Just a dream

III

Cinq jours. Cinq putains de jours que Noam m'évite un maximum.

Les seuls moments où je le croise, il quitte la pièce précipitamment. Ou bien, il me lance un regard tellement noir que je n'ose l'approcher pour m'expliquer.

Mais m'expliquer à quoi... Lui dire que je suis in love de lui depuis trois ans ?

N'empêche, aujourd'hui nous sommes samedi, et je vais annoncer à tous les garçons que je suis gay. J'ai extrêmement peur de leur réaction... Surtout de celle d'Ethan – sans compter Noam –, j'ai peur qu'il m'en veuille que je lui ai caché ça durant toutes ces années...

Inspire.

Expire.

Inhale.

Exhale.

Mes yeux fixent le plafond de ma chambre. Ce qu'ils font souvent en ce moment. Je dois le connaître par cœur, maintenant.

Le sommeil ne voulant pas venir, il doit être dans les quatre heures du matin. Les insomnies sont de plus en plus présentes... Cette semaine, je ne dois pas avoir dormi plus de trois heures en tout.

Lentement, je ferme mes yeux. Il ne faut pas que je pense à mon coming out. Non. Il ne faut pas que je pense à ça.

Ne pense pas à ça.
Ne pense pas à ça.

La dernière fois que j'ai voulu le faire... Non. Ne pense pas à ce jour.

Une larme solitaire roule le long de ma joue. Fais chier.

Comme si quelqu'un avait entendu mon appel à l'aide, ma porte s'ouvre, mais je n'ouvre pas les yeux pour voir qui cela peut bien être. En réalité, je m'en contre fiche. Tout ce que je veux, c'est mon frère.

Ou Noam si possible...

— Hey, Jaël...

Maël.

En entendant la voix si douce de mon jumeau, je me mets à pleurer. C'est la première fois que je sanglote depuis... ça.

Je le sens s'installer près de moi, puis prendre ma tête pour la poser sur ses genoux. Sauf que je me relève pour le prendre dans mes bras, posant ma face sur son épaule... Celle-ci est d'ailleurs très vite trempée à cause de l'eau qui sort de mes yeux régulièrement.

Ces quelques mots doux que j'entends sortir de sa bouche ne me font rien. Même si j'aime cela, ça ne suffit pas.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je renifle, avant de m'éloigner de lui, m'asseyant en tailleur pour admirer mes mains.

Enfin, je ne sais pas trop si c'est admirer... Elles sont horribles, mes mains.

— Non, tes mains sont très bien.

Mes yeux se relèvent. Comment ?

— On n'est pas jumeaux pour rien.

Je souffle. C'est ça...

— J-je... J'ai peur.

Instinctivement, il comprend ce que je veux dire. Il comprend pourquoi j'ai peur, et de quoi.

— Jaja... Il n'y a pas de raisons valables pour qu'ils réagissent comme eux. Puis, ils ont bien réagi pour moi.

J'acquiesce.

— Je sais...

Réellement, je ne sais pas pourquoi je flippe autant. Au fond de moi, je le sais très bien qu'ils vont m'accepter comme je suis. Mais une partie de moi-même ne peut s'empêcher de se dire que comme c'est moi, ils vont me jeter dehors. Après tout, je ne suis rien. Mes parents... Mon meilleur pote m'a lâché du jour au lendemain pour une connerie, à qui le tour ?