𝐀𝐝𝐨𝐧𝐢𝐬 | K.Taehyung

『18』

Her Daughter

NAHEE

Lentement, je m'avance vers le salon, longeant le long couloir plongé dans l'obscurité de la nuit. J'ai trop peur d'allumer la lumière. Trop peur que cette dernière mette à nu des secrets qui me feraient du mal. Pourtant, je sais que je vais devoir les affronter à un moment ou un autre. Mais si je peux retarder cet instant de quelques secondes, si je peux rester tranquille dans l'obscurité... Alors je compte bien en profiter. 

Tout est bien trop silencieux dans cet appartement. Le calme après que la tempête soit passé. Bien que je suis quasiment sûre qu'une nouvelle se prépare au loin, attendant patiemment que je mette les pieds dans l'inconnu. Je déglutis, tout en écoutant distraitement le bruit de mes pas sur le sol, mes chaussures rencontrant parfois du verre brisé quand je passe devant la porte du bureau de mon paternel. Ces éclats brillant au clair de Lune seront peut-être la représentation parfaite de mon coeur dans quelques instants. 

Finalement, je pénètre dans le salon et aperçoit mon père qui se tient figé dans le canapé, entouré des sept demi-dieux qui me servent d'amis. Ces derniers fixent mon parent d'un air sévère, certain n'ayant sûrement pas apprécié la façon dont il m'a parlé précédemment. C'est quand mon père me voit que ses yeux s'écarquillent et que sa tête rentre un peu plus dans ses épaules. 

— Nahee, j-je suis désolé. 

Quand sa voix raisonne dans la pièce, les garçons comprennent que je suis arrivée. Il est vrai que dans la pénombre, je ne peux pas être facilement repérable. Je m'avance de quelques pas pour me tenir face à mon père, sentant l'éclat de la Lune se déposer sur mon visage livide. Dans ma poitrine mon coeur bat beaucoup trop vite pour que je puisse trouver cela supportable. C'est comme si je suffoquais en permanence, en quête d'un air que je ne trouverai jamais. 

— Expliques toi, papa. 

— Pardon... ? 

— Et ne fais pas l'idiot. 

Menaçante, je plisse mes yeux et sens une étrange brûlure se répandre dans mon corps. Mais ce n'est pas vraiment désagréable. Comme la sensation de rentrer dans un bain brûlant. Presque honteux, mon père baisse la tête et triture ses doigts comme un enfant. Merde, mon père a-t-il toujours été aussi misérable ? Je me mords la lèvre inférieure, me retenant de le brusquer. 

— Je ne sais vraiment pas... 

— Putain mais accouches le vieux, grogne Yoongi dont la patience n'est pas le point fort. 

Surpris, mon géniteur relève la tête vers le fils d'Arès qui le fusille du regard. Au même instant, un mur se fissure brutalement, reflet de la colère du noiraud. Ce qui achève de convaincre mon père de cracher le morceau. 

— E-Ecoutes Nahee, ce n'est pas de ma faute d'accord ? Ta mère... elle était vraiment étrange, j'avais peur ! 

— C'est pour ça que tu es parti ? Que tu t'es barré ici ? je lance en serrant les dents. 

— Oui... Il se passait des phénomènes étranges autour d'elle et quand je lui en parlais, elle se contentait de me sourire en me disant que je devais sûrement rêver... 

Soudain, il enfonce son visage entre ses mains et ses épaules tremblantes m'indiquent rapidement qu'il s'est mis à pleurer. Je ne peux m'empêcher de remarquer Jungkook qui lève les yeux au ciel, exaspéré par la fragilité de l'homme qui me sert de père. 

— Nari... Je ne l'ai jamais compris au final... Quand je l'ai connu, elle était si belle et sa personnalité était si mystérieuse. Elle renfermait tant de secrets, ça m'a tout de suite plu. Mais quand j'ai découvert toutes ces choses... 

— Quelles choses ? Hein ? Quelles choses ont bien pu justifier que tu abandonnes ta famille ?! je finis par crier. 

A mesure que la colère monte en moi, je sens cette chaleur dans mon corps prendre de plus en plus d'ampleur. Comme si quelque chose indépendant de ma volonté obéissait aux sentiments que je ressentais. Mon père sursaute et lève ses yeux embués vers moi. 

— Elle ne dormait jamais ! Jamais ! Le soir, elle restait dehors des heures durant ! Je me souviens encore de ce soir où des corbeaux ont envahi notre maison... Et le jour de ta naissance... 

— Que s'est-il passé ? demande Namjoon, curieux. 

— Tu es née à la maison, durant la nuit. Et au moment où tu as poussé ton premier cri... tout les chiens de la ville ont hurlé et les corbeaux ont croassé jusqu'à la levée du jour. 

Mes paupières papillonnent, j'ai comme un vertige. C'était donc ma mère qui n'appartenait pas à ce monde ? Mais qui était-elle réellement sous ses sourires et sa chevelure d'ébène ? A qui appartenait vraiment cette voix douce qui me rappelait à l'ordre à chaque bêtise que je faisais ? Qui était cette femme ? Ma mère... 

Ma mère a-t-elle vraiment été une inconnue durant tout ce temps ?