No mercy
TAEHYUNG
L'ombre était quelque chose que je connaissais depuis l'enfance. Elle était une amie que je connaissais bien, avec qui j'avais pris l'habitude de converser. Peut-être que je passais pour un fou, à parler seul dans le noir. Quand j'ouvre les yeux, les flammes dansantes de la cheminée agressent ma rétine tandis que la chaleur de ses courbes ardentes vient percuter mon visage. Le grand salon de la demeure de mon père n'a jamais été aussi calme depuis mon arrivée. Depuis que je suis ici, mon paternel a déserté le palais, pour accomplir je ne sais quel méfait ou vice.
Cela doit bien faire des jours que je n'ai pas bougé d'ici, à un tel point que je me demande si je ne vais pas finir statufié. Assis dans ce fauteuil de cuir, les jambes croisées et mes boucles brunes sur les yeux, ma respiration est lente et mes pensées ne cessent de fuser pour venir me torturer un peu plus. Quand je revois son visage... Leurs visages... Il me suffit de serrer le poing et ces visions qui me serrent le coeur s'envolent. Elles reviendront, finalement, me hanter plus tard.
— Jeune Maître, vous êtes tendu.
Je ne décroche même pas mon regard pour le poser sur la dryade Caïssa. Enlevée par mon père il y a longtemps pour vivre enfermée dans le palais infernal, elle a été obligée de se mettre à son service, loin de la nature qu'elle affectionne tant. Ses mains sur mes épaules s'activent pour les masser alors que j'apporte ma coupe de vin à mes lèvres, attrapant quelques gorgées du liquide à la robe rouge. Son goût fruité glisse sur ma langue et un soupir de satisfaction m'échappe. Au même instant, je sens la dryade sourire dans mon dos.
— Il ne faut pas que vous vous préoccupiez de ce qu'il se passe à la surface. Maintenant c'est ici votre maison.
— Quelle maison déprimante... je souffle.
— Depuis que vous êtes arrivé, tout est plus vivant ici. Je suis heureuse de vous trouver ici.
Caïssa exerce une pression sur mes épaules et un léger sourire m'échappe. Elle était bien l'une des seules personnes qui était heureuse de ma venue ici. Quand j'ai accepté de prendre la suite de mon père... J'y ai réfléchi pendant très longtemps. Les évènements se sont enchaînés si vite que parfois, je me demande encore si je n'ai pas oublié certaines choses.
Ce qui est sûr, c'est que je n'oublierai jamais son regard, ce jour là.
Je serre les dents et par une pulsion encore inconnue, lance la coupe de vin à l'autre bout de la pièce. Le verre d'argent roule au sol en un fracas métallique qui fait sursauter la dryade qui se détache de moi par la même occasion. Pourquoi ? Pourquoi penser à elle fait naître une telle colère dans mon coeur ? Depuis quand es-tu devenu aussi faible Taehyung ? Depuis quand laisses-tu quelqu'un mener tes émotions et tes désirs par le bout du nez ?
Sans même que je ne m'en rende compte, ma respiration s'accélère et mes jambes me portent pour me mettre debout. Mes yeux prennent la teinte d'un rubis sanglant et je ne remarque pas que Caïssa s'est cachée dans un coin sombre du salon, effrayée. Oui, elle fait bien de l'être. Mon pouvoir pourrait consumer son pauvre petit corps en quelques secondes.
Soudain, quelqu'un toque à la porte et me sort de mes pensées. J'inspire profondément en pinçant les lèvres pour reprendre un minimum le contrôle de moi-même puis porte mon attention vers la porte en bois lourd qui est jusqu'ici fermée.
— Entrez.
Les deux pans de la porte s'ouvrent alors sur un homme à la peau charbonneuse et aux yeux rouges. Incarnation de l'ombre elle-même, il fait partie de l'armée d'Hadès ayant pour devoir de garder les Enfers de toute chose ne devant pas s'y trouver ou voulant lui nuire.
— Jeune Maître, des intrus ont pénétré sur notre territoire.
Je fronce les sourcils. Ce n'est pas tous les jours que des individus osent s'aventurer en Enfer. Lentement, je tend ma main devant moi, paume vers le ciel, puis les flammes irradient de ma peau avant de former une sorte de miroir brûlant qui me permet de voir les abords du Royaume. Mes yeux s'écarquillent quand je vois les visages de mes amis.
— C'est pas vrai... je souffle.
— Voulez-vous qu'on les tue ? demande le garde.
Je ne réponds pas, trop concentré sur chacun de leur faciès. Jiyong est là et même Ether. Mais elle... Elle n'est pas là. A ce constat, mon visage se ferme.
Il est donc inutile d'avoir de la pitié.
— Non.
— Non ? demande Caïssa qui s'approche doucement de nous.
— Je vais m'en charger moi-même.
Ma décision est prise de toute façon. S'ils veulent m'arracher ma volonté, alors je les plierai à la mienne.
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𝐀𝐝𝐨𝐧𝐢𝐬 | K.Taehyung
FanfictionSept. Sept garçons nés de l'union d'une divinité et d'un humain. Et une fille au don intriguant, qui pourrait tous les mettre en péril. Ici bas, même les dieux ne pourront pas les aider. ᵗᵃᵉʰʸᵘⁿᵍ ⁺ ⁿᵃʰᵉᵉ Cover par @SerenaPetrova