Au détour de la rivière

15 6 0
                                    

Kahone

L'avion s'est posé en Amérique depuis deux heures. Le taxi m'emmène de plus en plus profond dans la forêt. Ces arbres vont bien finir par arrêter de pousser, non ? Le taxi s'arrête, mais je ne vois pas l'ombre d'un village. Je sors de la voiture, le chauffeur me sors mes deux valises, mes deux sacs de voyages et mon sac à main. Il ferme son coffre. Il me dit :

- Vous marchez tout droit pendant quinze minutes, vous arriverez près d'une rivière, vous la remontez pendant dix minutes et vous arriverez au village.

Il s'apprête à remonter dans sa voiture :

- Mais...vous ne m'accompagner pas ?

- Bien sûr que non. Je n'ai pas de famille là-bas.

Puis il rentre dans son taxi et fait demi-tour. Je suis seule à présent. Je vais devoir m'enfoncer dans une forêt remplie de bestiole et de moustique, pour rejoindre une famille que je ne connais pas et dormir dans une vulgaire tente. Moi qui ai toujours profité des hôtels cinq étoiles. Rien que de passer une après-midi dans un parc ou la campagne m'horripile, mais alors un mois entier ! Mes parents sont devenus fous !! Je commence à marcher. J'ai beaucoup de mal à avancer mes affaires m'encombrent. Au bout d'un moment, je m'arrête essoufflée. Je suis sûre que ça fait quinze minutes que je marche mais pas la moindre trace de rivière. Je regarde ma montre. QUOI ? Ça ne fait que cinq minutes ? Je me retourne, je vois encore la route où le chauffeur m'a déposé.

- Aaaarrrggh !

Je lâche toutes mes affaires et je m'assois sur un rocher. Je place mon visage dans mes mains pour m'empêcher de pleurer. Je vais jamais y arriver. J'entends soudain du bruit. Je relève la tête, un raton-laveur est entrain de partir avec une de mes valises et un autre, fouille dans l'un des sacs de voyage. Je hurle à la mort.Les ratons-laveurs prennent peur et s'enfuient avec ma valise. Je me lève, je récupère mon sac et ma valise que ces bêtes affreuses n'ont pas touchés, puis je m'en vais le plus vite possible.

Après dix minutes de marche rapide, j'arrive presque en courant à la rivière. Je suis si fatiguée que je lâche littéralement mes affaires. Mais dans la précipitation, ma valise tombe dans la rivière et s'en va au loin. Impossible de la récupérer. Je n'ai plus qu'un sac de voyage. Je me retourne pour le prendre et je me retrouve  en face d'un colibri à cinq centimètres de mon visage. Je crie, trébuche et je tombe aussi dans la rivière. Heureusement le courant n'est pas assez fort pour m'emporter, mais je suis trempée. Je sors de l'eau, je prends mon sac et je commence à remonter la rivière. J'en ai marre, je veux rentrer chez moi. Comme l'a dit le taxi-man, au bout de dix minutes, au détour de la rivière, j'aperçois le village avec leurs tipis. Je me dépêche d'y aller. J'y suis presque ! Je fais de grands geste ! Ils me voient ! Je ne fais pas attention où je marche tellement je suis heureuse d'être enfin arrivée. Je trébuche, puis je tombe...dans une flaque de boue. Mes habits sont fichus ainsi que mon sac de voyage. Le dernier !

- AAAAAAARRRGGH ! CETTE FORET EST UN VÉRITABLE ENFER !!!!!!

Le chef du village, mon grand-père, arrive et m'aide à me lever. Il m'emmène dans un tipi et ma grand-mère me donne des habits de la tribus. Je sens que ce mois va être le plus long de ma vie.

Contre les apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant