Croisement sensationnel

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Allée de la vie

La mousse
Il est par ci, il est par là, il est partout le manteau mousseux. La mousse est verte, la mousse est vivante, la mousse est une enveloppe humide et douce dans laquelle il est si bon de se ressourcer. Sa fraîcheur explosive, sa luxuriance confortable habillent les allées de chaleur. Qu'elle est belle cette mousse colorée !

Le moineau qui s'envole
Tout petit, tout chétif, un passereau surgit. Cet acrobate aux ailes minuscules apparaît et disparaît au gré des vents et de ses envies. L'oiseau délicat au plumage brun et beige se pose et s'accroche de ses petites pattes sur une branche à la cime d'un arbre. Il se tourne, se retourne, se détourne, il tournicote et puis s'envole. Libre comme l'air, il virevolte dans le ciel gris.

La fleur en plastique
La fleur végétale envie la fleur plastique. Son fushia attire le regard sans jamais se dégrader. Entre rose et violette, l'éclat de son teint est visible toute l'année. Déposée avec amour ou avec amitié, la fleur en plastique décore les portes des petites maisonnettes alignées.

Les pavés
Là où l'on marche, là où l'on court, là où l'on rit, ces petits cailloux, par ci par là cuivrés, invitent à la promenade. Tous différents et désordonnés, les pavés de l'allée semblent alignés. Droits, durs et fiers, ils trônent sur le sol d'un gris franc au reflet ensoleillé. Ils sont lisses, ils sont doux et un peu bosselés, et leurs coins arrondis donnent à chacun sa singularité.

La voiture
Le ronronnement du moteur d'une Volkswagen claire surgit dans le centre de l'allée. Calme, sereine, tel le pas tranquille d'un promeneur des pavés, elle roule radieusement dans ces jardins particuliers. Un feu orange s'affole, les oiseaux s'envolent, les cailloux craquent sur le sol : la voiture grise a tourné.

Le chant des oiseaux
L'apaisante mélodie des oiseaux du quartier égaye le cœur des passants. Courts ou longs, fluides ou saccadés, parfois aigus, ces bruits harmonieux s'entremêlent et forment une cacophonie envoûtante pour celui qui sait l'écouter. Les cris des invisibles volatiles cachés sont tel un spectacle, une musique innée. Le chant des oiseaux est l'une des plus belles sérénades.

Avenue de la mort

La tombe des Delinois
Sur les portes rouillées et les murs noircis, l'araignée a tissé sa toile. Tel le temps, elle est passée et a laissé sa trace auprès des Delinois et de leur vierge en pierre pâle. Ce vieux caveau dans lequel elle est enterrée, rempli de poussière et de planches de bois cassées, tombe en lambeaux et des morceaux de pierre se détachent peu à peu de la maison éternelle de la famille décédée.

Le froid
Dans le froid glacial de l'hiver, toutes les mains sont rouges et gelées. Aucun vent ne vient troubler ni le silence de mort qui s'est installé entre les tombes, ni l'austérité immobile des visages fermés. Le froid du temps est semblable à celui des corps morts reposant depuis très longtemps qui, tels des membres frigorifiés, restent figés.

Les arbres sans feuille
Les arbres qui bordent les chemins sont tous de feuilles dénués. Leur troncs minces et bruns s'élancent dans les hauteurs éternelles et leurs branches nues referment ce monde où les morts sont allés. Alignés sur les côtés des allées, ils restent droits, stricts. Ancrés dans la terre depuis bien des années, ils contemplent le reste des corps morts du bout de leurs racines.

Le ciel voilé
Un voile s'est posé sur le ciel. Gris, pâle, froid, il renferme les morts dans leurs mondes de pierres. Comme immobile et éternel, il semble ne jamais devoir bouger, toujours rester immuable, passer le temps et les saisons sans s'éclaircir, prisonnier du ciel nuageux qui surplombe le lieu. Tout semble triste, terne et ennuyeux.

La fleur séchée
Avec le temps, la fleur séchée est décédée. Sa tête est courbée, ses pétales sont tombés. Elle a perdu son éclat, elle a perdu sa couleur, il ne lui reste maintenant plus qu'une infecte odeur. Pâle, fade, elle est posée à jamais entre les décors de fer forgé rouillé de la porte d'un vieux caveau sale.

Les cris des corbeaux
De même que la mort, ils sont habillés de noir, d'un plumage lugubre. Désagréables aux oreilles de tous, leurs croassements accroissent la peur qui plane. Le son des messagers des ténèbres annoncent le mauvais augure qui maudira tous ceux qui l'écoutent. Le cri strident des corbeaux accompagne les funérailles.

Peindre la vie en versOù les histoires vivent. Découvrez maintenant