Chapitre 1

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Elle se fondait dans la foule. Sa casquette d'un noir délavé était enfoncée sur sa tête, ainsi, impossible de distinguer la teinte bleue si particulière de ses yeux. Dans ce monde si cruel dans lequel elle vivait, rien n'était plus important que de faire profil bas et ne montrer aucune différence.

Elle slalomait entre les gens vêtus de vieux vêtements délabrés et usés jusqu'à la corde. Elle même portait son seul débardeur en dessous d'une chemise bleu et blanche qui devait avoir le double de son âge. Ses jeans étaient sales et ses bottines étaient fatiguées. Elle avait la tête enfoncée dans les épaules, mais son regard était fixé sur un garçon. Il était extrêmement  grand, il dominait la foule d'une tête. Il se tenait beaucoup trop droit pour quelqu'un qui vit à York. Il ressemblait au garde qui parcourt souvent la ville et qui percutait toujours les pauvres vieillards. Lorsqu'elle arriva à environ deux mètres de lui, elle se mit dans son alignement et continua de marcher dans sa direction. Ses yeux cachés par l'ombre de sa casquette auraient pu lancer des éclairs tellement ils pétillaient. Elle avait repéré dans sa main un fruit et elle ferait tout pour le récupérer. Elle arriva alors à moins d'un mètre de lui et entra rudement en collision avec celui-ci. Il en fut déstabilisé et recula de quelque pas. Sans qu'il soit le temps de s'en rendre compte, elle était déjà partie avec le fruit jaune-orange vif dans la main. Elle n'attendit pas plus longtemps avant d'y planter les dents dedans. Pendant un instant, c'était comme si elle retrouvait un semblant de liberté. Les saveurs et arômes explosaient dans sa bouche comme un flot de bonheur. Elle n'avait jamais goûté quelque chose de si délicieux. Son estomac criant famine lui fit engloutir le fruit en moins d'une minute. Elle n'osa pas regarder derrière elle et continua son chemin, jusqu'à son domicile non — fixe.

Depuis peu, elle habitait cet immeuble désaffecter. Très rares ou presque personne sont les gens qui habitent un appartement ou même un domicile fixe. Les contrôles étaient trop présents et la majorité des gens préférait se déplacer afin d'éviter les gardes. Elle s'assit sur son lit, ou plutôt son petit matela compacté par le temps et les nombreuses nuits sans sommeil qu'elle avait passé dessus. Elle dirigea alors son regard vers le ciel. Il y a peu le gouvernement se vantait d'avoir finalement installé les premières installations à condition terrestre sur Mars. Il avait fait une campagne publicitaire incitant les gens à s'inscrire pour pouvoir faire cet aller simple vers la planète rouge, a recommencer une nouvelle vie. Elle laissa échapper un petit rire. Tout le monde savait pertinemment que seulement les gens haut placés pouvaient avoir accès aux entraînements et avoir une chance de mettre le pied sur Mars. Elle se coucha et sur sa couchette de fortune le regard encore perdu dans le ciel noir d'encre. Elle resta ainsi plusieurs minutes, qui tournairent finalement en heure. Elle réussit alors à s'endormir, la lumière des lampadaires caressant les fines lignes de son visage.

C'est à l'aube que les haut-parleurs commencèrent à cracher un son strident. La jeune fille ouvrit les yeux et se redressa sur ses coudes. Roulés comme une horloge bien huilée, les autres résidents de l'immeuble se dirigeaient vers les usines. Bien que pauvres, les gens des classes sociales plus basses restaient toujours les plus travaillants. Tout le monde commençait et finissait aux mêmes heures. Selon le travail à faire, leurs journées pouvaient atteindre les 14 heures dans les cas les plus extrêmes. Telle une bande de zombies, la population encombrait les métros.

La jeune femme fixait l'horloge digitale sur le coin droit de l'écran du métro. Il était 6 h 30. Bien que travaillant plus de 70 heures par semaine, le salaire qui leur était attribué était à peine suffisant pour survivre. Les minutes passaient d'une lenteur telle qu'elle crut que le trajet avait duré des heures. Le métro s'arrêta enfin dans un bruit strident de frein grinçant. Les portes rouiller et décalotter s'ouvrirent alors dans une bruit de moteur en surchauffe et laissa alors sortir quelques ouvriers avant de refermer ses portes. Le prochain arrêt était le sien. Elle continua de regarder l'écran ou étaient diffusées des nouvelles sur le capitole et leurs chouchous. Elle savait totalement pourquoi ils faisaient cela, il voulait leur montrer leur puissance et leur faire savoir à quel point ils les tiennent en laisse. Le 9/10 des gens qui habitait York avait de la difficulté à se nourrir correctement et il n'avait alors aucun moyen de s'acheter le dernier parfum CHANEL.

Finalement, le train s'arrêta enfin et laissa descendre les ouvriers. Toujours à la tête rentrée dans les épaules, ils se séparèrent pour poursuivre chacun leur chemin. La jeune fille avait encore sa casquette enfoncée sur la tête et ses cheveux mi-longs étaient attachés en queue de cheval. Les mains dans les poches, elle se dirigeait vers la porte de l'usine ou plutôt de sa prison comme elle aimait l'appeler.

Lorsque 7 h arriva, toutes les filles étaient dans la salle de rassemblement. Elle avait été affectée dans une usine de haute couture. Elles devaient confectionner des créations hautes-couture en plusieurs exemplaires pour que les designers puissent les vendre. Après une longue avant-midi de 6 heures a coudre mille et un morceau de tissu ensemble, les ouvrières purent enfin avoir une pause dune demi-heure pour mangée. La jeune fille s'assit alors près d'une vieille femme trapue et courbée.

— Salut Genny, dit alors la jeune femme avec, comme toujours sa casquette sur la tête.

— Ohh ma belle Rosy, comment vas -tu?

Rosaly savais pertinemment que posée de genre de question dans ce genre d'endroit ne sert strictement a rien puisqu'absolument toute personne avait la même réponse a cette question: mal. Mais personne ne pouvait se permettre une erreur, alors il n'y avait qu'une seule façon de répondre à cette question.

— bien, tu as entendu parler du nouveau projet du capitole?

— Rosy..., dit-elle en soupirant, oui je l'ai vu dans le métro ce matin, mais tu sais que nous ne pouvons critiquer ou même parler des décisions du capitole.

Remise a la raison, la jeune fille aux yeux bleus océan baissa la tête et se concentra sur son repas. Une petite portion de riz blancs, un petit morceau de volaille et quelques carottes trop cuites attendaient patiemment dans l'assiette de carton. Sans convictions et sans aucune envie de mangée se repas gorger d'amertumes, elle se força a mangée les quelques bouchers que contenait son assiette sachant pertinemment que ce serait probablement le seul repas qu'elle pourrait avoir aujourd'hui.

Pendant la petite demi-heure quelle avait pour mangée, elle la passa a discutée avec Genny et quelque autre fille de l'usine. Genny avait été son mentor lorsqu'elle est arrivée à l'usine à l'âge de 15 ans. La cloche retentit finalement annonçant la fin de la pause et le début de 6 autres longues heures de travail.

Entre deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant