*point de vue de Karine*
J'ai toujours été là pour Coline malgré mon travail. Mais jamais je ne me serai doutée du mal qui la ronge. Jamais je n'aurai su ce qu'elle s'infligeait si elle n'était pas allée à l'hôpital. Certes, elle a toujours de grandes manches, mais elle est très frileuse. Enfin... c'est ce qu'elle dit.
« Je ne veux plus vivre cette vie en tant que Coline. Je suis Colin, dit-elle. »
Voilà encore quelque chose que j'ignorais. Quelque chose dont personne ne se doutait. J'ai l'impression d'être la plus mauvaise mère du monde. C'est probablement le cas.
« Écoute Coline, dis-je.
_ Colin.
_ Oui pardon, Colin. Ça doit être affreux d'être dans ton cas, et je ne peux pas comprendre. Je m'en moque que tu sois un garçon ou une fille. Le principal, c'est que tu sois en vie. Je vais tout faire pour t'aider, car tu es mon enfant unique, et que tu es ce que j'ai de plus précieux au monde. Je te promets de m'habituer à t'appeler Colin, même si ça va être dur. Je serai là chéri.
_ Merci Maman. »Les larmes me montent aux yeux, larmes que j'essuie du revers de la main.
« Pourquoi est-ce que tu pleures Maman ? demande Colin en me prenant la main
_ Car je suis fière d'avoir un enfant aussi fort que toi. »Je suis heureuse, vraiment heureuse, d'être la mère d'un enfant comme ça. Beaucoup de parents seraient effrayés, tristes, ou en colère. Mais pourquoi ? Nous aimons nos enfants comme ils sont. Par mon métier, celui d'avocate, j'ai vu des tueurs, des psychopathes, ainsi que leurs parents. Et un jour, je défendais un homme d'une vingtaine d'année accusé de trafique de drogue. Sa mère était présente au procès, et nous avons parlés après, juste elle et moi. Elle savait que ce que faisait son fils était mal, mais cet argent était pour aider sa famille, car le père était mort, et cette dame avait trois autres enfants. Malgré son délit, elle ne peut que l'aimer, car il est son sang, sa chaire. Et cette dame m'a fait prendre conscience que, même si notre enfant ne rentre pas dans le cadre parfait de la société, ce sont nos enfants, et nous les aimons. Alors si mon enfant n'est pas comme les autres, je serai là pour l'aider, et le remettre dans le droit chemin si cela est nécessaire. C'est pour cela que parfois je m'énerve après Coline, enfin, Colin, lorsqu'il pousse les limites.
« Tu veux que j'ailles te chercher quelque chose au distributeur chéri ? dis-je
_ Je voudrai volontiers un chocolat chaud... merci. »Je lâche la main de mon fils pour m'exécuter.
« Maman ?
_ Oui Colin ?
_ Ne dis rien à papa pour l'instant.
_ Promis. »Lorsque je rentre dans la chambre avec deux chocolats chauds, Colin dort profondément.
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Transformation
Roman pour AdolescentsColine vit sa vie de lycéenne complexée par son corps : trop de formes, trop « fille » à son goût. Mais rien ni personne ne peut l'aider. Alors, elle se renferme, et suit le troupeau qu'est le lycée, malgré sa tristesse et sa dysphorie. Coline veut...