『Prologue』

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The Newbie

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NAHEE


Il n'y a rien de plus plaisant que de se sentir dans sa bulle de tranquillité, isolé du monde qui nous entoure pour une durée que seul nous pouvons déterminer. Pour ma part, je désirerais que cela dure pour toujours. Mais vient toujours le moment où la réalité nous rappelle à elle pour nous annoncer que non, nous ne pouvons pas demeurer dans le monde des rêves pour l'éternité. 

La mort de ma mère n'était pas un évènement que j'avais prévu. Je ne l'avais même pas envisagé, comme si ma très chère génitrice était une sorte d'entité immortelle qui veillerait toujours sur moi. Seulement la grande faucheuse a débarqué dans la nuit, projetant sa voiture dans la vallée qu'elle ne remontera jamais. 

Alors aujourd'hui, me voilà dans ce train à l'odeur douteuse en route pour Séoul, la ville de coeur de mon père qui nous a laissé à Busan il y a un moment de ça. Sa carrière était si importante qu'il avait refoulé sa famille au second plan. Et voilà qu'aujourd'hui, moi, sa fille, allait débarquer dans sa vie avec mes bagages et mes yeux de chien battu. 

Comprenez moi, j'ai perdu ma mère. 

Froide, pourquoi pas. Mais je ne suis pas méchante. L'adaptation est une de mes plus grandes qualités et pleurer la mort de ma mère ne sera pas quelque chose qui me permettra d'avancer comme je le désire. Alors je passe à autre chose tout en gardant au fond de mon coeur une place pour l'être cher qu'elle incarnait durant toute une partie de ma vie. 

Nahee ! 

Je n'ai pas le temps de réagir qu'à peine descendu du train, mon père m'attrape dans ses bras pour me serrer tout contre son torse parfaitement parfumé. Sur le moment, je ne bouge pas puis finit par me dire qu'une petite accolade ne serait pas de trop. Alors mes bras viennent saisir son corps plus imposant que le mien et je le serre à mon tour, bien qu'après tout ce qu'il nous a fait, il mériterait bien de se prendre un vent de ma part. 

Finalement, il me relâche et plante son regard dans le mien, un petit sourire triste aux lèvres alors que son pouce vient caresser ma joue blanchâtre. Parfois, on me dit que je ressemble à un cadavre. Je ne comprends pas ce genre de réflexions. Les gens ressemblent bien parfois à de véritables légumes sortis d'une catastrophe nucléaire et pourtant je ne dis rien. 

Ma petite fille... Tu as tellement grandi. 

C'est sûr qu'en dix ans j'ai eu le temps de prendre des centimètres. 

Je soupire et attrape ma valise avant de me mettre à marcher vers la sortie. Sûrement un peu pris au dépourvu par mon attitude, mon père vient à ma suite en trottinant. Mes yeux restent fixés droit devant moi tandis qu'il s'évertue à rester à mes côtés, cherchant désespérément mon attention. 

Tu m'en veux encore ? 

Moi ? Nan. 

Et c'était vrai. Car tout comme la mort de ma mère, je n'avais tout simplement pas le temps de m'arrêter sur les péchés de mon père. Je voulais vivre ma vie et rapidement. Mais pour cela, je devais finir mon lycée, ce qui se fera à Séoul. Je mentirais si je disais que je n'appréhendais pas ma rentrée en plein milieu de la période scolaire. Mais encore une fois, j'allais devoir y passer et demain, cela ne sera plus qu'un lointain souvenir. 

Tu es sûre ? me demande mon paternel. 

Je soupire lourdement et me stoppe, ce qui le surprend. Il marque donc lui aussi un temps d'arrêt tandis que je lève mes yeux sombres vers les siens, inquiets. L'avocat qu'il est ne semble pas pouvoir lire en moi. Cependant moi j'arrive très bien à lire que cela l'agace. 

Oui j'en suis sûre. Ne me fais pas répéter s'il te plait. 

Je suis quelqu'un avec des barrières. Je suis quelqu'un de froid. J'ai dit que je ne lui en voulais pas mais je n'ai certainement pas dit que j'avais de nouveau confiance en l'homme qui nous a quitté à mes huit ans pour vivre sa carrière comme il le voulait. 

Comme l'a dit une certaine chanteuse particulièrement déjantée, la confiance est comme un miroir. Une fois brisé, on peut le réparer, mais on verra toujours les fissures dans le reflet. 


𝐀𝐝𝐨𝐧𝐢𝐬 | K.TaehyungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant