idée d'avoir mis un avis ici? »
William se pencha et tendit la main en jetant au loin son joint. Le chaton recula et miaula.
- Chhhut... viens... suis pas méchant... chaton! Allez viens... psst...
Il saisit l'animal par son collier et le prit dans ses bras. Il était tout chaud et il sentait son coeur battre.
- Go à la rue du Vieux-Château...

Tandis qu'il marchait dans cette direction il sourit. Il tenait la vie dans ses bras... c'était merveilleux...
33...
Un petit chat perdu lui faisait autant d'effet ? Naturellement...
39...
C'était étrange cette sensation...
45.
- On y est. Enfin! Il poussa la porte tant bien que mal pour ne pas faire tomber le petit chat. Il jeta un oeil aux boîtes aux lettres et vit que Mathilde habitait au cinquième.
- Et puis merde hein..., dit-il en s'engageant dans les escaliers.

Il arriva tout essoufflé au cinquième étage et sonna de toute sa force. Instantanément la porte s'ouvrit et Willi resta sans voix. UNE FILLE! Belle! Pas autant qu'Ariane mais...
- Salut!, dit elle enjouée."

Elle était blonde et avait de beaux yeux bleu foncé. Elle sourit ce qui déstabilisa Willi.
- Hem, oui ah euh si 'fin le... je veux dire que... attends c'est pour... le chat."

Elle regarda dans les bras de William et poussa un cri de joie. Soudain le jeune garçon eut terriblement honte de sentir le joint et d'être dans un état aussi piteux face à une fille qui respirait la vie et la bonne humeur.
- Il s'appelle comment ? Le chat je veux dire hein..., demanda William.
- C'est une femelle ! Elle s'appelle Ariane."

Le choc fut si fort qu'il manqua faire tomber le pauvre chaton qui se demandait bien ce qui se passait.
- Ça va ?, s'inquiéta la belle jeune fille.
- Oui t'inquiète pas.
- Mais entre seulement ! Je travaillais l'alto! Tu sais ce que c'est ?"

Will entra et acquiesça avec un sourire gêné... il ne savait pas ce qu'était un alto et fit une gaffe en disant que c'était comme un violon quand elle le sortit. Elle rit. Mathilde dit à William de s'asseoir et il se posa tout gêné sur l'extrême bord du canapé.

Elle commença à jouer quelque chose, du Bach peut-être mais qu'importe, quoi qu'il en fût William fut littéralement cloué sur le canapé. La douce mélodie lui arracha des larmes d'émotion et surtout de honte. Honte d'avoir mal tourné. Honte de n'avoir pas respecté Ariane. Il était en rage... puis la mélodie s'éteint doucement et Mathilde le regarda.

- Pourquoi tu pleures?
- C'est beau. Merci beaucoup..."

Il tourna vers elle un visage inondé de larmes et lui sourit. Il revivait enfin.

18 ans. Pour longtemps.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant