I

1.9K 103 114
                                    


Avoir des sentiments plus qu'amicaux envers son meilleur ami est assez compliqué. Le voir sortir avec des filles, l'entendre me parler de ses conquêtes, l'admirer sans pouvoir l'embrasser...

Cela commence à me dépasser. Je cache ces putains de choses depuis plus de trois ans, et il ne remarque rien, personne ne sait même que je suis gay. Enfin, à part mon frère.

Le fait qu'il soit très – très, très – tactile, rajoute une couche à mon malaise.

De toute évidence, il faut que ces sentiments cessent. Il n'est pas amoureux de moi, je le sais très bien, donc pour éviter d'avoir le cœur brisé, j'ai tenté des milliers de fois d'oublier ce que je ressens, en sortant avec des garçons, voire même des filles, en faisant de nouvelles rencontres, peut-être que mon âme-sœur est quelque part dans notre université ?

Mais ça n'a rien donné, je n'ai que lui dans ma tête.

— Jaël, tu fous quoi ? me crie Maël d'en bas.

Maël est mon frère jumeau. Enfin... à moitié, on va dire. Disons que nous sommes les mêmes... pour un aveugle. La même voix, les mêmes idées, les mêmes sentiments... Pourtant, physiquement nous ne nous ressemblons pas du tout. Il a plus de dix centimètres de plus que moi – ce qui est extrêmement agaçant –, ses yeux sont bleus, contrairement aux miens qui sont gris. Ses cheveux noirs et lisses, qui lui arrivent aux épaules ne ressemblent pas du tout aux miens, qui sont bruns bouclés et plutôt court. Puis la forme de notre visage n'est pas la même. La seule ressemblance serait notre nez.

La porte de ma chambre s'ouvre à la volée, et je vois mon frère entrer.

— Bon, je dis ça je dis rien mais on a cours dans dix minutes.

— Pas envie.

Il souffle, puis se rapproche de moi pour s'asseoir sur mon lit, à quelques centimètres de là où je suis allongé.

— Allez, tu ne vas pas rater ton année parce que tu ne veux pas le voir. Donc bouge.

Sur cette phrase il se relève directement pour rejoindre nos amis en bas.

De temps en temps, il se prend pour mon grand frère, seulement parce qu'il est né quelques minutes avant moi, et aussi peut-être parce qu'il est plus grand.

Je décide quand même de descendre, récupérant mon sac de cours au passage.

Sauf que, dans le couloir je percute quelqu'un.

— Putain.

Ah.

C'est Noam. Mon putain de meilleur ami ultra canon.

— T'es déjà prêt ? Oh merde. Tu veux bien m'attendre ? J'ai zappé que le week-end était terminé.

Sa main vient gratter son crâne un peu honteusement, et je hoche la tête.

— Mercii ! s'exclame-t-il en repartant côté opposé du couloir.

Un rire sort de ma bouche, il peut être gamin des fois. Mais j'aime tellement lorsqu'il est comme ça.

Une fois en bas, je suis pris d'un sursaut, puis je souffle. Des dizaines de garçons marchent dans tous les sens. Cela va faire quelques mois que je vis dans cette fraternité, mais j'oublie toujours que pleins de personnes vivent avec moi.

Le pire dans tout ça, c'est qu'un tiers de ces personnes ne vit même pas ici ! C'est juste que chacun ramène ses amis, et cela m'énerve tellement.

Un quart d'heure plus tard, Noam descend enfin et nous rejoignons notre université.

ȫȫȫ

Les cours sont terminés depuis deux heures maintenant, et je suis allongé dans mon lit, devant mon ordinateur en regardant une série. Je n'ai pas mangé, n'ayant pas faim.

Just a dreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant