La balançoire

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[ Nouvelle écrite pour un concours sweek : 250 mots maximum et insérer le mot "balançoire". Elle s'est retrouvée parmi les dix finalistes ]


Je marchais lentement, titubant sur le trottoir. Mes pas dansaient un rythme irrégulier, l'alcool ingurgité à cette soirée circulait encore. La rue devant moi était sombre, seules les étoiles, au loin, émettaient un semblant de lumière. L'endroit était complètement désert. Habituellement, ma solitude m'aurait effrayée, mais ce soir, j'étais invincible.

À côté, le parc d'enfants était d'un silence troublant. La nuit, maîtresse des cauchemars, les cris de joie n'étaient plus. Je louchai sur le toboggan, la balançoire, le tourniquet, les promesses d'un long voyage imaginaire. Mes yeux revinrent fixer la balançoire. Je ne rêvais pas : elle allait d'avant en arrière, de plus en plus haut. Pourtant, aucun vent ne rejetait mes cheveux. Je distinguai vaguement une ombre étrange, rien de bien précis.

Je continuai mon chemin, accusant innocemment l'alcool. Une peur perfide se logea dans mes entrailles, prenant doucement possession de mon corps.

- Viens me pousser sur la balançoire.

Un hurlement perçant m'échappa, je trébuchai sur la bordure et m'étalai sur le sol. Un frisson traversa mon échine, des larmes affolées coupaient ma respiration saccadée. Je n'osais pas regarder sur les marches derrière moi, le peu que j'avais vu m'épouvantait.

Un petit garçon était assis là, la nuque complètement brisée et le visage ravagé. Il souriait, il me semblait qu'il lui manquait la plupart de ses dents. Je ne voulais pas vérifier, le béton froid qui m'accueillait me devint chaleureux.

J'attendis longuement, baignant dans ma terreur, mon cœur déchirant ma poitrine. Finalement, je jetai un œil.


Personne.

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