10. La curiosité est un joli défaut

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-Amène-moi ton linge sale !
Je me penche et ramasse ma panière à linge sale. J'amène le tout à la machine à laver, et la vide dans le tambour. May se penche :
-Il reste de la place. Va prendre le linge de Peter.
Je me dirige donc vers la chambre de Peter. Je ramasse sa panière à linge. Un chemise traîne par terre à côté, je la ramasse. Puis je me rends compte qu'elle est... bizarre. Je la déplie devant moi. La scrute. J'ai pas un seul souvenir de Peter avec ça sur le dos. Mais je connais cette chemise... Je plonge mon nez dedans et brusquement la réalité me frappe : elle est à MJ. Je la déplie à nouveau devant moi et sourit largement. May s'écrie depuis la salle de bains :
-Il arrive, ce linge ?
-Oui, oui !
Je me sors de la chambre, balançant la chemise dans la mienne au passage. En sortant de la salle de bains, mon portable vibre dans ma poche. Je le sors. Mary-Jane me propose d'aller au match de ce soir. Notre équipe de football américain affronte celle d'un autre lycée. Je souris. Va pour voir s'affronter les crétins innommables qui ne le savent peut-être pas.

-Tu as été longue ! On a failli rater le début !
Je pique dans son pot d'ailes de poulet :
-On attend quelqu'un d'autre ?
-J'ai invité Harry. Pas de réponse.
-Il est un peu distant, non ?
Mary-Jane hausse les épaules.
-Prête pour le Decathlon ? demande-t-elle.
Je hoche la tête puis lui lance un sourire :
-J'ai quelque chose à te montrer après le match !

Mary-Jane sursaute. Elle rougit, attrape sa chemise et me lance d'un ton léger :
-Super tu l'as retrouvée !
-Toi et moi savons où, je rétorque d'un air malicieux.
Elle soupire et se laisse tomber sur une chaise. J'ai réfléchi à cette histoire entre eux. Et je me demande si c'est une bonne idée. Peter est aussi Spider-Man. Et il la met en danger indirectement. J'ai décidé d'en parler avec lui plus tard. Mary-Jane commence :
-C'était bien moins excitant que tout ce que tu peux imaginer...
-Du genre ?
-Du genre, on était là pour les devoirs et j'ai eu chaud.
Je pouffe de rire.
-Je t'avais prévenue, s'exclame MJ entre deux éclats de rire.
Nous continuons de rire plus ou moins intensément jusqu'à la fin de la soirée.

Je pousse la porte de ma chambre et m'affale dans mon lit. La soirée a été bien remplie. May entre dans ma chambre :
-Alors, ce match ?
-On a perdu, mais c'est pas grave, on a encore des chances d'être sur le podium.
-Où est Peter ?
-Je ne l'ai pas vu au match.
Froncement de sourcils. Merde.
-Mais il doit être avec Ned, en train de construire quelque chose.
May me fait son petit sourire triste. Je lui réponds avec un des plus sincères que je puisse. Peter entre dans l'appartement. May lui demande :
-Où étais-tu ?
-Au match.
May met les mains sur les hanches, sourcils levés :
-Ha oui ?
Peter commence à rougir. Vite, une excuse... May continue :
-Pourtant, Gwen ne t'y a pas vu...
Il me lance un regard à la dérobée. Désolée.
-Parce qu'elle devait être dans les tribunes.
On sursaute toutes les deux. Qu'est-ce qu'il raconte ?
-Un ami d'ami nous a permis de voir le match depuis l'entrée des joueurs. On avait un point de vue superbe.
Bien joué. Il nous sourit et rentre dans sa chambre en claquant la porte. May se glisse dans la cuisine, rassurée. J'attends qu'elle soit hors de vue pour me glisser à mon tour dans la chambre de Peter. Il rabaisse précipitamment son sweat-shirt. Mais j'ai eu le temps de les voir. Les marques qui traversent son ventre. Il s'énerve:
-Sors de là !
Je ferme la porte derrière moi :
-Le bouffon vert, hein ?
Il reste figé. Puis se laisse tomber sur sa chaise de bureau. Il relève le tête :
-Je l'ai battu. Ce soir, j'en ai fini avec lui.
Je ne l'ai jamais vu comme ça. Il se prend la tête entre les mains et prend de grandes inspirations. Je viens me mettre à côté de lui et le prend dans mes bras. Je sens ses sanglots sur mon épaule. Sa douleur. Ses regrets. Ses peurs. Il se raccroche à moi. Je le laisse déverser ses flots de larmes silencieuses dans mes bras. Puis il se redresse et se met face à moi :
-J'ai eu si peur qu'il s'en prenne à toi, ou à May...
Je sursaute :
-Il connaissait ton identité ?
Peter hoche la tête, l'air grave. Nous nous regardons, les mêmes idées nous traversent l'esprit. Et s'il l'avait dévoilée à quelqu'un avant de mourir ? Peter se prend à nouveau la tête dans les mains, l'air fatigué. Je reste face à lui, silencieuse. Nous restons comme ça un bout de temps, avant que j'ouvre le troisième tiroir de sa commode et sorte le matériel de pharmacie. Il enlève son sweat-shirt et je commence à panser ses plaies. Nous gardons le silence. Quand j'ai fini, je quitte sa chambre, le laissant, allongé son lit, le regard fixé sur son plafond.

Je commence à faire mon sac. Je mets des changes, vêtements, et tout ce dont j'ai besoin. J'inspire un grand coup. Demain, c'est le Decathlon. Demain, toute l'équipe comptera sur nous. Et surtout, dès demain, nous laisserons New York seul. Peter et moi. Je termine mon sac et me glisse sous les draps, en essayant de dormir.

Gwen StacyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant