𝐀𝐝𝐨𝐧𝐢𝐬 | K.Taehyung

『41』

Mortal

NAHEE

Est-ce que j'allais devoir être l'esclave de ma condition ? En tant que déesse, allais-je vraiment devoir me plier à toutes ces règles divines ? Je m'étais rebellée contre Ether mais maintenant que j'y pensais plus en détail, il devait y avoir une raison à une telle remarque. Je ne sais pas si c'était un mode de pensée naturel chez lui ou bien quelque chose dû à son éducation, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser. Après avoir réfléchi durant de longues heures, heures qui étaient pourtant consacrées à mes cours, j'avais fini par trouver la réponses à mes questions. Une réponse qui me glaçait le sang, qui faisait augmenter mon rythme cardiaque jusqu'à des sommets que je n'osais pas côtoyer. Les demi-dieux, êtres à moitié humain et à moitié dieu, avaient une faiblesse par rapport aux dieux à part entière. 

C'étaient des mortels.

C'est durant l'entre deux cours, parmi cette foule de lycéens, que je réalise que contrairement à moi, Taehyung mourra un jouer de vieillesse. Son corps sera ravagé par le temps, son énergie s'évaporera pour que finalement, son coeur finisse par s'arrêter de battre. Il rendra son dernier souffle fatigué pendant que moi, je resterai sûrement la même, figée telle une statue de porcelaine. Je porte la main à mon coeur qui s'est brutalement emballé pendant que les images d'un Taehyung mort passent devant mes yeux. Des images parfois ignobles, parfois plus tranquilles mais toutes ont ce même filtre fade et dramatique. Mon souffle s'accélère, mes mains tremblent et Jungkook qui m'accompagne à chaque cours étant donné que nous sommes dans la même classe se stoppe en me voyant dans un tel état. 

— Hey, qu'est-ce que tu as Nahee ? 

Impossible de parler dans un tel état, je ne peux que lever les yeux vers lui. Quand il voit toute ma panique dans le fond de mes iris, ses sourcils se froncent puis il regarde autour de nous avant de m'emmener dans un endroit plus isolé en me tenant le poignet. Il doit sûrement se douter que tout ce spectacle n'est pas quelque chose qu'un humain pourrait entendre. Une fois que nous sommes seuls, il reporte son attention sur moi. La lumière est moins forte par ici.

— Nahee, dis moi ce qu'il se passe. 

— Vous... Vous allez mourir... j'arrive à articuler en m'accrochant à ses bras pour ne pas tomber. 

Il accroche les miens, pour me soutenir, bien que je peux voir l'incompréhension sur son visage. Déjà qu'il n'est pas du genre à être compréhensif... Mais comment je pourrais exprimer ce qu'il se passe dans ma tête à cet instant précis ? Une véritable pièce de théâtre morbide. Un frisson me parcoure l'échine, glisse le long de mon dos et me secoue de la tête aux pieds. Auparavant, la mort n'avait jamais été quelque chose sur laquelle je m'étais attardée. Mais quand je réalise que mes proches y seront exposés, contrairement à moi... Quand je découvre que je vais devoir subir leur mort sans jamais pouvoir les rejoindre un jour, tout s'effondre. Ma gorge est sèche et j'ai l'impression que ma vision se fait de plus en plus floue : les larmes. 

— Vous allez mourir... Je ne veux pas que ça se produise... je geins. 

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? On ne va pas mourir !

— Si ! Je lève la tête vers lui, les yeux embués de larmes. Vous êtes des demi-dieux, vous êtes mortels ! Pas... Pas comme moi... 

Jungkook écarquille les yeux. Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi surpris. Sa prise se détend sur mes bras et je me rends compte qu'à l'instant qu'il avait enfoncé ses doigts dans ma chair tellement il était tendu jusqu'ici. Il déglutit puis finit par me lâcher. Immédiatement, mes jambes abandonnent et je me laisse glisser le long du mur dans mon dos, la tête basse. Je vois à peine le noiraud passer sa main dans ses cheveux en soupirant nerveusement. 

— Putain Nahee... Tu me fais une crise de panique parce que tu réalises soudainement qu'on va crever ? 

Je remarque à peine le léger tremblement de sa voix. Je serre les dents, gardant les yeux rivés vers le sol, sentant finalement mes larmes couler de mes yeux. Lentement mais sûrement, je commence à comprendre d'où vient le manque d'humanité des dieux. A force de flotter dans le temps, sans jamais mourir, toute envie d'être raisonnable et humain s'évaporait pour ne laisser place qu'à une carcasse vide en quête de nouvelles émotions. 

— Ecoutes, je suis pas le gentil Jimin, ton beau Taehyung ou bien le joyeux Hoseok alors regardes moi et écoutes moi car je le répéterai pas deux fois. 

Surprise par son ton sévère, je lève les yeux vers lui. Son regard est dur mais pas agressif comme j'avais l'habitude de le voir auparavant. Accroupi devant moi, il inspire un coup avant de reprendre. 

— Ouais on va mourir Nahee. Et toi, tu vas rester. C'est égoïste de dire ça, mais tu dois être forte, ok ? Car quand nous serons tous morts, tu seras celle qui portera notre mémoire à travers le temps. A travers toi, nous vivrons et cela pour l'éternité.