Mais oui mais oui, l'école est finie...

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Bonjour,
Je m'excuse d'avance pour la forme, je n'ai pas lu beaucoup d'autobiographie alors je raconte tout ça un peu comme je le sens. 

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Je ne savais pas pourquoi je stressais autant pour les résultats du bac, je savais que j'allais l'avoir, je visais surtout la mention. Papa serait fier de moi, et je pourrai suivre ses traces, prépa, école de commerce, stage à l'étranger et prendre un poste assez prestigieux pour qu'il puisse me mettre la pression, il disait que c'était la meilleure façon d'apprendre.

Qu'est-ce qui me poussait à vouloir à tout prix le rendre fier alors qu'il avait détruit notre vie de famille? Surement le fait que j'étais une fille à papa, et qu'il était mon modèle depuis toute petite. Je me souvenais les nombreuses fois où il m'avait emmené au bureau, il disait vouloir que je baigne dans le milieu de la finance pour comprendre l'ambiance et prendre de l'avance.

Et puis le démon de midi ou la crise de la quarantaine l'avait frappé. Démon correspondait plus à ce phénomène qui avait, touché mon père à l'aube de ses cinquante ans, détruit ma mère et sa confiance en elle au passage et laissé, mes deux frères et moi, livrés à nous même pendant un certain temps.

Raphaël, Matthieu et moi même avions très mal vécu cette période. J'avais quinze ans, Raph dix sept et Matt vingt, étudiant en médecine il avait presque loupé son année, ayant décidé qu'en tant qu'aîné, il devait s'occuper de nous et de maman. Raphaël lui avait carrément explosé, il avait décidé de faire vivre un enfer à mes parents, vol, casse, bagarre, il fumait et buvait tant qu'un matin papa l'avait emmené de force dans un centre de désintoxication et l'y avait laissé pendant plusieurs mois. Quant à moi, voyant à quel point c'était le chaos, j'avais juste tout gardé pour moi et je me concentrais sur les cours, essayant de me faire la plus discrète possible.

Maman avait pris un congé sabbatique et passait son temps à pleurer au début, puis elle avait fait une dépression sévère. À quinze ans, j'avais cruellement besoin d'elle, mais je ne voulais pas et je ne pouvais pas l'affliger. Alors la fille pleine de joie de vivre, fraîche, pétillante que j'étais, avait revêtu un masque froid, neutre, qui se voulait confiant mais qui ne l'était pas du tout.

Pourtant lorsque je pensais à notre vie avant le divorce de mes parents, je ne pouvais m'empêcher de sourire.

Nous vivions dans une maison à Boulogne, papa était dans la finance et maman décoratrice. Mon enfance était remplie d'amour, de fous rires, de soirées à thèmes, de fête de famille, de danse et de joie. Ma seule préoccupation était d'avoir les meilleures notes possible, et de monter Isahia, mon cheval, au moins deux fois par semaine. J'avais mes amis, Élisabeth et Lucas pour les plus proches et j'avais une vie d'ado privilégiée de la riche banlieue parisienne.

Tout ça me paraissait tellement loin, maman allait mieux, Raphaël était revenu à la maison et Matt commençait son internat.

J'attendais donc avec mes amis, devant les portes du lycée, que ces dernières s'ouvrent pour les résultats du bac.

- Encore deux minutes et ce sera bon, lança Lucas.

- Arrêtez de faire comme si vous n'alliez pas l'avoir et priez pour moi! pesta Eli. Vous êtes chiants avec vos angoisses de bourges! Mon Dieu si j'ai pas la mention, papa me laissera pas aller aux Maldives avec les gars je devrais me contenter d'aller à Saint Barth', ajouta t-elle sur un ton théâtral.

Elisabeth avait un sacré franc parlé. Je ne l'appréciais pas du tout au début, elle ne cessait de dire ce que personne ne voulait entendre et elle y prenait du plaisir. Elle était arrivée au lycée avec tellement d'appréhension qu'elle avait décidé d'attaquer la première pensant qu'elle se ferait manger toute crue par « les bourges » que nous étions. Lucas avait été le premier à se rapprocher d'elle, puis au fil du temps, nous étions moins hostiles l'une envers l'autre et j'avais découvert une grande gueule au cœur énorme.

Aimer, mourir, renaîtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant