Chapitre 2 : (1/2)

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Ma tête... J'ai beaucoup trop mal à la tête. J'ouvre doucement les yeux. La lumière m'éblouie.

« Coline ça va ? dit ma mère
_ Ma tête...
_ Qu'est-ce qu'il t'a prit hein ? dispute mon père »

Ma tête va exploser. Mes parents crient au dessus de mon lit. Mon lit d'hôpital. Ils ne savent que crier je crois. Dix-sept ans qu'ils crient sans cesse. Je ne sais pas pourquoi. Certes, je ne suis pas l'enfant idéal, mais parfois j'aimerai qu'ils me soutiennent. Ils m'imaginent professeur d'anglais car je parle couramment cette langue... S'ils savaient que je ne veux pas être professeur. Moi je veux juste être écrivain ou chanteur et guitariste. J'aime l'art. Je ne veux pas être simple professeur. L'année prochaine, je me vois intégrer les beaux arts, et non la FAC de lettres. D'après eux, l'art n'est qu'un passe temps, un loisir, et rare sont les gens qui font de leur vie une passion.

« Est-ce que ça va mademoiselle ? demande le médecin
_J'ai mal à la tête... Et que s'est-il passé ?
_Vous avez perdu beaucoup de sang, vous êtes tombée et dans votre chute, votre front a cogné dans le lavabo de votre salle de bain. »

Le médecin, un homme d'une cinquantaine d'années, met quelque chose dans ma perfusion, puis quitte la chambre. Je ne sais pas ce que c'est, mais c'est probablement sensé calmer mon mal de tête. Je me souviens désormais. Je regarde mon poignet : un gros pansement recouvre cette cicatrice si récente.

« Coline, tu sais que tu peux tout nous dire. On est là, papa et moi si tu veux parler. On peut également te payer un spécialiste, dit ma mère d'une voix apaisante.
_ Je ne peux pas maman. Je ne peux rien vous dire. Et je ne veux pas voir de psy... Je ne veux pas qu'on pense que je suis dingue, bien que ça m'aiderai probablement. Désolé.
_ Suite à tes blessures, un psy est vraiment conseillé. Le médecin dit que tu pourrai être dépressive chérie. C'est une maladie comme une autre tu sais, rien à voir avec la folie, je te jure. N'est-ce pas Pierre ?
_...
_ Pierre !
_ Oui oui tout à fait, répond mon abruti de père qui s'en fout de la conversation.
_ Tu pourrai avoir plus de conviction papa. Mais pourquoi pas pour le psy... »

Vexé, il part de la chambre, nous laissant, ma mère et moi dans la chambre.

« Coline ?
_Quoi ? dis-je d'un air nonchalant
_Tu sais que tu peux tout me dire. Je vois bien que tu es mal tu sais. Et c'est ridicule d'en arriver là pour te le dire. Ma petite fille a faillit mourir, et je ne lui dis que maintenant ce que j'ai sur le cœur. Je serai là quoi qu'il arrive.»

Je prends une grande inspiration. J'hésite à dire à ma mère ce que je porte sur le cœur. Je ne sais pas. Mes parents sont assez fermés d'esprit. Surtout mon père. C'est toujours sur le fait accompli que l'on hésite sur la vérité. J'aurai toujours quelqu'un chez qui aller si ça se passe mal, Daniel.

« Maman, dis-je enfin après quelques secondes qui semblent des heures.
_ Qu'y a-t-il ?
_ Maman, je suis transgenre. C'est à dire que je suis un garçon dans un corps de fille. Je déteste mes formes, ma voix, l'image que je renvois aux gens, l'image beaucoup trop féminine que les gens voient en me regardant. Mais cette image de fille parfaite, c'était simplement un déguisement, un leur pour cacher ma véritable identité. Cette identité que je trouve monstrueuse et que je voulais cacher. Mais sache, maman, qu'aujourd'hui je ne peux plus. Aujourd'hui je ne peux plus me cacher. Ne veux plus. Ce que je me suis fait au poignet et à la jambe, ce n'est pas la première fois. Loin de là. Lorsqu'on n'aime pas quelque chose, on l'enlève. Alors, j'ai voulu m'enlever ce corps. J'aurai aimé que cette fois-ci soit la dernière maman. Je ne veux plus vivre cette vie en tant que Coline. Je suis Colin. »

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