Just a dream

VII

Trois jours se sont écoulés depuis mon altercation avec Noam. Il ne m'a plus autant approché, j'ai aperçu quelques regards mais rien de plus. Peut-être était-ce réellement qu'un test ? Pour voir si j'étais réceptif à ses approches ?

Le samedi, je le passais avec mon ancien meilleur ami, Ethan et mon frère. Alors qu'aujourd'hui, je le passe seul, dans ma chambre, sur le rebord de ma fenêtre, contemplant cette pluie tombant du ciel, écoutant ce bruit qu'elle fait lorsqu'elle entre en contact avec le sol. Maël passe la plupart de son temps avec notre ami, étant donné qu'il a remarqué qu'il est très fragile, et que cette situation entre Noam et moi le touche presque plus qu'à nous-même. Ethan est très sensible à ces choses.

Puis, Noam ne voudrait jamais rester avec moi, et cela est réciproque. Si nous passions notre journée ensemble, ce serait plus que gênant.

Les pieds dans le vide, je regarde les passants sortir de leurs voitures pour se précipiter sous un toit. Quelques-uns jurent en sentant les gouttes sur leurs fronts, d'autres n'y font pas attention. Certains même me lance des regards curieux, se demandant sûrement ce que je fous ici, en survêt' sur le rebord de ma fenêtre alors qu'il fait froid, et que plusieurs personnes feraient tout pour être au chaud en ce moment.

Pour dire vrai, je fuis. Je fuis les garçons car rien n'est plus pareil depuis que j'ai dit que je suis gay. Cela fait maintenant une semaine qu'ils le sachent, et je remarque qu'ils n'ont plus le même comportement. Peut-être ont-ils remarqué que je ne suis jamais de bonne humeur ? Qu'ils ont compris que Noam était contre ? Cependant, un peu de soutien ne me ferait pas de mal, loin de là.

Certes, mon frère est là, et il le sera toujours, je le sais. Mais des fois, cela ne suffit pas. Je sais très bien qu'il tient à moi comme je tiens à lui, tout le monde le sait, mais je voudrai savoir si d'autres personnes tiennent à moi, si cela intéresse quelqu'un que je sois mal ou pas. J'aime toutes les personnes vivant sous ce toit, je tiens à chacune d'elles, et même si je ne le montre jamais, ils le savent tous. Sauf que je ne sais pas s'ils tiennent à moi.

Comme si quelqu'un avait entendu mes pensées, la porte de ma chambre s'ouvre mais je ne me retourne pas pour regarder cette personne. Mais celle-ci s'installe à côté de moi et place une couverture autour de mes épaules. Puis la voix d'Enes retentit dans la pièce :

— Je viens de terminer les cours puis en rentrant je t'ai vu ici, donc j'ai décidé de te ramener ça.

Un sourire se forme dans mon cerveau, mais il ne veut pas prendre place sur mes lèvres.

C'est une blague ?

— Merci.

Plus aucun mot ne sort de nos bouches pendant cinq longues minutes. Ses doigts se triturent entre eux nerveusement, et ses dents mordent sa lèvre inférieure.

Enes est un très beau garçon, je dois l'avouer. Des cheveux bruns bouclés prennent place sur sa tête, puis ses grands yeux bleus sont magnifiquement magnifiques. Son visage est constamment couvert d'un air angélique – peut-être parce que c'est ce qu'il est : un ange.

— Je... En vrai je ne sais pas quoi te dire. Mais sache que je suis là pour toi, si t'as besoin de parler ou quoi... Mais...

— Merci, je le coupe.

Il me sourit timidement.

— Comment tu vas ? Non, ne me dis pas que ça va parce que je ne te croirai pas, me lance-t-il avant même que je n'aie pu dire un mot. Je veux dire... Qu'est-ce qui ne va pas, puisque tout le monde ici a remarqué que tu n'allais pas bien.